Profitant de son absence du parti, suite à sa mise en détention provisoire par le juge d’instruction près la Cour suprême, les adversaires, parmi les plus ambitieux pour le poste occupé par Ahmed Ouyahia au sein du RND, sautent sur l’occasion. Au lendemain de la décision du juge d’instruction du la Cour suprême de mettre Ouyahia sous mandat de dépôt, un communiqué, signé par Seddik Chihab, sous sa qualité de «membre du Bureau politique, chargé de la communication et Porte-parole du RND», a réagi pour apporter des précisions sur cette affaire et réaffirmer les positions du parti. Alors qu’il a été suspendu de son poste par Ouyahia, son adversaire d’il y a encore quelques semaines, semble reprendre sa qualité de Porte-voix du RND. Seddik Chihab l’a dit et il l’assume: «Il n’est pas interdit d’être un opportuniste politique», s’est-il défendu de ses attaques contre Ouyahia, dans une réponse faite, fin avril dernier, lors de son passage au Forum de notre quotidien.
Ainsi, le parti «renouvèle sa confiance en la Justice algérienne». Notamment, dans «sa lutte contre la corruption, les corrupteurs ainsi que ceux qui ont trahi le peuple, contre ceux qui abusent des postes de responsabilité pour s’enrichir illégalement, dilapider l’argent public, retarder le développement économique du pays, appauvrir le peuple, rater une occasion historique pour moderniser le pays (…) », lit-on dans ce communiqué.
Mellah plaide pour un congrès extraordinaire
L’autre adversaire acharné contre Ouyahia qui a repris avec les sorties publiques est Belkacem Mellah, qui n’est autre qu’un membre fondateur du RND, l’un des meneurs de la fronde contre le chef du RND, a préconisé, jeudi, d’aller vers un congrès extraordinaire à l’issue duquel sortira une nouvelle direction du parti. « Il y a plus de 10 ou 15 ans, le RND a connu un grand changement. Au lieu d’avoir des militants, ce sont actuellement des fonctionnaires politiques qui gèrent le parti. Maintenant, on demande à rassembler tous les militants à travers toutes les wilayas. On demande un congrès extraordinaire pour élire de nouveaux SG et Bureau politique qui rassemblent tout le monde », a-t-il prôné comme projet, lors de son passage sur les ondes de la Radio nationale. Une sortie qui vient, 24 heures seulement après l’annonce judiciaire de la mise sous mandat de dépôt d’Ahmed Ouyahia.
Mellah veut procéder, d’urgence, pour tourner la page de l’ex-Premier ministre. Enchaînant avec la crise politique en cours, il suggère d’étudier le comment réunir les conditions d’un dialogue entre les partis politiques. « C’est le moment de dialoguer avec tous les partis pour avoir une stratégie pour l’avenir de l’Algérie », a-t-il estimé.
Le RND fustige les partisans de «la transition démocratique»
Dans la foulée, Chihab lance un appel à « tous les militantes et militants, sans exclusion et sans prendre en considération leurs opinions contradictoires, à tous les niveaux, de rester fidèles aux principes fondateurs de notre parti, et unis tout en s’engageant à faire sortir une solution consensuelle de sorte à satisfaire les revendications du peuple algérien et son Hirak béni à travers un dialogue national et inclusif aboutissant à un consensus sur les conditions d’une élection présidentielle transparente et crédible permettant au peuple d’élire librement un président de la République ». Tout en insistant sur le dialogue, le RND a fustigé ceux qui appellent à une période de transition, dont «on connaît le début mais jamais son issue finale», démarche de sortie de crise qui est, selon lui, «une ruse démasquée que prônent certaines parties visant à imposer un régime de gouvernance non traditionnel se basant sur le partage du pouvoir proportionnellement entre partis politiques sans se référer à l’urne ».
Les rédacteurs du communiqué du RND ont estimé que « l’instauration d’un Comité indépendant pour l’organisation et la supervision des élections est une mesure parmi d’autres pour apaiser et rassurer, et le Hirak et l’opposition ». À travers ce communiqué, au ton acerbe et très critique envers son patron Ouyahia, quoiqu’il ne le cible pas par son nom, le RND veut s’offrir une nouvelle image en se démarquant de ce qui serait perçu comme l’homme «déchu» du parti. Un fait inédit : c’est ce même Seddik Chihab qui, à chaque fois il prend la défense d’Ahmed Ouyahia pendant les multiples attaques à son encontre, sortira l’artillerie lourde au lendemain de l’avènement du Hirak pour cibler son mentor.
Hamid Mecheri