Contrairement à l’apparence de quiétude, trompeuse, donnée par les bilans quotidiens de l’épidémie de Covid-19, le risque sanitaire reste d’actualité. La vigilance doit être maintenue face au retour en force de la grippe saisonnière, a averti le directeur général de l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA), le Pr Fawzi Derrar, qui intervenait ce vendredi sur les ondes de la radio locale de la wilaya de Sétif. Il n’a pas lésiné sur les arguments pour convaincre les Algériens de se faire vacciner contre cette grippe qui est « la plus violente depuis cinq ans », affirme-t-il. Elle affectera une grande partie de la population algérienne à cause de la baisse de l’immunité collective due au passage de la pandémie de la Covid-19 et de la baisse du nombre des personnes vaccinées contre la grippe.
Le Pr. Fawzi Derrar prévoit que le pourcentage des maladies respiratoires sera de 15 % des affections enregistrées, entre le mois d’octobre et le mois de novembre. Il estime que ce taux pourrait monter jusqu’à 95 % en début d’année prochaine. Le pic des contaminations à la grippe saisonnière, serait atteint durant la période entre les mois de décembre et janvier. Face à ce risque, estime le DG de l’IPA, la campagne de vaccination doit toucher 75 % de toutes les tranches de la population pour consolider l’immunité collective. Il insiste sur l’importance de la vaccination du personnel de santé, spécialement le corps médical et paramédical, quotidiennement en contact direct avec les patients, afin d’éviter toute transmission du virus aux malades, notamment ceux hospitalisés. Depuis une semaine, la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière a commencé, à travers les différents établissements hospitaliers et de santé de proximité, ainsi que les officines privées, après l’acquisition de 2,5 millions de doses par l’Institut Pasteur, dont 1,5 million de doses ont été distribuées sur tout le territoire national. Le Pr. Fawzi Derrar estime suffisante la quantité du vaccin pour assurer une campagne de vaccination réussie. À condition, faut-il ajouter, que l’ensemble des personnes concernées soit impliqué et suive de près le déroulement de cette campagne de vaccination. Il s’agit d’éviter les tracas habituels liés à l’inégale distribution du vaccin entre les différentes régions du pays, et parfois sa non disponibilité dans des pharmacies dans les grandes agglomérations, ce qui pousse les gens à se déplacer sur de longues distances ici et là pour pouvoir se faire vacciner contre la grippe, sachant que la prévention reste la meilleure solution. L’IPA met en garde particulièrement, pour cette saison hivernale, les personnes vulnérables et les personnes souffrant des maladies chroniques face à la dangerosité véhiculée par la vague de la grippe saisonnière.
Pour sa part, lors d’une conférence animée au siège du ministère de la Santé, à l’occasion du lancement de la campagne de vaccination, le directeur général de la prévention et de la promotion de la santé au ministère, Dr. Djamel Fourar, a averti également que la grippe saisonnière pourrait être plus grave cette année par rapport aux années précédentes, de par son taux de prévalence et l’expérience de certains pays actuellement en hiver, d’où l’impératif, a-t-il dit, de « vacciner le plus grand nombre possible de citoyens, d’autant que le vaccin est disponible et a été distribué aux établissements hospitaliers, aux centres de santé de proximité et aux officines privées ». Quant à la situation épidémiologique liée au coronavirus, c’est le DG de l’IPA qui fait observer que l’Algérie continue d’enregistrer de nouveaux cas quotidiennement. Le virus n’est pas totalement vaincu. Il faut se tenir prêt à toute éventualité au cas où le nombre de cas se mettrait à augmenter. Dans le même cadre, le Pr. Fawzi Derrar n’a pas manqué d’attirer l’attention sur un autre «virus», le VRS (virus respiratoire syncytial) diagnostiqué chez les enfants en bas âge. Ce virus, qui infecte surtout les poumons et les voies respiratoires, circule actuellement en Algérie et se propagera avec force en parallèle au virus de la grippe, selon le DG de l’IPA.
M’hamed Rebah
