Le destin d’une femme mariée peut basculer à tout moment, si jamais elle se retrouve un jour répudiée par son époux, ou divorcée pour une raison ou une autre. Si la femme divorcée est sans enfants, le problème en soi peut être gérable, ce qui lui éviterait sans aucun doute cette profonde angoisse d’élever, désormais seule, ses enfants.
Dans l’absolu, elle prendra son mal en patience, et s’appuiera dans la majorité des cas sur le soutien de sa famille, en attendant qu’un jour ou l’autre elle pourra remonter la pente, vivre et se reconstruire à nouveau. Mais ce qui est encore plus désastreux, c’est qu’il existe parmi ces femmes -et elles sont nombreuses malheureusement-, qui ont un ou plusieurs enfants à leur charge, et trop souvent en bas âge, et dès que le divorce est prononcé c’est la galère, une sorte de piège qui se referme sur elles. Car une fois le lien du mariage rompu par une décision du juge, ces femmes se retrouvent le plus souvent sans logement, et restent à la merci des affres de la rue, lorsqu’elles ne trouvent pas refuge chez leurs familles. De ce fait, la détresse demeure aussi grande pour ces femmes qui ne travaillent pas et qui doivent subvenir aux besoins immédiats de leurs progénitures. Même si dans la majorité des cas, ces ex-époux se contentent d’envoyer le pécule de la pension alimentaire, ce qui, en soi, est loin de satisfaire tous les besoins de l’enfant, ces messieurs se refont une nouvelle vie avec d’autres femmes, qui vont peut-être leur donner d’autres enfants, ce qui va compliquer encore plus la situation de ces enfants, victimes de la bêtise des adultes, et le cercle se referme, alors, sur ces femmes qui doivent se plier en quatre pour les éduquer, les scolariser, les habiller, et les nourrir. Dans ce lot de femmes, vivant seules avec leurs enfants, il y en a heureusement celles qui travaillent, qui ont un emploi et par conséquent elles peuvent s’adapter à leurs nouvelles situations, qu’elles assument avec courage, malgré le regard porté sur elles par une société grincheuse et impitoyable. Même si cela reste une tragédie pour cette catégorie de femmes, se retrouvant du jour au lendemain sans toit, avec un ou plusieurs enfants sur les bras, certaines d’entre elles, que nous avons rencontrées, nous ont déclaré qu’elles ont fui le «fardeau» familial qui pèse sur leur existence (travaux ménagers à outrances, disputes fréquentes avec les frères et sœurs), ont préféré quitter le logis parental pour louer des logements malgré leur cherté, juste pour avoir la paix, nous ont-elles confié, parce que la femme divorcée qui retourne chez ses parents est perçue d’une certaine manière «persona no grata», et elle devient, à leurs yeux, un être non désirable et de surcroît si elle retourne au bercail avec des enfants, donc, «tout plaide contre elle», ont-elles ajouté. Aujourd’hui, ces femmes divorcées malgré les aléas de la vie de tous les jours et le drame qu’elles endurent au plus profond de leurs âmes, elles ont repris progressivement confiance à la vie, elles ont osé vivre sans le poumon artificiel de l’homme, elles s’assument courageusement, et affichent leur détermination à rester dignes et fières dans une société critiqueuse à souhait, en se consacrant corps et âme à leurs enfants. Rien que pour leur sacrifice pour leurs enfants qui sont aussi victimes potentielles de ces désunions, ces mères doivent aussi recueillir un certain respect et de la considération de la part de tous. Car, en définitive, chaque divorce formulé équivaut à une dislocation tous azimuts de toute une famille, et ce sont les enfants et leurs mères, dans la majorité des cas, qui subissent les conséquences désastreuses de cet écroulement familial. Cela dit, les hautes autorités du pays ont pris acte de ce phénomène inquiétant et rampant, et le président de la République lors de la célébration de la Journée internationale de la femme (8-Mars) a instruit le gouvernement pour l’installation d’une commission ad hoc pour réviser le Code de la famille, et particulièrement les articles se rapportant au divorce. D’où l’équation, comment protéger la famille algérienne de la dislocation, du moment que le nombre des cas de divorce va crescendo sans possibilité de le réduire, à moins que des garde-fous soient instaurés pour que le recours au divorce ne soit pas systématique.
Mâalem Abdelyakine