De fortes précipitations attendues en Australie donnaient mardi un regain d’espoir sur le front de la lutte contre les incendies, au moment où Melbourne était enveloppée d’un nuage de fumée toxique perturbant les entraînements pour le Grand Chelem.
Ces derniers jours, un temps frais a déjà offert un certain répit aux pompiers épuisés par les gigantesques incendies qui dévastent depuis septembre des régions entières de l’immense-île continent et ont fait au moins 27 morts. Certains des plus importants brasiers ont enfin été maîtrisés. Ce regain d’optimisme a été amplifié mardi par l’annonce de l’arrivée de fortes précipitations sur certaines des régions les plus affectées, notamment dans les Etats très peuplés de Nouvelle-Galles du Sud et de Victoria, dans le sud-est de l’Australie. «C’est une très bonne nouvelle», s’est félicité le chef des pompiers des zones rurales de Nouvelle-Galles du Sud, Shane Fitzsimmons. «Nous en parlions depuis des mois maintenant, janvier pourrait connaître la première vraie chute de pluie digne de ce nom et il semblerait que cela se produise dans les tout prochains jours», a-t-il expliqué. La pluie devrait commencer à tomber mercredi dans l’est de l’Australie et durer tout le week-end, selon Sarah Scully, météorologue pour le gouvernement.
Niveau de pollution «dangereux»
«Nous espérons qu’une partie de ces fortes pluies tombera sur certains foyers d’incendies et qu’elles aideront à contrôler ou même à éteindre certains de ces incendies», a déclaré Mme Scully. Des dizaines de feux demeurent hors de contrôle. De nombreuses semaines de forte chaleur sont encore attendues en cette saison d’été austral et rien ne laisse présager une fin prochaine de la crise. Un nuage de fumée toxique dégagé par ces incendies enveloppait mardi Melbourne, la capitale de l’Etat de Victoria qui doit accueillir la semaine prochaine l’Open d’Australie. Le niveau de pollution à Melbourne, qui figure habituellement dans le palmarès des villes au monde les plus agréables à vivre, a atteint un niveau «dangereux», et les autorités sanitaires ont conseillé aux habitants de demeurer chez eux. Le N° 1 mondial Rafael Nadal et d’autres stars internationales du tennis ont renoncé à leurs sessions d’entraînements à l’extérieur pour les effectuer à l’intérieur. Les qualifications ont été retardées de de deux heures mardi matin, suscitant désarroi et inquiétude chez certains joueurs qui ont affirmé que les matchs auraient dû être annulés pour la journée. La Slovène, Dalila Jakupovic, numéro 201 mondiale, a dû abandonner son match en raison d’une quinte de toux, liée selon elle à la fumée. «J’avais vraiment peur de m’effondrer (… )ce n’est pas sain pour nous», a-t-elle déclaré à la presse. «J’étais surprise, je pensais que nous n’allions pas jouer aujourd’hui mais nous nous n’avons pas eu le choix», a-t-elle déploré. La Luxembourgeoise Mandy Minella, numéro 140 mondiale, a également exprimé son désaccord.
«Je suis choquée»
«Je suis choquée de voir que les matchs de qualification ont commencé à l’Open d’Australie. Qu’en-est-t-il de la santé des personnes qui travaillent ici, notamment les enfants qui ramassent les balles?», a-t-elle tweeté. Un match d’exhibition, avec l’ex-numéro 1 mondiale, Maria Sharapova, a été annulé en raison de la fumée. Ce brouillard ne devrait cependant pas persister sur Melbourne toute la semaine. Un temps pluvieux et un changement de direction du vent sont attendus, ce qui devrait permettre de dégager ce nuage de pollution. Depuis le début de ces feux dévastateurs en septembre, au moins 27 personnes sont décédées, plus de 2.000 maisons ont été détruites et une zone de 100.000 kilomètres carrés (10 millions d’hectares) – plus grande que la superficie de la Corée du Sud – est partie en fumée. Liés à une sécheresse particulièrement grave en Australie, ces incendies sont aggravés par le réchauffement climatique, alors que les scientifiques prédisent de longue date que la récurrence de ces événements météorologiques extrêmes ne fera qu’empirer. L’année 2019 a été la plus chaude et la plus sèche jamais enregistrée. L’ampleur de la catastrophe a soulevé un immense élan de solidarité à travers la planète et les dons affluent pour venir en aide aux habitants et aux animaux sinistrés. La flore et la faune australiennes, qui comptent des espèces uniques au monde, ont été durement touchées. Selon des estimations, un milliard d’animaux ont été tués.