Si dans son approche sur la question du prix du pain, il tient « la baguette » par le milieu pour satisfaire et le boulanger et le consommateur, le ministre du Commerce est appelé désormais à trouver une solution durable au problème qui dure depuis des mois, sinon des années. En effet, la hausse du prix de la baguette de pain (ordinaire) à 15 dinars décidée unilatéralement par plusieurs boulangers à travers le territoire national en ce début de l’année, et ayant suscité une grande polémique, a poussé le gouvernement à réagir. En effet, des instructions ont été données par le Premier ministre, Aimène Benabderrahmane, au ministre du Commerce Kamel Rezig, de régler très vite ce problème. C’est dans ce cadre qu’une rencontre de concertation devra se tenir aujourd’hui au siège du ministère entre les responsables du ministère du Commerce et les représentants des boulangers à l’instar de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) et la fédération nationale des Boulangers. Le but étant de trouver des solutions aux différents problèmes auxquels font face les boulangers les ayant poussés à revoir à la hausse le prix de la baguette de pain. Il est essentiel de relever que depuis le début de l’année 2022, la crise autour de ce produit de très large consommation, qui faut-il le relever est subventionné par l’État, ne cesse de s’aggraver. Des boulangers à travers plusieurs wilayas du pays ont décidé de leur propre gré d’augmenter le prix de la baguette de pain à 15 Da sans qu’il y ait d’annonce officielle dans ce sens. Une démarche qui a fait réagir notamment les associations de protection de consommateurs et les représentants des commerçants eux-mêmes qui n’ont pas hésité à dénoncer ce comportement. Dans ce sens, l’UGCAA s’était démarquée des appels à l’augmentation des prix, rappelant que toutes les revendications légitimes des boulangers ont été soumises aux pouvoirs publics pour qu’elles puissent être prises en charge. Des revendications qui sont intervenues, ajoute l’UGCAA, suite aux hausses des charges de production de ce produit de très large consommation, à l’instar de la levure et des améliorants. Appelant les boulangers à faire preuve de conscience et ne pas se précipiter à augmenter les prix de manière aléatoire, l’UGCAA avait souligné la nécessité de l’intervention des pouvoirs publics afin de régler ce problème de sorte à assurer une marge bénéficiaire acceptable pour les boulangers sans pour autant atteindre le pouvoir d’achat des citoyens.
De son côté, l’Association de protection et d’orientation des consommateurs (APOCE) tout en dénonçant la hausse anarchique du prix de la baguette pourtant réglementée, a reconnu en même temps l’existence de difficultés face auxquelles sont confrontés les boulangers en raison de la hausse des prix de production. C’est pour cette raison, estime la même source, que la révision du prix du pain ordinaire doit intervenir, en incluant, toutefois, tous les intervenants. Chose donc que s’apprête à faire le ministère du Commerce qui a, faut-il le soulever, du pain sur la planche quant à la réorganisation de cette activité qui n’est pas épargnée par la spéculation et la mainmise des barrons de l’informel. Outre le règlement du problème du prix de la baguette de pain, le département de Kamel Rezig devrait surtout se pencher, avec ses invités, sur le phénomène de la vente de pain dans les trottoirs à l’air libre et dans des conditions de manque d’hygiène et ce avec un prix plus élevé qu’en boulangerie. Aussi, le même ministère devrait également aborder la question du détournement de la farine (subventionnée) à d’autres fins que la confection de baguettes de pain, à savoir la confection de gâteaux et de pâtisseries. Tout cela pour dire que ce secteur a besoin d’un bon coup de fouet pour sortir la baguette de pain de la spiral des acteurs de l’informel et des commerçants véreux qui accourent au gain rapide en usant de tous les subterfuges.
Ania Nch