Contrairement aux pays occidentaux qui s’intéressent à l’Afrique sur le plan purement géopolitique, les efforts de l’Algérie sont concentrés sur le développement du continent africain. C’est ainsi que le président Abdelmadjid Tebboune a défini la politique africaine de l’Algérie.
Le premier pas a consisté à retrouver sa place en Afrique, revenir au sein de sa grande famille en Afrique, un continent où sa présence était auparavant formelle et non effective, a expliqué le président Tebboune dans son entrevue périodique avec des représentants de médias nationaux coïncidant avec la Journée mondiale de la liberté de la presse, diffusée samedi soir sur les chaînes de télévision et stations de radio nationales. Tous les efforts du pays étaient orientés, lors de la dernière décennie, vers l’outre-mer, a-t-il fait remarquer. La volonté de l’Algérie d’assumer sa vocation africaine- troisième puissance économique et deuxième puissance militaire du continent- a été concrétisée par la décision d’injecter un montant d’un milliard de dollars dans le budget de l’Agence algérienne de Coopération internationale pour la solidarité et le développement, créée pour « le développement et la fraternité » en Afrique. L’Agence se charge du financement de plusieurs projets dans le continent, particulièrement dans l’éducation, la santé et l’eau. « L’annonce de la création de l’Agence, faite en Éthiopie il y a deux ans, devant les dirigeants africains a été chaudement accueillie par l’assistance, car connaissant les bonnes intentions de l’Algérie », a-t-il rappelé. La mission de l’Agence : « contribuer à résorber la pauvreté et lutter contre la soif et le manque d’infrastructures de soins et d’évacuation des eaux », a-t-il précisé. Dans un mois, des projets de développement dans les pays africains vont commencer au Mali et au Niger, a fait savoir le président Tebboune. Dans la ville de Kidal au Mali, il s’agit de la réalisation d’un dispensaire et d’une école, ainsi que le forage d’un puits pour assurer un approvisionnement en eau potable. Au Niger, c’est un programme pour concrétiser des projets de réalisation d’un lycée et de parachèvement de la réalisation d’une mosquée, à la demande de la population locale. Ces précisions ont été données par le président Tebboune qui a indiqué avoir nommé, il y a une semaine, un nouveau directeur de l’Agence. De tels projets constitueront une opportunité pour les médecins algériens de se déployer en Afrique plutôt que de se diriger vers l’Europe, a-t-il soutenu. Le président Tebboune a également affirmé la volonté de l’Algérie, rappelant les efforts consentis par les autorités, au cours des dernières années, pour l’ouverture d’une ligne maritime pour le transport de marchandises avec Nouakchott et d’une ligne maritime vers Dakar puis vers la Côte d’Ivoire. Il sera procédé, dans deux à trois mois, à l’ouverture de la première banque algérienne à Dakar au Sénégal, a annoncé le président Tebboune qui a mis en avant « les atouts dont dispose l’économie algérienne pour accéder au marché africain ».
M’hamed Rebah
La question palestinienne au centre des préoccupations
Vocation africaine, mais également responsabilité de l’Algérie dans le monde arabe. À quelques jours de la tenue du sommet de la Ligue arabe, prévu le 19 mai à Ryadh en Arabie saoudite, le président Tebboune a évoqué, dans son entrevue périodique avec des représentants de médias nationaux, la question palestinienne, qualifiée de question centrale pour l’Algérie. Le président de la République a estimé inadmissible le fait que personne n’ai réagi à l’attaque perpétrée contre les lieux saints dans la mosquée Al-Aqsa, exposée à la profanation par les soldats de l’occupation sioniste. La désunion arabe devrait se transformer en force, c’est le vœu formé par le chef de l’État. « Il existe un ordre mondial qui s’impose au faible avant le puissant », a-t-il ajouté. Il souhaite voir un « changement de la vision arabe » et « le resserrement du rang arabe pour devenir une puissance et un système arabe tel que je l’ai mentionné lors de la réunion de la Ligue arabe ». « Nous devrions être les premiers à croire en notre force », a-t-il dit. Cette conviction du président Tebboune repose sur des faits réels, qu’il ne manque pas d’expliciter. Il fait constater que la population du monde arabe dépasse les 350 millions d’habitants, c’est-à-dire à hauteur de la population de la Russie ou des États-Unis, et qu’en termes d’atouts et de richesses, le tiers de la richesse mondiale se trouve dans le monde arabe et les pauvres du monde arabe devraient être les premiers à bénéficier de la richesse et des aides.
M. R.