Saisissant la portée du comportement agressif, l’un contre l’autre, des cadres responsables de son parti, Amar Ghoul s’est empressé de prendre des mesures, notamment par crainte de voir sa formation subir une hémorragie, voire une crise politique.
Au lendemain, en effet des tensions générées par les propos «irrespectueux» du vice-président de l’Assemblée populaire nationale, Ahmed Salah Latifi, cadre au parti du TAJ, à l’adresse de Kamel Abazi, président du groupe parlementaire de la formation d’Amar Ghoul, celui-ci a convoqué une réunion pour trancher sur la question. Qualifiés par Abazi de propos «racistes, irrespectueux et agressifs» tenus à son encontre, le député du Taj a déposé plainte contre Ahmed Salah Latifi et formulé une demande auprès du Bureau du président de l’APN, pour que celui-ci procède à la levée de l’immunité parlementaire du député en question. Outre cette procédure au niveau de l’institution parlementaire, Amar Ghoul a convoqué une réunion de haut niveau de son parti, pour trancher sur le cas d’Ahmed Salah Latifi, qui ne semble pas être une tâche facile pour le patron de Taj. Rappelons que les deux hommes, Ghoul et Latifi, ont claqué à la même période la porte du parti de feu Mahfoud Nahnah pour la création du Taj que préside Amar Ghoul. La décision prise ce week-end de l’exclusion de Latifi des rangs du parti et qualifiée de «pertinente et de responsable» par les membres du parti d’Amar Ghoul, suffira-t-elle à prémunir Taj d’éventuelles secousses politiques ? D’autant plus que la dynamique politique en cours, continue, depuis le scrutin présidentiel du 17 avril, à générer les décantations sur la scène politique. Outre les consultations en cours d’Ouyahia sur la révision du projet de Constitution, la position de l’opposition de ne pas y prendre part et son acheminement à tenir, mardi prochain, sa conférence nationale de transition, pèsent sur le cours de la vie politique. Le parti Taj fait face depuis mardi, jour des tensions survenues entre ses deux membres et de surcroît des parlementaires, ne sont-t-elles pas le signe d’un malaise au sein du parti, voire la goutte qui révèle les divergences de fond, tues au regard des échéances passées, notamment la Présidentielle ? Le vice-président de l’APN, Latifi, qui affiche une sérénité, ne semble pas être inquiété par la demande précitée, formulée par Kamel Abazi auprès du bureau du président de l’APN, Ould Khelifa, contribuera-t-il à précipiter l’hémorragie au sein de Taj? Laquelle hémorragie, si elle venait à se traduire, aura des conséquences certes sur le Taj, mais aussi sur le MSP. Celui-ci étant au centre des rivalités liant Makri, l’actuel patron du MSP à son prédécesseur à ce poste, Abouguerra Soltani, le parti a dernièrement fait face à ce dilemme difficile. Au moment où le MPS a décliné l’invitation d’Ouyahia, Abouguerra Soltani invité en tant que personnalité nationale a tardé à trancher sur la question.
Un temps qui n’a pas été facile à gérer par Makri, soulagé au bout du compte par la décision de Soltani convergente avec celle de son parti. Ce qui n’est pas pour mettre un terme à cette rivalité qui, selon certains observateurs, laisse entrevoir une éventuelle formation d’un parti politique par Soltani, conséquence des décantations sur le plan interne du parti, et notamment sur la scène politique en général. Éventualité qu’il y a lieu de le noter n’est pas ignorée au sein même de la formation de Taj, qui peut-être bon nombre de ses membres seront tentés de vivre une autre aventure politique ailleurs, voire même chez le parti de Menasra, un ex-cadre au MSP… Les jours à venir apporteront certainement des informations et des indices sur ces questions.
Karima Bennour