Ça dépasse le cadre du simple fait divers et aujourd’hui il est bien établi que le Maroc, du moins le Makhzen et sa structure, sont un véritable centre d’approvisionnement de l’Europe en résine de cannabis, Haschich, produits opiacés et même de la cocaïne.
La vague de démantèlement de réseaux de narcotrafic est importante mais cela ne semble pas avoir d’impact sur les capacités de nuisance de la toile tissée par le Makhzen autour de l’Europe et le nord du bassin méditerranéen pour les noyer de drogue. Le site officiel du ministère de l’Intérieur espagnol a annoncé il y’a quelques jours que la police espagnole a démantelé à Marbella dans le sud de l’Espagne un réseau de trafic international de stupéfiants ayant des liens avec une organisation marocaine spécialisée dans le trafic de drogues et le crime organisé. Cinq membres de ce réseau proche de la Mocro Maffia ont été arrêtés sur le parking d’un centre commercial de Marbella alors qu’ils transféraient de la drogue dans une camionnette dans laquelle une cargaison de 759 paquets de cocaïne pesant 873 kilos ont été saisis, a précisé la même source ajoutant qu’un montant de plus, 5.690 euros en espèces, 12 téléphones portables (dont certains cryptés) et trois véhicules haut de gamme ont été également saisis. Les narcotrafiquants ont été présentés devant le juge compétent qui a ordonné leur placement en détention provisoire, a précisé la même source. Leur arrestation fait suite à une enquête qui a démarré en août 2024, en collaboration avec le bureau de la Drug Enforcement Administration (DEA) des États-Unis, selon la même source. Dans le même cadre, il faut rappeler que la Mocro maffia, est un vaste réseau de narcotrafiquants marocains dirigé par Ridouan Taghi, un ressortissant marocain installé aux Pays bas. Ce dernier, incarcéré, depuis 2019, dans une prison néerlandaise de haute sécurité, continue de diriger les réseaux encore actifs, en Belgique, aux Pays Bas et même en France et dans le sud de l’Espagne. Son nom est cité dans plusieurs affaires de meurtres et d’assassinats et des sources ont indiqué qu’il bénéficiait de l’appui de la DGED (services secrets marocains) auxquels il fournissait des fonds pour financer des opérations de corruption. Il leur fournissait même de fiers à bras et des barbouzes pour des expéditions punitives contre des militants de la région du Rif et du front Polisario. Les enquêteurs espagnols qui ont réalisé l’enquête soupçonnaient une organisation criminelle d’introduire de grandes quantités de cocaïne en Espagne depuis l’Equateur via le port d’Algésiras. Après une surveillance des activités du réseau, ils ont réussi à mettre la main sur une cargaison arrivée dans le port andalou en provenance de ce pays. Les investigations ont permis aussi d’identifier les personnes chargées de réceptionner la cargaison en Espagne et de découvrir qu’ils sont membres d’une organisation criminelle liée à la Mocro Maffia, très active à Malaga. La police a, en outre, émis trois mandats d’arrêt internationaux à l’encontre de certains membres de l’organisation criminelle, dont l’un de ses dirigeants, en charge la logistique opérationnelle. Cette opération a été menée avec le soutien d’EUROPOL et de l’Union européenne, selon la même source. Ces preuves ne font que confirmer les appréhensions des dirigeants espagnols qui se disent inquiets par l’ampleur du phénomène de trafic de drogue orchestré par des barons marocains ou ayant des liens solides avec la nébuleuse mise sur pied par le makhzen et qui avait frôlé l’effondrement, il y a deux ans quand le baron El Hadj Ahmed Ben Ibrahim, dit « le Malien », emprisonné au Maroc pour « trafic de drogue s’était mis à table pour livrer ceux qui appuyaient son action sur le terrain et ceux qui le faisaient chanter dont des responsables de l’administration locale, des présidents de la clubs marocains et même des officiers des FAR.
D’autres preuves fournies par la police colombienne
Le Maroc est souvent cité quand il s’agit de trafic de drogue vers l’Europe. En février dernier, des agents de la Garde civile espagnole avaient découvert un tunnel dans la zone industrielle de Tarajal à Ceuta, utilisé pour faire entrer de la drogue dans l’enclave espagnole. La police espagnole a même fait état de l’utilisation par les narcotrafiquants marocains de drones, de sous-marins, venus suppléer les Go fast qui assuraient, via la mer méditerranée, l’approvisionnement du marché européen en drogue.
Par ailleurs, le président colombien Gustavo Petro a salué « la chute » du baron de la drogue marocain Mounir Namoussi après son arrestation par les forces de sécurité en Colombie, soulignant qu’il s’agit d’un exemple de la multinationalisation de la mafia de la cocaïne, ont indiqué des médias. « Il existe aujourd’hui des cartels beaucoup plus puissants qu’à l’époque de Pablo Escobar », a indiqué le président colombien dans des déclarations à la presse, notant que le renforcement des organisations mafieuses montre l’échec des politiques traditionnelles d’interdiction de la drogue. Gustavo Petro a notamment appelé à « renforcer la coopération internationale et à revoir les politiques actuelles de lutte contre le trafic de drogue », soulignant que son gouvernement « continuera à coopérer avec d’autres pays sur les saisies de cocaïne, en se concentrant sur le trafic international, les grandes organisations mafieuses et le blanchiment d’argent ». À noter que Mounir Namoussi (41 ans), l’un des chefs les plus importants des réseaux de trafic de drogue entre l’Amérique latine et l’Europe, où il transportait environ 300 kilogrammes par semaine vers le port belge d’Anvers. Il a été arrêté la semaine dernière en Colombie dans le cadre d’une opération que les autorités du pays ont décrite comme une « réussite majeure en matière de sécurité », Namoussi étant chargé de faire le lien entre le cartel colombien Clan del Golfo et le cartel européen des Balkans qui est responsable d’une grande partie du trafic de cocaïne de l’Amérique du Sud vers l’Europe.
Les autorités belges cherchent à obtenir l’autorisation de la Colombie pour l’extradition de Mounir Namoussi, de nationalité belgo-marocaine, après son arrestation dans le cadre d’une enquête internationale sur un trafic de cocaïne. Le 1er mars, le chef de la police colombienne a annoncé l’arrestation de Namoussi, surnommé « Mo », et cinq jours plus tard, le ministère belge de la Justice a introduit une demande officielle d’extradition vers la Belgique. Namoussi risque une peine de sept ans de prison après avoir été condamné en 2021 dans une affaire liée au trafic de cocaïne. Il était recherché par Interpol, qui avait émis un mandat d’arrêt contre lui.
Slimane B.