C’est devenu pratiquement une des coutumes, ces derniers jours. Les affaires judiciaires relatives à la corruption se multiplient. En effet, le tribunal criminel d’Alger traite, aujourd’hui, l’une des affaires les plus scabreuses que la justice algérienne n’ait jamais eues à traiter. Il s’agit de l’affaire de l’autoroute Est-Ouest. En tout, ce sont 16 personnes, en majorité des fonctionnaires du ministère des Travaux publics et de consortiums étrangers, poursuivis pour corruption qui comparaissent aujourd’hui dans cette affaire. Reportée, en mars dernier, pour absence des avocats du principal accusé, Chani Medjdoub, l’affaire revient aujourd’hui sur le devant de la scène juridique. Un gros pavé, très médiatisé, que la justice algérienne va juger, quelques jours après le report de l’autre scandale économique, à savoir l’affaire Sonatrach-1. Le calendrier des affaires criminelles du tribunal d’Alger est, donc, riche de ces scandales économiques qui font jaser les Algériens. Pour rappel, le président du tribunal criminel d’Alger avait décidé de reporter ce procès, lors de la dernière session criminelle (2014), pour absence des avocats du principal accusé dans cette affaire, Chani Medjdoub. L’affaire a été reprogrammée pour la session criminelle 2015 par le même tribunal. Medjdoub, qui a accumulé un grand passé criminel, doit désormais répondre aux chefs d’inculpation.
Durant le procès tenu fin mars à la Cour d’Alger, qui n’a duré que quelques heures, Medjdoub Chani, sur lequel pèsent les chefs d’inculpation de constitution d’association de malfaiteurs, trafic d’influence, corruption, blanchiment d’argent et dilapidation de deniers publics, avait refusé que le tribunal lui désigne un avocat commis d’office, car ses défenseurs n’ont pu se présenter à l’audience. Suite à ce report, les autorités ont exaucé aux vœux de l’accusé, d’être représenté par un avocat français de renom, en l’occurrence William Bourdon.
Ce dernier sera présent aujourd’hui à Alger pour le défendre. Contrairement à ce qui a pu être dit par-ci par-là, l’absence à l’audience de l’avocat français n’a pas été la conséquence d’un refus des autorités judiciaires de lui délivrer un visa, mais de simples lenteurs administratives. Rappelons, entre autres, qu’à la même audience de mars dernier, la défense des entreprises étrangères impliquées dans cette affaire a estimé que le parquet doit prononcer »l’extinction des poursuites judiciaires », car l’accusation n’a désigné aucune personne morale ou physique représentant ces entreprises. De surcroît, l’audience avait été émaillée d’une bataille procédurière sur la validité ou non de la participation à ce procès du Trésor public, en tant que partie civile. Après délibération, le président du tribunal a estimé que cette demande est « prématurée » dans la conduite du procès, et »doit être présentée au début de l’action civile, qui commence à la fin de l’action publique ». Le scandale avait éclaté en 2009, lorsque la justice avait été saisie d’un dossier du dénommé Chani Medjdoub, travaillant pour le consortium chinois Citic-CRCC, alors engagé dans la construction de l’autoroute Est-Ouest. Sur ce registre, il convient de préciser que cette affaire se distingue du fait qu’elle concerne le chantier le plus cher du continent. En gros, le projet porte sur la réalisation de plus de 1 216 km d’autoroute, pour un montant global initial de 7 milliards de dollars. Ce montant avait été réévalué à la hausse, en 2011, à plus de 11 milliards de dollars. Fin novembre 2014, l’actuel ministre des Travaux publics, Abdelkader Kadi, l’a évalué à plus de13 milliards de dollars. Enfin, une chose est sûre, l’affaire n’a pas encore dévoilé tous ses secrets.
Lamia Boufassa