Éviter de se poser trop de questions inutiles sur la qualité du jeu à développer même si tout le monde s’accorde à dire qu’avec son effectif, le «Club Algérie», qui voit, dès ce soir, la pression monter de plusieurs crans, a les moyens de séduire en sortant de grands matches. En alliant l’art à la manière. Jouer pour … gagner est le seul leitmotiv dans cette partie d’entrée de compétition qui risque de tourner au match piège devant une inconnue kenyane qu’il ne faudra surtout pas sous-estimer si l’on veut assurer une suite de tournoi tranquille avant de passer à la réalisation des objectifs tracés. On verra donc un peu plus clair aujourd’hui.
Par Azouaou Aghiles
Sans pression aucune, vraiment ?
Révolution tranquille oblige (on parle ici, on l’aura deviné, des marches populaires enclenchées par la rue depuis le 22 février de l’année en cours), on entamera cet avant-papier par la déclaration-promesse d’un des maîtres à jouer du onze national, Yacine Brahimi, qui annonce la couleur quant à l’envie des «Verts», qui disent ne craindre personne, d’en découdre et montrer, dès ce soir, qu’ils n’ont pas fait le déplacement pour du beurre. Le désormais ex- star du FC Porto (c’est pratiquement acté sauf renversement de situation qu’on dit improbable), optimiste comme jamais à l’instar du reste de ses camarades qui croient dur comme fer (c’est bon signe) qu’ils ont leur mot à dire dans cette édition, a des pensées, un joli clin d’œil, pour les fans «au plus fort des événements que connaît le pays» depuis maintenant 18 vendredis de suite. En assurant que «le groupe a plus à cœur de réaliser un grand tournoi.» Est-ce à dire qu’ils ont, la confiance maintenant retrouvée après les deux tests amicaux disputés respectivement contre le Burundi et le Mali avec une équipe alternant le très bon et le moins bon, les moyens de se mêler aux favoris pour une fois qu’ils ne se présentent pas avec ce costume si difficile à porter (ça peut aider, n’est-ce pas, à évacuer la pression et développer ainsi leur meilleur football) et «aller le plus loin possible», dixit toujours Brahimi qui suggère, à demi-mot, «une victoire finale». Et, pourquoi pas, comme souhaité par tout un peuple et on le prend au mot, «remporter la CAN» qui serait «quelque chose d’immense» quand bien même le staff technique, comme les joueurs, ont «conscience de la difficulté de la mission» qui les attend. Des difficultés à la pelle au moment où le joueur, s’assumant et reprenant fidèlement à son compte les convictions de ses coéquipiers en sélection, souligne (comprendre qu’ils en veulent et possèdent les moyens de le faire en offrant, par exemple, cet immense cadeau à leur peuple, et en veulent pour preuve, entre autres, la bonne préparation précédant le voyage pour Le Caire) qu’«on ne peut pas se cacher» en allant au charbon avec l’intention d’arriver au bout. De vraies batailles où il va, ajoutera-t-il, «falloir se surpasser, puiser dans nos ressources.» Avec la précision, et c’est de bon augure, que «c’est ce qu’on est prêts à faire» le jour «J». Et aujourd’hui (dimanche soir), pour leur entrée en matière, face à «une très bonne équipe du Kenya», il faudra être, reprennent en chœur les joueurs, conscients du dur morceau dont ils héritent en guise de plat de résistance, «il faudra répondre présents (…) Un match très important (…). Bien commencer la compétition nous donnera un surplus de confiance, nous boostera et nous mettra dans une très bonne situation pour la suite du parcours, en essayant de donner du plaisir à notre peuple, bien représenter notre pays.» Le reste, tout le reste, (l’avenir des joueurs dans un mercato européen qui s’annonce plus que chaud, et encore moins la concurrence, l’adversité, voire les conditions climatiques avec des pics de chaleur et d’humidité culminant à des niveaux difficilement gérables) «ne compte pas» pour le groupe qui n’oublie pas pour autant ces trois premiers et tellement précieux points qu’il faudra aller arracher à un onze kenyan n’ayant rien à perdre. Qui, nuance, ne se laissera pas faire ni contrer facilement.
