L a pandémie de Covid-19 a poussé les Algériens à découvrir mieux le e-paiement et y recourir plus souvent pour régler leurs factures d’électricité, eau, téléphone, … au lieu d’y aller physiquement comme ça se passait auparavant. Algérie Télécom confirme que dans la période « vers la fin mars et juin 2020, un changement de comportement est constaté : le taux des consommateurs qui règlent leurs factures à distance, ou même, qui font des achats en ligne, a augmenté ». La crise de coronavirus a bénéficié à l’e-paiement. « Les gens se sont tournés vers ce nouveau moyen de payement pour éviter de se déplacer aux agences commerciales de craintes d’être contaminés. Cela en plus du fait que des sociétés comme la Sonelgaz et Algérie Télécom ont réduit leurs effectifs au niveau de leurs agences, notamment les femmes », a expliqué hier Sofiane Lounissi, directeur exécutif à Algérie Télécom, chargé du marketing, lors du Forum : « Les réseaux télécom et le payement électronique ». De façon générale, les longues files d’attentes devant les bureaux de poste et autres agences ont fini par décourager beaucoup d’Algé- riens à s’y déplacer physiquement, et accéléré leur passage à l’e-commerce. « Malgré ses dégâts sur l’économie, la crise de coronavirus a eu quand-même un côté positif : c’est un facteur qui a poussé les gens à aller s’informer sur l’e-paiement et leur a donné l’occasion de découvrir ce moyen moderne de payement », a indiqué le responsable d’Algé- rie télécom. Et puis l’entreprise publique de téléphonie fixe a stimulé cette nouvelle tendance : « Pour encourager nos abonnés à ne pas faire le déplacement vers nos agences pendant cette période de Covid-19, on a essayé de les séduire via des bonus sur toute opération de paiement en ligne. C’est-à-dire, en se déplaçant physiquement à l’agence, le client devrait payer tous les services qu’il désire, mais en payant à distance, il bénéficiera de bonus et de prolongement de jours d’abonnement supplémentaires allant jusqu’à 6 jours. Ces avantages sont toujours en vigueur actuellement malgré que la situation sanitaire s’est améliorée », a fait savoir Sofiane Lounissi. Sur la nature de ces consommateurs qui ont changé leurs habitudes en cette période de confinement, Sofiane Lounissi a pointé une étude mondiale sur l’analyse des comportements d’achat des consommateurs durant la période de confinement. Cette étude montre que ce sont les générations Y (personnes nées entre 1980 et 2000) et Z (personnes nées à partir de l’an 2000) qui utilisent plus que jamais le e-paiement, pour un taux, respectivement, de 70/80 % et 80/90 %. « En Algérie, à titre d’exemple, pour les factures téléphoniques, on trouve que les propriétaires plus âgés payent leurs factures avec l’ancienne méthode. Mais les jeunes propriétaires payent désormais de plus en plus à distance. Donc, on compte beaucoup sur cette future génération pour voir généraliser ce nouveau procédé de payement », a illustré le responsable d’AT. Il insiste sur une démarche graduelle pour la généralisation de l’e-paiement. « Même au niveau mondial, ce n’est pas venu d’un seul coup. Il y a des pays beaucoup plus inté- ressés par cette méthode de paiement que d’autres. Les pays nordiques en Europe sont les leaders. En Asie, on trouve en pôle position la Corée de sud et le Japon, et récemment la Chine. Dans ces pays, les gens font vraiment confiance à leurs fournisseurs d’accès de technologies utilisées de e-paiement et ne se posent pas de questions », a-t-il fait observer. Les jeunes d’aujourd’hui entre 20 et 30 ans sont la catégorie destinée à rebondir rapidement dans l’utilisation du e-paiement du fait de leur maîtrise d’internet et des nouvelles technologies, mais les plus âgés – qui sont réputés plus réticents – s’y intéressent quand-même même si à un degré moindre. Pour ces derniers, AT compte surtout sur la sensibilisation, surtout que les personnes restent préoccupées par les problèmes de sécurité dans l’e-paiement. « Dans le monde, quand on classe les raisons pour lesquelles les gens n’utilisent pas le e-paiement, ils évoquent toujours la partie sécurité : ils craignent les vols de données, le manque d’argent dans les comptes bancaires, des magouilles, … il faut rassurer les gens. Au niveau d’AT, il y a toute une mécanique de sécurité, des pratiques mondialement adoptées », s’est défendu le responsable d’AT. Pour encourager la transition vers l’e-paiement, Algérie Télécom a lancé une vaste campagne de sensibilisation. « Quand des clients jeunes viennent à nos agences pour régler leurs factures, on les sensibilise au fait qu’il est plus confortable pour eux de payer à partir de chez soi. C’est notre objectif à AT. On a 500 agences en Algérie. Quand on regarde le nombre d’abonnés qu’on a, on se dit : “bon ! quand-même, on ne va pas ouvrir 500 autres agences !” Ça coûte beaucoup d’argent d’ouvrir une boutique avec l’ensemble de ses effectifs. On veut que tout ce qui est transaction et se paye par facture soit effectué à distance », a plaidé Sofiane Lounissi. « Au niveau de l’agence, on est des conseillers clients. C’est-à- dire les clients viennent uniquement pour s’interroger sur nos offres ou acheter des services, mais le payement, il est préfé- rable qu’il soit à distance, à savoir via sa carte de paiement, chez lui, en ligne », a-t-il ajouté.
Hamid Mecheri