Applaudissements, moqueries, railleries… Ce sont, en résumé, les réactions des chefs de partis islamistes, intervenant au lendemain de l’annonce du juge d’instruction près la Cour suprême, de la mise sous mandat de dépôt d’Ouyahia pour des faits liés à la corruption.
Un homme qu’ils qualifient d’«érradicateur » qu’ils accusent d’incarner « le courant laïc au pouvoir » et qui aurait tout fait pour «empêcher» l’émergence et l’accès des islamistes à la gouvernance du pays. « Quel extraordinaire événement : Ouyahia en prison ! », s’est exclamé, d’un ton revanchard, Abderrazak Makri, président du MSP, sur sa page Facebook. « Le jour où nous avions un échange vif, entre nous et Ouyahia, lors des débats sur une loi de finances ces dernières années, j’ai écrit une série d’articles très critiques envers le mode de gestion d’Ouyahia, ses politiques ainsi que l’énorme corruption provoquée par ses lois. Certains m’ont fait des reproches et considéré mon discours comme radical et représentant un danger pour le MSP. Ils m’ont prévenu contre un acte de vengeance de la part du pouvoir en place. Au même temps, Ouyahia s’est moqué de nous et nous a répondu à partir du perchoir du Parlement avec mépris. Voire même, bizarrement, il nous accusait de dévier de la voie de Mahfoud Nahnah », écrit le chef du parti islamiste. « Le voilà aujourd’hui, celui qui avait hier le pouvoir de “récompenser et de punir” (…), rentre en prison dans un fait historique extraordinaire », poursuit-il, en usant des concepts dogmato-religieux, comme «un triomphe du bien sur le mal».
Lakhdar Benkhellaf, député FJD de Constantine, numéro 2 dans le parti de Abdellah Djaballah, lui, n’a pas trouvé mieux que de raconter une absurde anecdote de mauvais goût qu’il prétend avoir eu lieu lors d’une marche du Hirak avec une vieille dame, avec laquelle il a publié une image sur sa page Facebook. « Pendant une marche du vendredi, le comportement d’une vieille dame m’a intrigué. Elle portait à chaque marche de protestations un collier conçu de boîtes de yaourt vides. Je lui ai demandé pourquoi, elle m’a répondu que c’est pour Ouyahia. Elle a dit qu’elle est prête à en fournir à Ouyahia, quotidiennement, s’il serait condamné à la prison», a-t-il écrit en guise de réaction qui frise le ridicule, en cette conjoncture de crise qui commande des solutions, responsabilité et plus de rigueur politique. Pour « célébrer » ce qu’ils prétendent être «une victoire», beaucoup de députés MSP et FJD ont publié sur les réseaux sociaux des rediffusions de leurs interventions à l’APN en train de débattre des projets de lois de finances élaborés par le gouvernement Ouyahia. En se présentant dans la peau de défenseurs de la démocratie et de la justice, feignant d’oublier que l’histoire de l’Algérie a été toujours écrite sans eux.
Hamid Mecheri
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