Une mission d’enquête a été chargée vendredi par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies d’identifier les responsables des violations présumées du droit international à El-Fasher, au Soudan, afin qu’ils soient traduits en justice.
A l’issue d’une session extraordinaire du principal organe de l’ONU chargé des droits humains, convoquée d’urgence pour examiner « la situation des droits de l’homme » dans cette ville, le Conseil a adopté une résolution ordonnant à la mission indépendante d’établissement des faits de l’ONU sur le Soudan de mener l’enquête. La mission a été chargée de recenser les violations du droit international commises par toutes les parties à El-Fasher, théâtre de nombreuses exactions ces dernières semaines, mais aussi d' »identifier, lorsque cela est possible », les auteurs présumés afin de garantir qu’ils « répondent de leurs actes » devant la justice. En ouverture de cette session réclamée par le Royaume-Uni, conjointement avec l’Allemagne, l’Irlande, les Pays-Bas et la Norvège, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Volker Türk a dénoncé l’inaction de la communauté internationale et prévenu les auteurs d’exactions qu’ils devraient rendre des comptes. « Des traces de sang au sol à El-Fasher ont été photographiées depuis l’espace », a rappelé Türk, estimant que « la tache sur le bilan de la communauté internationale était moins visible, mais non moins destructrice ». « Mes équipes rassemblent des preuves de violations qui pourraient être utilisées dans le cadre de poursuites judiciaires (…) La Cour pénale internationale a indiqué qu’elle suivait la situation de près », a-t-il affirmé. L’ONU estime que près de 100.000 personnes ont fui El-Fasher ces deux dernières semaines, beaucoup se réfugiant à Tawila, à une cinquantaine de kilomètres plus à l’ouest.
Les atrocités des FSR sont « brutales et inhumaines »
Le chef des opérations humanitaires de l’ONU,Tom Fletcher, a qualifié les atrocités des FSR à El Fasher, de » brutales et d’inhumaines », mettant en avant l’urgence d’autoriser l’acheminement de l’aide humanitaire et la protection des civils et des travailleurs humanitaires. « C’est une guerre véritablement brutale et inhumaine, et nous devons être présents auprès des survivants Nous devons pouvoir acheminer notre aide vitale », a déclaré Fetcher depuis Port-Soudan, où il est en déplacement. Il a ajouté que « l’ONU n’est pas un navire qui reste à quai. Nous devons être présents aux côtés des populations que nous sommes venus servir ».
Il est temps pour la communauté internationale d’agir
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a qualifié les atrocités commises par les FSR contre les civils dans la ville soudanaise d’El-Facher, de « tache » sur le bilan de la communauté internationale, soulignant qu' »il est temps pour la communauté internationale d’agir ». M. Türk, qui s’exprimait vendredi matin à l’ouverture d’une session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme convoquée d’urgence pour examiner « la situation des droits de l’homme » à El-Facher, a également prévenu les auteurs d’exaction qu’ils étaient sous surveillance. « Mes équipes rassemblent des preuves de violations qui pourraient être utilisées dans le cadre de poursuites judiciaires… (et) la Cour pénale internationale a indiqué qu’elle suivait la situation de près », a déclaré Volker Türk, ajoutant: « tous ceux qui sont impliqués dans ce conflit doivent le savoir: nous vous surveillons et justice sera faite ». A cet égard, M. Türk a souligné que » la communauté internationale a le devoir d’agir. Il y a eu (…) trop peu d’actions concrètes. Elle doit s’élever contre ces atrocités (…) et déployer des efforts concertés pour que tous ceux qui sont responsables de violations (…) dans ce conflit rendent des comptes ». Après 18 mois de siège, les FSR, en conflit avec l’armée gouvernementale depuis avril 2023, ont pris le contrôle le 26 octobre de cette ville du Darfour, une région de l’ouest du Soudan déjà ensanglantée dans les années 2000. Ces combats ont fait des milliers de morts, forcé le déplacement de 12 millions de personnes et plongé le pays dans la plus grande crise humanitaire au monde, selon l’ONU.
La famine risque de s’étendre à 20 nouvelles zones d’ici la fin de l’hiver
Le Programme alimentaire mondial (PAM) alerte sur le niveau élevé d’insécurité alimentaire aiguë qui touche près de la moitié de la population au Soudan, affirmant que la famine risque de s’étendre à 20 nouvelles zones d’ici la fin de l’hiver. Alors que le Soudan est dans sa troisième année de conflit armé, le PAM précise que « plus de 21 millions de personnes, soit un peu moins de la moitié de la population est touchée par la famine ». Selon le Programme alimentaire, « des conditions de famine, soit le niveau le plus haut d’insécurité alimentaire, sont désormais observées à El Fasher et à Kadugli ». Cependant, l’organisation onusienne note que l’urgence alimentaire a « légèrement diminué à l’échelle du pays, passant de 50% de la population en 2024 à 45% aujourd’hui, soit une diminution de 3,4 millions de personnes ». Mais le PAM prévoit une augmentation de la famine dès février 2026, en raison de la baisse anticipée des stocks alimentaires et la poursuite des combats. « Vingt zones supplémentaires du Darfour et du Kordofan seraient alors touchées par la famine, y compris dans les localités rurales et les camps de déplacés », a-t-il averti. Pire encore, les zones frappées de famine sont les plus difficiles à atteindre pour les équipes humanitaires. Outre les questions d’accès, l’agence onusienne fait face à des ruptures d’approvisionnement imminentes en raison de l’absence de financements.
Elle demande 600 millions de dollars supplémentaires pour endiguer la propagation de la famine. En effet, « la famine a été confirmée à El Fasher et à Kadugli, deux lieux coupés de toute aide », a déclaré jeudi Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU.
R. I.











































