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Jean-Marc Todeschini à Alger : «l’Algérie et la France appelées à se tourner vers l’avenir»

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Le secrétaire d’État auprès du ministre français de la Défense, chargé des Anciens combattants et de la mémoire, Jean-Marc Todeschini, a indiqué hier que sa visite en Algérie, s’inscrit dans une démarche d’amitié et de respect dans le souci d’appréhender la  » mémoire commune  » des deux pays, appelés à se tourner ensemble vers l’avenir. « Ma visite s’inscrit ainsi dans une démarche d’amitié, de respect et dans le souci de continuer à appréhender notre mémoire commune de manière apaisée et lucide, en vue de mieux nous tourner ensemble vers l’avenir », a affirmé Todeschini, qui effectue un « voyage mémoriel » en Algérie, a indiqué que c’est pour la première fois qu’une autorité ministérielle française se rend à Sétif pour déposer une gerbe de fleurs devant la stèle commémorative de Saâl Bouzid, premier martyr algérien des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata. Les événements du 8 mai 1945 qui se sont déclenchés dans ces trois villes, ont fait 45 000 victimes innocentes. Inconnu jusque-là, Bouzid Saâl, un héros aux origines rurales, entrera dans l’Histoire par la grande porte lui, dont le sang, s’est confondu avec le rouge du premier drapeau algérien brandi lors de cette manifestation. Première victime de ces ignobles massacres, Bouzid Saâl sera enterré dans une fosse commune creusée au cimetière de Sidi Saïd avec 24 autres martyrs. Dans ce contexte, le président Hollande avait affirmé en cette journée historique « que les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata demeurent ancrés dans la conscience des Algériens, mais aussi des Français. Parce qu’à Sétif, le 8 mai 1945, le jour même où le monde triomphait de la barbarie, la France manquait à ses valeurs ».
Todeschini a encore rappelé que Hollande avait indiqué que cette vérité, nous la devons à tous ceux qui, par leur histoire douloureuse, veulent ouvrir une nouvelle page. Entre 1954 et 1962, la France et l’Algérie sont en guerre. Ce conflit qui s’inscrit dans le contexte de la décolonisation revêt pour les deux états une importance particulière dans la mesure où il continue de peser lourdement sur les relations qu’entretiennent les pays en question. En effet, après une véritable politique de « l’oubli », c’est une réelle opposition des mémoires qui perdurent depuis la reconnaissance officielle de l’indépendance de l’Algérie en juillet 1962.
Pourquoi les mémoires de la guerre d’Algérie apparaissent-elles encore aujourd’hui si conflictuelles ? Quelles contributions peuvent apporter les historiens face aux mémoires encore douloureuses qui s’expriment des deux côtés de la Méditerranée ? N’oublions pas que de 1954 à 1962, la guerre d’Algérie a été le conflit de décolonisation le plus douloureux pour la France. Todeschini a estimé que l’Histoire partagée entre la France et l’Algérie ne s’est pas écrite qu’entre 1954 et 1962, mais aussi sur les champs de bataille de la grande guerre et dans les rangs de la France. De ce fait, il a précisé qu’il s’agit aussi de faire en sorte que sans rien oublier des victimes, des drames qui nous ont opposés, sans renoncer à aucun moment à honorer leur mémoire, nous sachions aussi voir ce qui nous rassemble, ce que nous partageons et qui peut nous aider à avancer. L’enseignement de la guerre d’Algérie requiert aujourd’hui des enseignants une attention particulière à deux sortes de difficultés.
Difficulté pour les enseignants eux-mêmes de bien comprendre dans quelle mesure et pour quelles raisons tels ou tels faits ont été ressentis d’une manière contradictoire par ceux qui les ont vécus ou subis. Mais aussi difficulté pour les élèves à bien comprendre des points de vue différents, voire contraires à ceux admis par leurs familles. Le rôle des historiens ne se limite pas à entretenir une mémoire nationale, surtout quand celle-ci reste divisée entre plusieurs mémoires antagonistes. Ils doivent donc proposer des réponses vraiment historiques aux questions que pose la contradiction des mémoires à ceux qui ont la charge d’enseigner l’histoire à leurs élèves. Ceci illustre le caractère très particulier de la guerre d’Algérie, qui ne se prête pas facilement à une commémoration positive pour le sentiment national. Par conséquent, l’indemnisation des victimes algériennes des essais nucléaires français se fait toujours attendre en dépit des longues et harassantes démarches entreprises dans ce sens. Pourtant, le parlement français a adopté le 5 janvier 2010 une loi visant l’indemnisation des personnes souffrantes d’une maladie radio-induite.
Cette dite loi, « Loi Morin » du nom de l’ancien ministre de la Défense, Hervé Morin, ouvre le droit aux indemnisations aux patients eux-mêmes ou à leurs ayants-droit. Selon le secrétaire d’État français, les gouvernements des deux pays sont convenus, depuis décembre 2014, de mettre en place une structure mixte permettant de réfléchir à la façon de faciliter le dépôt des demandes d’indemnisation par les éventuelles victimes algériennes des essais nucléaires français, précisant que la première réunion de ce dispositif interviendra très prochainement et en tous cas avant la fin 2015.
Lazreg Aounallah

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