Le gouvernement jordanien a annoncé pour la première fois que ses avions, qui ciblaient jusqu’alors la Syrie, avaient cette fois aussi frappé en Irak. La Jordanie, dont un pilote a été exécuté par le groupe État islamique, a promis dimanche d’intensifier ses raids contre l’EI dans le cadre de la coalition internationale qui appuiera ces prochaines semaines, une offensive terrestre des forces irakiennes. «Dans les semaines à venir, lorsque les forces irakiennes commenceront leur campagne terrestre pour récupérer des territoires en Irak, la coalition fournira un soutien important en puissance de feu à cette opération», a annoncé le coordinateur américain de la coalition internationale contre l’EI, John Allen, cité par l’agence officielle Petra. De son côté, le secrétaire d’État américain John Kerry a affirmé que la campagne de la coalition, qui a mené selon lui plus de 2 000 frappes, portait ses fruits. Les émirats ont dépêché dimanche en Jordanie un escadron d’avions F-16 pour soutenir ce pays «frère» dans les frappes contre l’EI, qui sévit en Syrie et en Irak. Amman, qui participe depuis septembre à la coalition internationale anti-djihadistes dirigée par les États-Unis, a annoncé avoir détruit 56 cibles en trois jours. Le chef d’État-major de l’armée de l’air, Mansour al-Jobour, a affirmé que la campagne de frappes s’intensifierait encore dans les prochains jours. Depuis jeudi, «nous avons détruit 20 % des capacités de combat de Daesh (acronyme en arabe de l’EI)», a-t-il indiqué. Parmi les cibles figuraient des camps d’entraînement, des dépôts d’armes et de carburant ainsi que des centres logistiques et résidentiels, a-t-il énuméré sans préciser la localisation des frappes. Le gouvernement jordanien a annoncé pour la première fois cette semaine que ses avions, qui ciblaient jusqu’alors la Syrie, avaient cette fois aussi frappé en Irak.
700 km2 repris
La Jordanie a intensifié ses raids en représailles à l’exécution du pilote Maaz al-Kassasbeh, brûlé vif après avoir été capturé fin décembre dans le Nord syrien, quand son F-16 s’était écrasé durant une campagne de frappes. «Plus de 7 000 terroristes de Daesh ont été tués depuis que la Jordanie participe aux frappes aériennes», selon le chef de l’aviation jordanienne. Selon lui, les raids jordaniens ont par ailleurs contribué à affecter les revenus pétroliers des djihadistes, qui contrôlent plusieurs champs et infrastructures en Irak et Syrie. Pour John Kerry, la campagne de la coalition a permis de reprendre quelque 700 km2, soit «un cinquième du territoire que (l’EI) contrôlait». Les raids ont «privé les insurgés de l’utilisation de plus de 200 infrastructures gazières et pétrolières (…), perturbé leur chaîne de commandement (…), mis sous pression leurs finances et éparpillé leur personnel», a ajouté le chef de la diplomatie américaine à la conférence de Munich (Allemagne) sur la sécurité, sans détailler combien se trouvent en Irak ou en Syrie. La coalition compte de nombreux pays arabes, comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Après l’enlèvement du pilote jordanien, ces derniers avaient décidé de cesser leurs frappes, craignant pour la sécurité de leurs pilotes et critiquant le manque de moyens de sauvetage. Mais ils ont finalement déployé un escadron dimanche dans une base de l’armée de l’air jordanienne, accompagné d’appareils de transport C-17 ainsi que d’avions avitailleurs, a annoncé l’agence Petra. Le déploiement des F-16 est destiné à «réaffirmer la solidarité constante des émirats avec la Jordanie, dont le rôle moteur dans la coalition et les immenses sacrifices pour la sécurité et la stabilité de la région sont incarnés par le martyre du héros Maaz al-Kassasbeh», le pilote tué, a rapporté l’agence émiratie Wam.
Aide américaine au Liban
L’EI a profité de la guerre civile en Syrie et de l’instabilité en Irak pour s’emparer de larges pans de territoire sur lesquels il impose ses lois et multiplie les exactions. Le conflit a débordé au Liban voisin, théâtre de fréquentes incursions de djihadistes venant de Syrie. Les affrontements les plus meurtriers avec l’armée ont eu lieu en août dans la ville frontalière d’Aarsal. Pour faire face à cette situation, l’armée libanaise a reçu dimanche une cargaison d’armes en provenance des États-Unis, a indiqué à l’AFP un diplomate de l’ambassade américaine à Beyrouth, évoquant «72 canons M198 Howitzer et plus de 25 millions d’obus, de mortiers et de munitions pour les armes automatiques». L’ambassade a précisé que la valeur de l’aide en matériel se montait à plus de 25 millions de dollars. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a indiqué de son côté que les premières livraisons d’armes françaises au Liban dans le cadre d’un don saoudien de trois milliards de dollars interviendraient en avril.