Une opération d’envergure menée dans le sud de l’Espagne par la Garde civile a permis le démantèlement d’un important réseau de trafic de drogue, directement lié au Maroc, premier fournisseur mondial de haschisch. Une nouvelle illustration de l’enracinement du phénomène dans la péninsule ibérique. La Garde civile espagnole a frappé un grand coup dans sa lutte contre le trafic de stupéfiants. Cinq individus ont été arrêtés cette semaine dans les provinces andalouses d’Almeria et de Grenade, dans le cadre d’une vaste opération ayant conduit au démantèlement d’un réseau international spécialisé dans l’acheminement de haschisch et de cocaïne depuis le Maroc. L’enquête, entamée en février 2024, a mobilisé plusieurs unités de police judiciaire de Catalogne et d’Almeria, ainsi que le Centre régional d’analyse pour la lutte contre le trafic de drogue en Andalousie. Le réseau, selon les autorités, disposait d’une infrastructure logistique particulièrement bien organisée : camions modifiés pour le transport clandestin, entrepôts industriels pour le stockage, itinéraires planifiés pour contourner les contrôles… Une méthode qui révèle une organisation expérimentée et rodée, capable d’écouler des quantités importantes de drogue sans éveiller les soupçons. La particularité de ce réseau résidait dans ses moyens de transport. Les trafiquants avaient recours à des camions munis de compartiments secrets, notamment dans les réservoirs de carburant, pour dissimuler les cargaisons illicites. Ce mode opératoire, déjà observé par le passé, a été perfectionné pour rendre les contrôles plus difficiles, notamment dans les postes frontaliers et lors des inspections routières.
Au total, dix perquisitions ont été menées dans différentes zones d’Almeria. Les forces de l’ordre ont saisi près de 263 kg de cannabis, 11 585 euros en espèces, une arme de poing non chargée, des munitions, ainsi que divers équipements électroniques et documents liés aux activités du réseau.
Une implication persistante du Maroc
Les autorités espagnoles rappellent que ce n’est pas une première. Le Maroc, premier producteur et exportateur mondial du cannabis, selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) avec une production de plus de 700 tonnes, reste la principale source d’approvisionnement, du marché européen et aussi africain, . Ce flux constant alimente régulièrement des réseaux criminels en Espagne, souvent dirigés et coordonnés par des ressortissants marocains , notamment dans l’espace européen. Début mai, un autre réseau, impliqué dans le trafic d’armes et de drogues, avait été démantelé. Il s’agissait cette fois d’un groupe composé de citoyens marocains établis en Espagne, opérant à partir d’ateliers clandestins. Ces opérations s’inscrivent dans une série d’actions visant à briser les chaînes logistiques reliant les producteurs nord-africains aux consommateurs européens. L’Europe peine à contenir un fléau aussi bien organisé, d’abord à la source au Maroc et dans des villes et pays de l’espace européen,.
Mohamed Amine Toumiat