Oser « exhiber » de jeunes écervelés, fiers de mettre en avant de libidineux fantasmes, sur fond d’amour éternel pour la France, relève d’une manipulation éhontée qui, de plus, dessert fortement le « hirak », ce qu’il en reste du moins.
RSF et ses correspondants locaux en ont sans doute rêvé. La Cinquième chaîne de télévision française, elle, l’a fait. Elle a, toute honte bue, osé ramener un quelconque « bicot », sans talent, anonyme et prêt à tout pour se faire voir, et servir ses maîtres du moment, pour nous concocter, à la hâte, un reportage biaisé, truffé de mensonges et de contre-vérités, dont le but suprême semble avoir été de démontrer que les jeunes « hirakistes » ne seraient mus que par leur volonté de ressembler à l’ancien colonisateur, de vivre comme lui, et de l’imiter dans tous ses faits et gestes. Approche limitée. Risible et ridicule. De quoi dénaturer et porter gravement atteinte à un « hirak » que Paris, très maladroitement, a tenté de manipuler à défaut de pouvoir le récupérer. Pathétique a été l’attitude de ces jeunes pour qui la bravade ultime a été de parler d’alcool et de sexe, comme si la liberté, la vraie, se limitait à cela. « Algérie, mon amour », le nouveau film documentaire diffusé dans la soirée de mardi 26 mai sur France 5, a provoqué un tollé en Algérie. L’approche du réalisateur Mustapha Kessous, qui consistait à réduire la révolte populaire à sa seule dimension socioculturelle, est perçue par une grande partie des internautes, comme une « diversion » qui ignore les motivations profondes du Hirak algérien. En effet, le réalisateur français d’origine algérienne, Mustapha Kessous a préféré consacrer son « œuvre » à la dimension purement sociétale du Hirak. Ignorant par la même, les motivations profondes de la jeunesse qui est au cœur de la révolte populaire. Étant dit que les frustrations et les désillusions de la jeunesse algérienne étouffée par les tabous socioculturels soient parmi les raisons qui ont poussé les Algériens à la révolte. Pour de nombreux internautes algériens, ce long métrage aurait pu être diffusé dans un cadre purement social pour parler des frustrations de la jeunesse à vivre sa liberté. Sans prétendre toutefois, raconter une année du Hirak véhiculaire des revendications politiques légitimes porteuses d’une immense vague d’espoir de tout un peuple. D’ailleurs les pro et les anti-hirak étaient unanimes pour dénoncer ce reportage de 70 mn qui offrait une image déformée ; voire malsaine de la jeunesse algérienne. Le choix du timing, avec l’approche du début du déconfinement, est loin d’être innocent non plus. Déconfinement peut en effet rimer avec possible reprise du hirak. Or, il semble bien que certains cercles, usant et abusant de la « soft power » des réseaux sociaux, des médias et de certaines ONG, ne veulent pas que le pays se reconstruise après avoir été mis en panne pendant près d’une dizaine d’années. Or, pour enrayer cette nouvelle dynamique, rien de tel que de (re)convoquer le hirak, tout en essayant de le modeler à l’image des fantasmes que continuent de nourrir ceux qui n’ont jamais accepté de renoncer à leur « paradis perdu », cette belle, rebelle et indicible Algérie…
Ali Oussi
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