L’Égypte est passée par là
Et l’avertissement lancé par le Zimbabwe, qui est tombé les armes à la main, sur un infime détail après une farouche résistance imposée au pays hôte en match inaugural est à prendre au sérieux. Une Égypte portée par 100 000 poitrines mais qui aura longtemps douté avant de réaliser l’essentiel, se suffire d’un petit but qui comptera, néanmoins, au mental. Après avoir souffert, dans des conditions presque similaires face au Burundi en amical (nul 1-1) avant de repasser un autre test autrement plus sérieux, cette fois, face à de coriaces maliens contre lesquels ils souqueront dur avant de l’emporter (3-2) non sans avoir couru à chaque fois derrière le score tout en montrant de l’envie, de la solidarité et du caractère. En réagissant bien dans les temps forts de l’adversaire. En agissant au lieu de réagir ce qui, pour Belmadi, est un signe fort que son équipe a du répondant et est prête au combat. Contre un Kenya qu’on présente de modeste (attention à la marche, à ne sous-estimer sous aucun prétexte sous peine de désillusion et les joueurs répondent, à qui veut les entendre, qu’ils ont du respect, mais sans trop, pour cet adversaire qu’ils se refusent de prendre de haut) et après le révélateur malien toutefois loin de constituer un match référence. Sauf, peut-être, pour le bel allant affiché et cette personnalité tous risques augurant d’un meilleur équilibre collectif après le mini couac, fut-il préparatoire et heureusement sans conséquences, face à des Burundais du même niveau que ce Kenya qui se présentera, dès 21 heures algériennes, sur la pelouse du stade des «Forces aériennes» du Caire avec la ferme intention de frapper un grand coup. Du moins fausser les calculs de «Verts» qui savent ce qui les attend et avec quels arguments technico-tactiques ils devront composer pour éviter de mauvaises surprises dans une poule «C» où les cartes sont loin d’être distribuées à l’avance. Face à un vis-à-vis devant se présenter sans pression aucune, Feghouli et consorts, plutôt séduisants face à des «Aigles» maliens dans le doute, savent à l’avance que ce sera à eux de faire le jeu et doivent, d’entrée, entrer dans le vif du sujet. Sans trop se poser de questions sur le calibre de l’adversaire. En mettant le rythme qu’il faut. En jouant juste et bien devant, les attaquants étant priés de faire preuve de plus de réalisme (en plus des trois réalisations contre le Mali, et c’est le grand regret de Belmadi ce jour-là, les Bounedjah, Belaïli et autres Delort, Mahrez, voire Brahimi auraient pu et dû donner au score des proportions autrement plus en rapport avec la domination exercée lors de cette sortie) au moment de conclure alors que les défenseurs, coupables de quelques absences sur certaines actions adverses, ont fait preuve de déconcentration dans le dernier geste (un penalty offert sur une faute évitable, et un but sur balle arrêtée avec un corner mal apprécié) et donné du fil à retordre au dernier rempart, M’Bolhi, qui a toutes les raisons de demander un plus de solidité. Bien meilleurs donc que lors de ces ultimes répétitions générales, nos attaquants (trop de bien ne nuit pas et Belmadi peut se féliciter de posséder bien des solutions pour composer sa ligne d’attaque et espérer un meilleur rendement) et défenseurs (pourvu qu’ils aient tiré les enseignements forts utiles de ces mêmes sorties) ont les moyens de sortir le match parfait, rendre une bonne copie même s’il s’agira (le Zimbabwe, en faisant souffrir le grandissime favori égyptien, devant son public, a bien fait de le souligner) d’un adversaire kenyan certes modeste et sans réelle carte de visite mais qui risque de se montrer dur à manier.
Prudence mais pas trop
Avant d’aller entamer la dure ascension de la montagne africaine sur laquelle bien des prétentions sont venues s’échouer lamentablement, avec ce test du Kenya, Belmadi, tout en appelant à la prudence, a bien des raisons de se montrer optimiste après la relative efficacité dont ont fait preuve ses attaquants (trois buts face au Mali, ce n’est jamais une sinécure et la note aurait même pu être plus salée et il faut remonter au match du Togo pour une telle réaction) a conscience, malgré bien des aspects positifs, que tout n’a pas, loin s’en faut, été parfait, l’entre-jeu, mi-figue mi-raisin, a plus ou moins bien réagi aux consignes alors que le compartiment défensif a manqué de concentration sur certaines occasions où la rigueur s’imposait. Des voyants au vert devant, du bon et du moins bon au milieu, et de petits «blancs» derrière. On retiendra cette faculté des «Fennecs» à revenir vite dans la partie (distancés par deux fois au score, ils rétabliront à chaque fois l’équilibre avant de l’emporter), signes palpables que l’on peut compter sur eux ce soir pour l’emporter. Sans trop s’arrêter sur la manière? Belmadi, qui a eu près d’une semaine pour établir les bilans et arrêter la marche à suivre, a dû, comme il avertira, «rectifier les choses» et alignera un onze au top. Un Belmadi bien prudent quand il déclarera, sans ambages, que «quand on regarde ce qui se passe autour de nous, avec les défaites du Maroc et de la Côte d’Ivoire, en amical, face à de supposées petites équipes, on remarque qu’il y a beaucoup de difficultés (ce sera tout aussi problématique face au Kenya, ndlr) à les battre (…). Le principal enseignement c’est qu’il n’existe plus sur le continent de petites équipes et ça je pense que tout le monde l’a compris.» Une grossière erreur à ne pas commettre. Ce qui fait dire à un élément d’expérience comme Feghouli, dont on connaît l’abattage et le courage sur le terrain, que l’essentiel, ce soir, est d‘ «évacuer tous ces paramètres, en pensant à réaliser la meilleure entame possible, le principal étant les trois points si l’on veut aborder les autres écueils avec de la sérénité et de la confiance.» L’Égypte, écrasée par une terrible pression, a dû, a été obligée, de beaucoup patienter avant de sortir du guêpier zimbabwéen, confirmant, par là, toute la difficulté des premiers matches. «El Khadra» est prévenue et n’a pas de questions à se poser. C’est ce qu’il faudra faire pour sortir indemne de ce groupe où finalement les choses ne paraissent pas aussi simples. «Important de débuter la compétition par un succès» rappellent les joueurs et Belmadi. Un Belmadi qui assène toutefois qu’«on est là pour remporter le trophée.» Merci coach de nous faire rêver… Il le fallait !
A. A.