L’Autorité nationale indépendante de régulation de l’audiovisuel (ANIRA) a, dans un communiqué rendu public hier, exprimé avec « une grande préoccupation et consternation » ce qu’elle appelle « la propagation de certaines pratiques médiatiques non professionnelles qui affectent la conscience citoyenne et frappent au cœur des efforts nationaux de lutte contre le charlatanisme, la sorcellerie et la promotion de la superstition. » L’ANIRA, tout en affirmant son devoir de protéger l’opinion publique de la désinformation, condamne fermement « ce dérapage professionnel d’Ennahar TV, Echourouk News TV et Al Hayat TV pour avoir présenté des programmes qui promeuvent des concepts scientifiquement non prouvés et des discours mythiques. » L’Autorité dirigée par Amar Bendjedda pointe du doigt « ces programmes qui instrumentalisent ouvertement la souffrance des populations et visent en réalité à augmenter l’audience, constituent non seulement un mépris de l’intelligence des citoyens, mais tombent également sous le coup de ce que punit la loi n° 23-20 portant réglementation de l’activité audiovisuelle, notamment son article 32 qui stipule la nécessité de respecter les règles professionnelles, l’éthique et la morale, ainsi que la nécessité de ne pas utiliser la religion à des fins contraires à l’exercice de l’activité audiovisuelle. » Face à ces dérives, l’ANIRA « met en garde toutes les institutions audiovisuelles contre cette tendance dangereuse, compte tenu de l’absence des conditions minimales d’une bonne préparation médiatique et de la fragilité des qualifications académiques et médiatiques de certains présentateurs, qui leur permettraient d’aborder des sujets de nature sociale sensible, tout en recevant des personnes auxquelles on attribue divers titres sans tenir compte de leur véritable crédibilité. »
Comme elle met aussi en garde contre « l’extrême danger du contenu de ces programmes, qui non seulement promeuvent de faux discours mais sèment également le doute et les accusations au sein de la famille algérienne et élèvent des générations avec des obsessions et des superstitions au lieu de développer l’esprit et la pensée critique et de renforcer une bonne compréhension de la religion. Cela laisse présager une déviation culturelle et éducative dont les conséquences ne doivent pas être sous-estimées. »
Enfin, l’ANIRA conclut en guise d’ultime avertissement que « le non-respect des dispositions du cahier des charges général et particulier relatif à l’activité audiovisuelle expose les chaînes de télévision à des sanctions administratives. »
R. N.
