Accueil ACTUALITÉ IMPACT DU MOUVEMENT POPULAIRE : Le FLN entre déconfiture et immobilisme

IMPACT DU MOUVEMENT POPULAIRE : Le FLN entre déconfiture et immobilisme

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L’image que donne le FLN aujourd’hui est désolante : il est l’objet, depuis quelques temps, d’une forte campagne de rejet populaire et d’une colère interne contre sa direction politique.
Le Front de libération nationale (FLN), parti au pouvoir qui a soutenu le président sortant Bouteflika au cours de ses 20 ans de règne, et première force sur la scène politique, vit, depuis le 22 février, ses pires moments. Il atteint un état de déconfiture avancé à tel point que des voix qui avaient longtemps fait carrière en son sein demandent aujourd’hui sa remise dans le musée de l’histoire. Les intrigues et manœuvres ont achevé le peu de réputation qu’il gardait. La base militante ne se reconnait plus devant l’invasion et l’intrusion des hommes d’affaires sur les institutions du parti. Et pourtant, il y a juste quelques mois, durant l’été dernier, le FLN se préparait en grande pompe, pour annoncer le cinquième mandat à Bouteflika, voire même une présidence à vie. En avril dernier et en présence du secrétaire général de la présidence, Hebba Okbi, le SG du FLN d’alors, Djamel Ould Abbès, s’enorgueillait, en s’adressant aux militants du parti et les journalistes, que le FLN s’affaire à élaborer une «feuille de route» qui «sera engagée entre 2020 et 2030». Et d’insister sur la «nouvelle» de la prochaine parution de «document portant réalisations du président Bouteflika » et son règne des 20 dernières années, qui sera le programme de la campagne de Bouteflika pour son cinquième mandat. Or, du haut de son nuage, Ould Abbès ne voyait pas la terre bouger sous ses pieds. L’après 22 février s’annonce rude : Mouad Bouchereb, qui a pris les rênes du FLN en novembre dernier, après que Ould Abbès ait été forcé à la démission d’une manière humiliante, ne s’en sortira pas mieux. Se présentant en rassembleur du parti après l’épisode des «cadenas» et la destitution «ahurissante et illégitime» de Saïd Bouhadja, de la présidence de l’APN, Bouchareb, s’avèrera celui qui va dresser les militants du FLN les uns contre les autres. «Faites de beaux rêves et bon sommeil». Ces propos de Bouchareb au lendemain du premier vendredi de marches de mobilisation populaire – dont les premiers slogans étaient «non au cinquième mandat» -, ont enragé les Algériens et écorché à jamais l’image du parti et ses militants. Dans les vendredis suivants, cette colère explosera plus fort : les millions d’Algériens dans la rue demanderont le départ des «3 B», dont Bouchareb,en criant « FLN dégage !».
Sentant la gravité du mal fait à leur parti, les dirigeants du FLN songent alors, dans une tentative d’épargner le parti, à faire tomber Bouchareb, qui devient ainsi « l’ennemi à abattre à tout prix», et dont l’éjection de la direction du parti ne tardera pas à venir. Mohamed Djemaï, nouveau SG élu par le Comité central, en consacre sa première sortie médiatique pour « demander pardon à son excellence le peuple». Dans l’objectif de renouer avec le peuple, il reconnaît que «les méthodes de clowns et les déclarations provocantes émanant des responsables du parti de par le passé ont beaucoup nuit à l’image de notre parti». Sans oublier de marquer son soutien à l’Institution militaire. Le terrain sinueux du FLN est pourtant jonché de beaucoup de mines. À commencer par Djemaï qui, sans doute, ne fera pas l’unanimité au sein des militants FLN. Des membres du CC et un député du parti à l’Assemblée ont présenté leur démission. Sur une autre rive, Bouchareb qui est toujours le président de l’APN, fera face à une campagne de dénigrement menée par l’ensemble des députés, y compris son propre parti. Ironie du sort, après un relatif silence, c’est Saïd Bouhadja qui reviendra pour demander de lui restituer le perchoir de l’hémicycle. Le groupe parlementaire du FLN a boycotté, la semaine dernière, une rencontre parlementaire sur les évènements du 8 mai 45 à l’APN, en signe de contestation contre Mouad Bouchacherb, pour satisfaire ainsi la revendication de la rue. Le lendemain, jeudi, lors de la plénière consacrée aux questions-réponses des ministres, Bouchareb s’est retrouvé dans un grand embarras : seul avec 6 ministres devant une salle quasi-vide : 13 députés seulement ont marqué leur présence. Ces faits nous laissent penser qu’il serait naïf de croire que le FLN aurait pu panser les plaies et réussir très vite sa réconciliation avec le peuple.
Hamid Mecheri

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