La communication officielle autour du coronavirus, son évolution dans le pays et la campagne sensibilisation pour prévention et sensibilisation n’ont pas donné d’effets escomptés pour le moment. Le ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière a pris la décision d’interdire toute communication de la part des Directions de la santé à travers le pays concernant le coronavirus. C’est une décision qui pourrait être motivée par le faite de vouloir organiser la communication, à même d’éviter l’anarchie dans les bilans, ou encore de contenir les rumeurs. Mais elle est perçue par certains professionnels de l’information comme étant une volonté de rétention de l’information par les pouvoirs publics.
Cette décision des autorités officielles du pays n’a pas été accompagnée d’un plan de rechange, à même d’informer les citoyens à temps. Le site d’information mis en ligne par le Centre International de Presse (CIP) se contente de relayer quelques dépêches de l’agence officielle APS, ainsi que des informations piochées par-ci par-là, sur des sites d’Organisations internationales, telles que l’OMS. Le site géré par toute une institution publique, dotée d’un budget et de moyens colossaux se limite à faire du copier-coller du site de l’OMS, reprenant des informations déjà vulgarisées et ventilées sur les réseaux sociaux depuis déjà des semaines. Il n’apporte aucune valeur ajoutée pour les citoyens algériens en cette période de crise et pour laquelle il est censé être lancé. C’est un site qui ne dispose même pas de pages sur les réseaux sociaux, afin de capter un tant soit peu l’attention des internautes pour les tenir informés, ou les sensibiliser sur les dangers du virus. C’est un énorme ratage et gaspillage qui aurait pu être une véritable ruche d’informations officielles sur l’évolution du virus et de contenus proprement algériens pour une sensibilisation fiable des internautes.
L’autre site d’information lancé par le ministère de la Santé ainsi que de celui de la Poste et des Télécommunications affiche pratiquement le même contenu, mais avec d’autres chiffres encore différents et contradictoires. Les contenus et chiffres avancés par ce lien internet sont actualisés avec beaucoup de retard. En début d’après-midi d’hier dimanche, le site affichait encore les chiffres de la veille. Cela dans un monde où la rapidité de la circulation d’informations est compté par minute.
Avec un tel rythme et une telle manière de communiquer officiellement, il n’est pas étonnant que l’intox et les rumeurs prennent le dessus sur la vraie information. Cela tout en mesurant les dégâts que pourrait engendrer les fausses informations, parfois tendancieuses et malintentionnées, diffusées sur les réseaux sociaux.
Des spots de sensibilisation caducs
Les spots de sensibilisation diffusés sur les chaînes publiques et privées, produits par le ministère de la Communication, sont loin de répondre à une stratégie de communication sérieuse, à même d’impacter un téléspectateur algérien de notre époque. Ces spots, déclinés dans les langues d’usage en Algérie, l’Arabe et le Tamazight, ainsi que le Français, semble susciter l’effet contraire chez les téléspectateurs. Utilisation de la langue classique qui n’est pas du tout d’usage au sein de la société, absence de scénarios construits de manière professionnelle mettant en avant l’ampleur du danger sont, entre autres, les carences de ces spots qui n’auront, finalement, aucune oreille attentive à l’écoute.
Cette défaillance pousse les spectateurs à se ruer plutôt sur les contenus produits par des initiatives privées et particulières, notamment des artistes et autres célébrités indépendantes. Ces derniers, contrairement aux autorités officielles, ont bien compris le principe de base de toute communication qui stipule que si on veut être compris par les citoyens, il n’y a pas meilleur moyens de leur parler dans le dialecte qu’ils utilisent quotidiennement.
Arezki Ibersiene