La Libye a exprimé, à son tour, son opposition au plan des pays de l’Union européenne, visant la création de plateformes de débarquement» hors de l’UE pour les migrants secourus en mer méditerranée ou ceux en provenance des pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, les pays pourvoyeurs de la migration irrégulière. C’est ce qu’a réaffirmé le chef du gouvernement libyen d’union nationale (GNA), Fayez al-Serraj, vendredi dernier, dans un entretien au quotidien allemand Blid, déclarant que «nous sommes absolument contre le fait que l’Europe veuille tout à fait officiellement installer chez nous les migrants illégaux dont on ne veut pas dans l’UE ».
Fin juin dernier, les États membres de l’UE, ont pu dépasser leurs divergences sur la question de l’accueil des migrants par la conclusion d’un accord dans lequel ils affirment vouloir promouvoir un plan pour que les côtes méditerranéennes de l’espace européen ne soient plus le point de chute des migrants ayant réussi la traversée de la mort. Les leaders de l’UE se sont entendus en effet, sur la création de ce qu’ils appellent « les plateformes de débarquement » hors de l’Union européenne, en Libye, à titre d’exemple, des migrants venant des pays du Sahel et des pays de la Cedeao, pour se rendre en Europe. Pour des membres de la société civile des pays de l’Afrique du Nord et des pays pourvoyeurs de l’immigration irrégulière, celle-ci étant d’abord une situation de détresse humaine, et d’absence de perspectives, dans leurs pays respectifs, l’UE se dirigent, sur fond de son approche du tout sécuritaire pour le traitement de ce flux migratoire, «vers la création de camps de détention des migrants, s’ils venaient à être implantés, ça sera des centres d’esclavagisme des temps modernes» alerte la société civile de pays africains. L’UE élaborera des listes de ceux et celles qui pourront décrocher le carton vert, pour aller en Europe, sur la base d’un tri qui s’effectuera sur la base des besoins ressentis pour booster la machine économique des pays de l’UE et à moindre coût. Nul n’ignore que l’approche des pays de l’UE vise l’immigration choisie et que des centaines de ces migrants africains, sont détenteurs de diplômes et d’études supérieures, dont la plupart périssent en cours de route, engloutis par la mer ou abandonnés, à leur sort, par les réseaux mafieux des passeurs en connexion, avec les groupes terroristes, comme l’attestent de nombreux rapports locaux et internationaux. Pour le chef de l’exécutif libyen, il est très étonné, a-t-il déclaré de voir «qu’en Europe plus personne ne veuille accueillir de migrants, mais qu’on nous demande d’en accueillir des centaines de milliers ici », a-t-il précisé. Et pour lever toute mauvaise compréhension de la posture libyenne, sur l’implantation des centres de détentions des migrants, en Libye, il souligne que Tripoli « ne fera pas non plus de ‘deals’ avec l’UE en prenant en charge des migrants illégaux en échange d’argent » a-t-il ajouté, lors de cet interview avec Blid, réalisé à Tunis. Appelant à faire «pression sur les pays dont les migrants sont originaires» notamment en matière d’amélioration des conditions de vie et de lutte contre les réseaux des passeurs, Fayez El-Serraj dira à l’adresse des responsables de l’UE, que ces derniers «devront faire des pressions» sur les pays pourvoyeurs de ce flux migratoire» et non pas sur la Libye, où les passeurs ont mis en place leur juteux trafic» profitant de la situation chaotique dans laquelle le pays a été plongé, faut-il le rappeler, depuis plus de sept ans. Il est à noter que le marché européen de la sécurité aux frontières pèse plus de 15 milliards d’euros, pour atteindre d’ici 2022, les 29 milliards, a affirmé l’ONG Transnational Institute dans son rapport d’avril dernier, intitulé «Border Wars : ndlr Guerres des frontières.» Des moyens et du matériel connu pour être exclusivement destinés au secteur militaire, Radars, véhicules tout-terrain, quads, drones, systèmes de contrôle électroniques, depuis 2008, ces hautes technologies militaires sont passées dans le secteur civil, en Europe comme également aux États-Unis. Pour l’Europe, les frontières étant donc devenues une priorité et ce regain d’intérêt a été suivi d’un afflux d’argent, notamment depuis 2004, et l’UE a consacré aux programmes de la sécurisation de ses frontières, 4,5 milliards d’euros à dépenser avant 2020.
Serraj appelle à une position internationale décisive et déplore « l’ingérence négative de certaines parties» sans les désigner
La Libye est «un pays qui est en déclin et le statu quo n’est plus tenable», a prévenu le représentant spécial du secrétaire général pour ce pays, Ghassan Salamé, lors d’une réunion par visioconférence avec le Conseil de sécurité lundi. Déclarant que la crise qui a secoué dernièrement la région dite du Croissant pétrolier n’a été, a-t-il averti « que l’aperçu de ce qui pourrait advenir si des progrès tangibles ne sont pas enregistrés» Salamé a fait savoir que «les Libyens s’impatientent de pouvoir enfin se débarrasser de leur «patchwork» d’institutions, conseillant les membres du Conseil à «se montrer unis», il a insisté, sur la nécessité d’exercicer des pressions sur les dirigeants libyens pour que «sans plus tarder, ils adoptent la loi sur le référendum constitutionnel et la loi électorale» a-t-il précisé. De son côté, le chef du gouvernement libyen d’union nationale (GNA) Fayez al-Sarraj a appelé, vendredi, la communauté internationale à une «position ferme, décisive et unie » qui permettra de mettre fin aux divisions et divergences politiques marquant la scène libyenne, lesquelles sont le frein principal au retour de ce pays à la vie politico-institutionnelle, condition essentielle pour que les libyens sortent du chaos dans lequel ils ont été plongés, depuis 2011, laquelle situation a profité aux groupes terroristes et les réseaux mafieux, de trafic d’armes, de drogue et des migrants.
Déplorant «l’ingérence négative de certaines parties» sans citer lesquelles. Pour l’émissaire de l’Onu pour la Libye, en 2014, ils étaient 600 000 libyens, à se rendre aux urnes alors que pour les prochaines élections, «un million d’électeurs sont déjà inscrits» a-t-il fait savoir, mais, a-t-il alerté, «ceux qui soutiennent le statu quo ont les moyens de compromettre les élections.» a affirmé Salamé. Poursuivant devant le Conseil de sécurité, il leur dira que «sans les bonnes conditions, il serait inopportun d’organiser les élections», invitant les membres du CS à envoyer un message «fort et clair» à ces individus, sinon les conditions ne seront pas réunies, pour la tenue des élections, en Libye.
Karima Bennour