Le déploiement rapide, en Algérie, de la 3G, lancée il y a une année, a contribué, en 2014, au développement sans précédent du marché de la téléphonie mobile et bouleversé les habitudes des internautes qui ont adopté, de fait, les smartphones et autres tablettes au détriment du PC pour se connecter à Internet. En effet, depuis le lancement de la téléphonie mobile haut débit 3G++, le 2 décembre 2013, la vente des appareils adaptés à l’Internet, haut débit, a augmenté de manière « significative », faisant ainsi le bonheur des magasins spécialisés. L’engouement pour les smartphones, propulsés par l’arrivée de la 3G, s’est manifesté par l’ouverture de nombreuses boutiques exposant les nouveautés des grandes marques de téléphones mobiles. Ce marché a été boosté, également, par les trois opérateurs de la téléphonie mobile (Mobilis, Ooredoo et Djezzy), qui ont, concurrence oblige, mis en avant leurs meilleures stratégies d’offres en proposant, d’emblée, des packs incluant puce, crédit, smartphones, clés internet et tablettes à des prix « attractifs ». Pour des spécialistes, la 3G a propulsé, en l’espace de quelques mois, la vente des smartphones et des tablettes, même ceux de dernières générations.
« Ces appareils high-tech se vendent en Algérie sans décalage significatif par rapport à la sortie internationale », relèvent-ils. Selon Younes Grar, un expert du domaine, le chiffre d’affaires de la téléphonie mobile, qui était estimé, en 2013 en Algérie, à 5 milliards de dollars, pourrait connaître une importante augmentation avant la fin de l’année en cours, de même que le nombre de smartphones, qui ne représentait l’année dernière que 3% du marché du mobile, dépasserait cette année les 10%. Ce « rush » sur les appareils adaptés à la 3G est notamment constaté au niveau des points de vente des opérateurs téléphoniques qui connaissent, à chaque promotion, des bousculades pour s’offrir des packs internet à des prix généralement concurrentiels. Même les smartphones, dont les prix dépassent les 70 000 DA se vendent « normalement », notent des professionnels du secteur, qui indiquent, par ailleurs, qu’un opérateur a réussi à écouler 100 000 clés internet, deux semaines seulement, après le lancement de la 3G. La 3G a bouleversé également les habitudes des internautes algériens qui utilisent de façon plus fréquente les appareils mobiles au détriment du PC pour se connecter, affirment ces sources, qui donnent, comme exemple, « les milliers d’Algériens qui se connectent à Internet, via leur appareils mobiles au niveau des stations de métro, de bus, dans les cafés, et même dans leur lieu de travail ».
Expansion rapide du haut débit mobile
Mais, cet engouement pour les smartphones n’est pas constaté à travers l’ensemble du pays, car la 3G, malgré sa rapide expansion en Algérie, ne touche pas encore certaines wilayas et localités. En effet, les trois opérateurs Mobilis, Ooredoo et Djezzy ont commencé, dès l’attribution des licences 3G++, à s’organiser pour se déployer à travers le territoire national, suivant un cahier des charges qui prévoit une couverture progressive des 48 wilayas du pays en 7 ans. Le cahier des charges oblige, ainsi, la présence d’au moins un opérateur dans chaque wilaya, durant les trois premières années du lancement de cette nouvelle technologie. Durant les deux années qui suivent, le déploiement touchera les wilayas soumises à obligations. Pour la 6e et 7e année, chaque opérateur doit couvrir toutes les wilayas, et atteindre un taux de couverture de 80%. Toutefois, l’opérateur Mobilis, qui a pu s’installer en l’espace d’une année dans 25 wilayas pour atteindre dans les prochains jours les 35, a annoncé récemment qu’il allait pouvoir assurer la couverture en 3G++ de toutes les wilayas avant la fin décembre 2015, soit en 24 mois et un jour. Ooredoo est, quant à lui, arrivé à s’implanter dans 25 wilayas, en une année, pour atteindre 32 dès le début 2015, alors que Djezzy, dont le déploiement de la 3G++ a débuté le 5 mai dernier, six mois après la conclusion de l’opération de rachat de l’opérateur par l’État algérien à hauteur de 51% auprès du Russe Vimpelcom, compte actuellement à son actif 14 wilayas. La ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, Zohra Derdouri, a exprimé sa satisfaction de l' »excellente » progression du déploiement de la 3G dans le pays. Elle a relevé, toutefois, des « insuffisances dans les prestations de service de certains opérateurs.
L’ADSL à la traîne, la 4G LTE en renfort
Outre la 3G, l’Algérie, qui devait rattraper les « retards » qu’elle accusait en termes de pénétration des TICs, a eu recours à d’autres technologies sans fil plus performantes et plus faciles à déployer et à mettre en œuvre que celle de la technologie filaire ADSL, jugée « très lente » à installer. Elle a, ainsi, procédé en avril dernier au déploiement de la téléphonie de quatrième génération fixe sans fil (4G LTE) avec pour stratégie de s’étendre dans les régions non couvertes par la 3G et le réseau ADSL. Confiée à l’opérateur de la téléphonie fixe Algérie Télécom (AT), cette technologie devait, à partir d’un téléphone fixe sans fil, faciliter aux utilisateurs l’accès à Internet avec des débits et un confort, généralement supérieurs à ceux de l’ADSL, se rapprochant de la fibre optique en matière du très haut débit fixe. Le réseau 4G LTE, qui a connu un « engouement certain » auprès des Algériens, a concerné, dans un premier temps, les entreprises puis les cybercafés, avant de s’étendre aux particuliers.
Le projet de déploiement de la 4G LTE par Algérie Télécom prévoit deux millions d’accès au très haut débit, à l’horizon 2016. Toutefois, le haut débit mobile n’est pour l’Algérie qu’une technologie complémentaire à l’ADSL, dont la généralisation dans le pays demeure l’objectif principal. L’arrivée de la 3G++ sur le marché de la téléphonie mobile a incité Algérie Télécom à hâter la mise en œuvre du programme de développement de l’ADSL à travers l’accélération de l’installation du réseau national en fibre optique, qui a atteint, selon le ministère du secteur, les 70 000 km.
Mais, le plan de développement ADSL a rencontré un certain nombre de difficultés qui ont ralenti son déploiement, notamment dans les villes. Parmi ces difficultés, figurent la vétusté du réseau filaire existant dans les zones urbaines, fait de câbles en cuivre et d’anciennes technologies destinées à la téléphonie fixe, ce qui nécessite des travaux de remplacement demandant beaucoup de temps. Pour remédier à cet état de fait, AT a lancé depuis une année un plan « ambitieux » pour rattraper ce retard, avec pour objectifs d’améliorer la situation de la téléphonie fixe et répondre à la demande de clients non satisfaits en raison des lignes en dérangement et de non installation de nouvelles lignes. L’année 2014 a été marquée, aussi, par une augmentation du débit minimal de l’ADSL à 1 mégabit, ainsi que par des offres allant jusqu’à 8 mégabits pour le résidentiel et 20 mégabits pour les professionnels.