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La guerre de libération nationale : Une thématique importante du cinéma algérien

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La glorieuse révolution de novembre a toujours constitué une source d’inspiration intarissable pour la production cinématographique algérienne qui avait proposé dès les premières années du recouvrement de l’indépendance des films à la gloire de la Guerre de libération et de ses acteurs afin d’en sauvegarder la mémoire et la transmettre aux générations futures.

La première génération de cinéastes algériens, qui avaient vécu la guerre de libération, ont tenu à documenter et immortaliser la condition des Algériens et les affres de la colonisation pour montrer au monde les atrocitée subies par le peuple et son combat héroïque à travers des œuvres comme « Yasmina » de Djamel Chanderli et Mohamed Lakhdar Hamina ou « L’Algérie en flammes » de René Vautier et son équipe, et qui constituent les premiers balbutiements du cinéma algérien. Le journaliste et critique de cinéma Nabil Hadji estime que le cinéma algérien, ainsi que la télévision, se sont « très vite intéressés à la guerre de libération en produisant des films documentaires gravés dans la mémoire du public ». Il considère que les premiers cinéastes se sont intéressés à cette période pour restituer leurs vécus pendant la période coloniale et ce qu’il ont vu et vécu de la guerre ». De même pour les acteurs, le critique estime que ces derniers ont également « brillé à l’écran pour leur profonde connaissance du thème abordé » dans ces films qui ont été tournés dans les conditions d’époques sans grandes reconstitutions, et en noir et blanc pour en garder la crédibilité en citant les exemples de « La bataille d’Alger » de Gilo Pontecorvo, « Patrouille vers l’est » de Ammar Laskri, ou encore « La voie » de Mohamed Slim Riad. Nabil Hadji relève, par ailleurs, le grand rôle des salles de cinéma qui ont assuré un grand rôle dans la promotion et la diffusion de ces oeuvres dans toutes les villes du pays en plus du rôle de la télévision nationale. Il souligne cependant une différence d’approche dans les films historiques entre des productions dédiées à la guerre et à une période historique et d’autres plus récentes qui s’intéressent aux parcours de personnalités historiques comme les films « Zabana! », « Krim Belkacem » ou encore « Fadhma N’Soumer », des œuvres qui restent peu nombreuses, selon lui, pour les mauvaises conditions de production cinématographiques. Abordant le traitement cinématographique du 1er novembre 1954, date du déclenchement de la guerre de libération, l’universitaire et critique cinématographique Ahmed Bedjaoui, estime qu’il existe « très peu d’évocation de la journée du 1er novembre » dans les films algériens réalisés après l’indépendance. Selon lui, pour la plupart des productions l’action « se déroulent au coeur de la lutte armée sans réellement en expliquer les causes et les origines ». Il évoque cependant l’exception du film « Noua » (1972) de Abdelaziz Tolbi qui décrit la vie dans un village rural et les conditions atroces dans lesquelles la population algérienne vivait et qui se termine sur la première balle tirée un premier novembre. Il estime d’ailleurs que la RTA a produit les films les plus probants, réalisés par Lamine Merbah (Les spoliateurs), Moussa Haddad (Les enfants de Novembre), Mustapha Badie (La Nuit a peur du Soleil), Benamar Bakhti (Le combattant) ou encore Mohamed Hazourli (Alam), pour ne citer que cela, des films dont les petits budgets imposaient d’aller à l’essentiel. Abordant les films de fiction historiques, Ahmed Bedjaoui dira qu’il a fallu attendre « Chronique des années de Braise » de Mohammed Lakhdar-Hamina pour voir décrit le long processus qui a mené de la longue marche du mouvement national au déclenchement de la lutte armée. Il existe bien quelques évocations passagères au 1 er novembre, mais en général ces films ont plus glorifié qu’expliqué le sens de cette journée capitale de notre Histoire, explique-t-il. En ce sens il estime que « nous avons produit plus de films de guerre que des films sur la guerre de libération avec ses spécificités ». Sur la rupture avec le film historique pour une trentaine d’années, Ahmed Bedjaoui, estimant que « le cinéma n’écrit pas l’Histoire mais se contente d’en témoigner », juge normal que « les cinéastes de la deuxième génération témoignent , à partir de la fin des années 60 des mutations qui se sont opérées dans la société algérienne ». Il relève cependant des références à la guerre de libération sur laquelle s’adossent les récits de films comme « Le charbonnier », « Tahya ya Didou » ou « Omar Gatlato ». Interrogé sur le retour des productions historiques vers 2008 avec une orientation vers les biopics, l’universitaire rappelle que « certains ont pu reprocher au secteur cinéma d’avoir produit trop de films de guerre qui excluaient totalement les chefs de la Révolution armée, la devise était au slogan +Un seul héros le peuple !+ ». Depuis vingt ans, nous assistons, poursuit-il, à l’excès inverse : des biopics qui glorifient à juste titre des grandes figures mais qui par ricochet, ont tendance à occulter l’aspect profondément populaire de notre grande Révolution sur le plan à la fois armé, politique, social et culturel ».

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