La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (Laddh) remonte au créneau et exige réparation et prise en charge conséquentes pour les victimes des essais nucléaires français des années 1960, en Algérie. C’est ce qui ressort d’un long communiqué rendu public hier, à l’occasion de la commémoration de la Journée internationale contre les essais nucléaires, célébrée annuellement le 29 août depuis 2009 par les Nations unies. En effet, la Laddh considère que les «essais nucléaires français au Sahara sont des crimes contre l’humanité et l’environnement». Et pour la Laddh de d’attirer «l’attention de l’opinion publique nationale et internationale pour qu’elles prennent connaissance sur l’ampleur des expériences nucléaires en Algérie et des effets néfastes qui persisteront à nuire et à se transmettre de génération en génération, durant les années à venir en Algérie». En fait, rappelle la Laddh, le colonisateur français a procédé à quelque 57 expériences nucléaires en Algérie durant la période comprise entre de 1960 et 1966, et il est de notoriété publique que des effets de ces explosions, ont résulté la propagation du plutonium dans l’atmosphère avec tout les effets dangereux pour les milliers d’années à venir. En sus, la puissance d’occupation française a manifestement utilisé comme cobayes des milliers d’Algériens parmi les populations du Sahara, dont des nomades, ainsi que des prisonniers et quelques recrues de l’armée française. Côté chiffres, il en ressort aussi que 150 000 personnes sont potentiellement atteintes par ces essais. «Les expériences et les explosions nucléaires au Sahara algérien demeurent un parfait crime contre l’humanité et, de ce fait, restera imprescriptible, donc voué à contraindre leurs auteurs à reconnaître d’abord, puis à réparer les dommages constatés», affirme la Laddh qui se réfère à la loi Morin du 5 janvier 2010, relative à la reconnaissance et à l’indemnisation des victimes des essais nucléaires français. Le Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires (CIVEN), institué à cet effet, a reçu 911 demandes d’indemnisation, dont seulement 16 ont été accordées et pratiquement aucun Algérien, se désole la Laddh. «Le dispositif de la loi Morin est inopérant et freine la reconnaissance qu’il devait favoriser, notamment à l’égard des victimes militaires, civiles, algériennes, polynésiennes et françaises», poursuit-on dans le communiqué. Dans cette optique, la Laddh et les Associations des victimes des essaies nucléaires formulent plusieurs exigences, à savoir l’ouverture des archives militaires, notamment celles relatives aux essais nucléaires français dans le Sahara algérien, la reconnaissance par la France de ce crime contre l’humanité, la création d’un pôle d’observation des différents sites ayant servi aux essais nucléaires, à l’instar de ce qu’a réalisé l’Angleterre pour ses sites en Australie. «La France doit assumer sa responsabilité en aidant à nettoyer les sites contaminés, la décontamination du sol et des nappes souterraines, qui constituent une bombe à retardement, faisant peser une grande menace sur la santé publique», lit-on dans le communiqué de la Laddh. Sur sa lancée, la Ligue invite les pouvoirs publics à mettre en place un registre du cancer dans les régions d’Adrar, Tamanrasset et de Béchar, une meilleure prise en charge des personnes irradiées, la création d’une structure spécialisée de dépistage et de traitement du cancer, ainsi que la création de centres médicaux, spécialisés dans la médecine nucléaire et le traitement des déchets nucléaires. La Laddh exige par ailleurs que la France facilite les démarches de victimes potentielles de ces essais et que ces mêmes victimes obtiennent réparation à la mesure du préjudice subi. Mohamed Djamel