L’approche de la diplomatie algérienne et ses principes fondateurs fondés sur la non-ingérence dans les affaires internes de pays souverains et de privilégier le dialogue et les solutions négociées, inclusives et consensuelles entre les belligérants pour un règlement définitif de la crise sont devenus aujourd’hui une référence mondiale même pour les pays d’Europe qui tiennent à s’imprégner de ce modèle hautement qualifié qui a fait et fait toujours ses preuves sur le terrain. C’est dans cette perspective d’ailleurs que s’est tenue dimanche une rencontre, à Alger, entre le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Amar Belani et la directrice du Centre finlandais de médiation pour la paix, Mme Katja Ahlfors pour examiner les voies et moyens permettant de renforcer la coopération entre l’Institut diplomatique et des relations internationales (IDRI) du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger et le Centre finlandais de médiation pour la paix dans divers domaines liés à la recherche et à la formation en matière de diplomatie et de médiation. Au cours de cette entrevue, Mme Ahlfors a exprimé « l’intérêt majeur de son institution de tirer profit de la grande expérience de la diplomatie algérienne dans le domaine de la médiation, l’ayant habilitée à jouer un rôle pionnier et reconnu en matière de règlement de nombreux conflits au double plan régional et international ». À l’occasion, les deux parties ont eu à examiner le contexte international actuel, marqué par une escalade constante des foyers de crises et de conflits dans le monde et le rythme effréné de polarisation entre les puissances mondiales et ont échangé également les points de vues sur « la vulnérabilité et le déséquilibre marquant la structure et le système de sécurité et de paix dans le monde », selon le communiqué du ministère, relevant par la même « l’importance de promouvoir la culture du dialogue et d’encourager les solutions pacifiques aux crises, notamment via des médiations efficaces qui puisent leur force et leur fiabilité d’un traitement transparent et de l’application totale et non sélective du droit international, loin du double standard, de tout calcul ou d’agendas nationaux étroits ». Depuis son indépendance, l’Algérie a toujours proposé sa médiation dans des conflits régionaux ou internationaux pour tenter de rapprocher les points de vue des uns et des autres tout en prenant le soin de ne pas privilégier telle ou telle partie pour gagner la confiance des belligérants. Cette conception de la pratique diplomatique lui a valu au fil des années, respect et de la reconnaissance, y compris au sein des grandes puissances. La diplomatie algérienne post-indépendante et son efficacité sont à la fois un prolongement naturel et un héritage soigneusement entretenu depuis 1962 légués par ceux qui, parmi les vaillants enfants de l’Algérie, dont le négociateur en chef de la délégation algérienne, Krim Belkacem, ont pris sur le dos la responsabilité de négocier l’indépendance de l’Algérie sanctionnée par les Accords d’Evian face une puissance coloniale rompue à la ruse et aux magouilles fruits d’une longue expérience et tradition diplomatiques.
Une expérience mondialement reconnue
En pleine crise entre les États-Unis d’Amérique et l’Iran après la prise d’otage de ressortissants américains par des étudiants iraniens en 1979, l’Algérie n’a ménagé aucun effort pour obtenir la libération saine et sauve des Américains. Et elle a réussi le pari que les USA en sont reconnaissants jusqu’au jour d’aujourd’hui. Elle a également puisé toute son énergie pour mettre fin à la guerre entre l’Iran et l’Irak deux pays voisins qui s’affrontaient militairement. C’est d’ailleurs en faisant la navette entre Bagdad et Téhéran pour obtenir un cessez-le-feu entre les belligérants de la guerre (1980-1988) que l’avion qui transportait alors le chef de la diplomatie algérienne, le talentueux, Mohamed Seddik Benyahia, a été abattu le 3 mai 1982 par un missile d’origine inconnue. Sans oublier son rôle dans la résolution de la crise opposant l’Ethiopie et l’Erythrée dans le cadre des accords d’Alger en 2000. Aujourd’hui encore, Alger, par le biais d’une diplomatie active s’emploie à poursuivre son petit bonhomme de chemin en s’impliquant dans la résolution des différents conflits africains (libyen, malien), ou ailleurs comme la réconciliation entre les Palestiniens entre autres. L’empreinte de la diplomatie algérienne dans la recherche de solutions de paix à travers le monde est palpable dans un rôle de facilitateur dans lequel le pays a toujours excellé. « Chaque fois que nous nous engageons dans une médiation, nous visons le même objectif : privilégier la solution négociée pour éloigner le spectre d’une guerre, parfois à notre détriment », a déclaré par le passé l’ex ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra lorsqu’il était en poste à la tête de la diplomatie algérienne. Toutes ces performances à mettre à l’actif de la diplomatie algérienne ont fait d’elle aujourd’hui un modèle à suivre ou du moins à examiner de plus que son encadrement est recruté parmi les diplômés de deux prestigieuses institutions : l’École nationale d’administration (ENA), relevant du ministère de l’Enseignement supérieur, et l’Institut diplomatique et des relations internationales (Idri), placé sous la tutelle des Affaires étrangères. Elle est associée à la gestion des dossiers les plus sensibles du moment. Dans sa philosophie diplomatique notamment dans la médiation, l’Algérie implique toutes les parties en conflits concernées sans aucune exclusion et ne cherche jamais à imposer une solution aux parties belliqueuses, mais à faciliter un dialogue entre elles avec le souci d’associer le plus de partenaires possible au processus. Comme dans le cas du Mali, l’Algérie est chef de file de la médiation mais elle travaille en coordination avec une équipe composée de plusieurs parties : la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), les Nations unies à travers la Minusma, l’UA, l’UE, l’Organisation de la coopération islamique (OCI), ainsi que le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. De même pour le cas Libyen ou l’Algérie est mandatée par les pays voisins, puis par l’UA et le Conseil de sécurité de l’ONU. L’invitation adressée par le haut représentant de l’Union pour la politique étrangère et de sécurité, Josep Borrell, à l’Algérie, lors de sa visite effectuée, il y a quelques jours dans le pays, à se joindre aux efforts internationaux pour arrêter la guerre entre la Russie et l’Ukraine en est la parfaite illustration de la compétence algérienne et témoin du grand intérêt que porte toute l’Europe pour la diplomatie algérienne.
Brahim O.