Après plusieurs jours de campagne électorale tambour battant, le candidat indépendant Abdelmadjid Tebboune est donné gagnant hier par les résultats des élections présidentielles du 12 décembre. Au soir de ce jour de triomphe, l’heureux élu s’est offert une première conférence de presse en tant que huitième président de la République. Au-delà des engagements pris sur papier et axés sur la révision de la Constitution, de la loi électorale et la poursuite de la lutte contre la corruption, le président Tebboune a été invité à s’exprimer sur le Mouvement populaire et citoyen qui est descendu hier encore dans la rue pour la 43e fois.
Conscient de l’énorme défi auquel il est confronté, le nouveau locataire d’El Mouradia s’est montré conciliant à l’endroit du Hirak qu’il invite sans détour à un dialogue sérieux. «Je m’adresse au Hirak, que j’ai qualifié, à plusieurs fois de béni, pour lui tendre ma main afin d’entamer un dialogue sérieux pour le bien de l’Algérie et seulement l’Algérie», a-t-il répondu à la question de savoir comment compte-t-il traiter avec le Mouvement du 22 février.
Quoique perçu d’emblée comme l’expression d’une volonté du nouveau Président de dénouer une crise qui aura duré plusieurs mois, il y a à s’interroger sur les mécanismes sur lesquels contera Tebboune à l’effet d’amorcer ce dialogue auquel le chef de l’État par intérim a eu maintes fois à inviter mais en vain. C’est-à-dire, inviter le Hirak à dégager ses propres représentants ? S’adresser à la classe politique et la société civile pour le faire représenter ? A présent, le successeur du président déchu Bouteflika ne voudrait pas montrer ses cartes, comme lorsqu’il a été invité à expliquer comment compte-t-il faire rapatrier l’argent du Trésor public détourné à/de l’étranger.
En se montrant l’homme de dialogue et conciliation, Tebboune le fait savoir dans son message de remerciements après son élection à la magistrature suprême.
En effet, il renvoie l’ascenseur aussi bien à ses propres électeurs, aux Algériens en général, qu’à ceux qui n’ont pas voté ou rejeté l’élection présidentielle. Enfin, à l’adresse de la jeunesse, le nouveau Président s’engage à former un gouvernement dans lequel figureront des ministres dont l’âge ne dépassera pas les 27 ans.
Farid Guellil