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Hassan El-Hassani dit Boubagra : un grand acteur comique

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Hassan Bencheikh connu sous le nom de Hassan El-Hassani, est né le 21/04/1916 à Boghar, dans la daïra de Ksar El Boukhari, wilaya de Médéa. Il a suivi ses études primaires dans sa région natale pour l’obtention de son certificat d’études primaires. Son français s’est amélioré grâce à son père qui a enseigné cette langue pendant 30 années. L’artiste s’est marié en 1940 à Berrouaghia et est devenu père de 4 garçons et 3 filles, dont l’une est décédée avant lui en 1986. Il avait l’art et la manière de rester lui-même sur toutes les scènes, aussi bien dans la vie courante, sur les planches ou dans l’hémicycle de l’Assemblée populaire nationale (APN). C’était sa façon d’être. Celle aussi de s’exprimer. Normal pour un artiste né. La preuve est que Hassan El-Hassani n’a jamais fréquenté une quelconque école d’art. Son itinéraire professionnel était court. Au début, il était coiffeur à Boghar, puis à Berrouaghia. Il l’est resté jusqu’à la fin de 1947. Il a, aussi, géré la salle du cinéma Rex avec son frère Belkhir jusqu’en 1940. De 1947 à 1950, il a exercé plusieurs professions. De 1951 à 1954, il est devenu artiste au théâtre municipal avec Mahieddine-Bachtarzi. Parcours patriotique et artistique. Comédien, homme de théâtre, de cinéma, Hassan Bencheikh était aussi un militant de la cause nationale qui a participé activement en apportant sa note particulière et son sérieux en qualité de député du peuple algérien au sein de l’APN. Ammi Hassan est surtout connu sous le sobriquet de Boubagra, ou encore celui de Si Naïnaâ, un personnage naïf aux humeurs changeantes. Un paysan se perdant dans une capitale dont il découvre toute l’immensité et toutes les vicissitudes. L’artiste Hassan était intéressé depuis son enfance par les manifestations culturelles, sportives et sociales. Il a assisté en 1936 à la fondation de l’association CHAMS à Berrouaghia, cette ville qui l’a pris dans ses bras et qui lui a permis de se lancer dès son jeune âge dans la vie active en exerçant le métier de coiffeur de campagne. C’est d’ailleurs ce métier qui permet à l’artiste de comprendre qu’il est fait pour l’art. Le passage de la troupe théâtrale de Mahieddine Bachtarzi dans la région de Berrouaghia fait entrer le jeune Hassan de plain-pied dans le quatrième art. Il entame sa vie d’artiste professionnel durant les années 40 sous la houlette de Bachtarzi et Errazi. Hassan El-Hassani monte quelques sketches avant de réaliser sa première pièce « Les Rêves de Hassan », une satire socioreligieuse dénonçant le fait colonial. Ce qui lui a valu la prison de Bossuet et de Barberousse (actuellement Serkadji). Mais cela n’empêcha pas notre artiste de continuer son métier en créant des sketches pour remonter le moral de ses camarades prisonniers. Relâché à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, Hassan El-Hassani réalise la pièce « Kaïd Bouchoumoura ». Une pièce référence. Puisqu’elle est reprise en 1948 en changeant de titre, « El Houria », avant d’être représentée sous l’autre titre significatif, Le Complot en 1950. C’est dans cette même pièce qu’est créé le fameux personnage de Si Naïnaâ. Cette réalisation référence est encore une fois reprise après l’indépendance avec le titre le plus connu des Algériens : «Ti goule ou ti goule pas avec l’ajout d’un troisième acte : celui où on montre le drapeau algérien. Hassan El-Hassani fonde, avec son compagnonTayeb Abou El-Hassan la troupe L’Art algérien, avant de faire son entrée à la télévision en 1953 où il joue dans la pièce de Mustapha Badie, La Poursuite. L’artiste Hassan El-Hassani se fait découvrir comme « moudjahid » en exploitant un autre filon : la sensibilisation et la mobilisation de ses compatriotes contre le colonisateur. Après Si Naïnaâ, Hassan El-Hassani crée l’autre célèbre personnage, Boubagra, ce fameux paysan découvrant la vie moderne.

C’était du temps où Alger connaissait un exode rural sans précédent. Et le naïf Si Boubagra répond au vice par la sagesse et la bonté. Et c’est ce qui reflète bien ce monde comédien qu’il porte : Hassan El-Hassani. Il se lance dans le cinéma en jouant dans Le Vent des Aurès réalisé par Mohamed Lakhdar Hamina. Depuis, Hassan El-Hassani a interprété trente-cinq films dont de longs métrages italiens, français (Les Aveux les plus doux, Z) et égyptien (Souk Karya). Il a dû quitter le TNA après treize années d’exercice pour créer sa propre troupe, Théâtre des Quatre Saisons, qui a vécu de 1967 à 1978. On ne peut oublier les résonances du timbre de la voix de cet artiste aux fluctuations si limpides et avec laquelle il faisait partager le « rire » entre enfants et adultes. Il avait le don de donner sur scène cette chaleureuse bonté qui existait en lui. Durant le déclenchement de la deuxième Guerre mondiale, notre artiste a pu profiter l’occasion de la préoccupation du colonisateur par la guerre pour réaliser beaucoup d’œuvres à vocation patriotique.
Il été un grand formateur des acteurs qu’il a encadrés. On citera, entre autres, Mustapha El Anka, Doudja, Ouarda Amel, Stambouli et Nedjar. Et en reconnaissance de ce qu’il a présenté pour son pays dans différents domaines et comme cadeau d’anniversaire de sa 70ème année. Le défunt président Chadli Bendjedid l’a invité à l’accompagner aux États Unis durant les années 80 et où on lui avait organisé une petite fête pour la circonstance, de cet évènement il disait : «C’est le jour de mon anniversaire à San Francisco. C’est le plus beau jour de ma vie.». Même en étant élu à l’APN en qualité de député, Hassan Bencheikh ne quitte pas les habits de Hassan El Hassani, le comédien. « Il ne voulait d’ailleurs pas se représenter aux élections législatives de 1982 », avoue un de ses camarades députés qui précise qu’ « il voulait se consacrer au développement de la culture autrement ». Il était exemplaire dans son travail continu comme en témoignaient beaucoup de ses amis. Ses œuvres artistiques: Sa première était la pièce « Les rêves de Hassan, 1943», suivie d’autres pièces telles que Le « Caïd Bouchoumara, 1948 », « Si Naïnaâ à l’école », « Si Naïnaâ et 5 ha »,
« El Fahem », « Si Belkacem El Bourgoisi »… Comme il a participé à d’autres pièces qui ont montré son talent telles que : Si Hamouda, ti goul ti goul pas (1945), l’avare, Docteur malgré lui, Agha Mezaich. Il a participé dans beaucoup de films dont le nombre dépasse les 40 ; son premier film était « le charlatan» en 1959 au dernier film « les portes du silence » du réalisateur Amar Laskri en 1987, et d’autres films comme : « le vent des Aurès, 1966 », « l’opium et le bâton, 1969 », « les vacances de l’inspecteur Tahar ,1972 », « Évènements des années de braises, 1974 », « Bouamama, 1983 ». Avant sa mort de quelques jours, on lui a pris des scènes et des photos sur son lit de malade à l’hôpital Aïn Naâdja.
Dans son dernier film, « les portes du silence » il a pris le rôle du Moudjahid qui présente un témoignage vivant sur l’un des martyrs de notre Révolution. Cet évènement a mis en stupéfaction plusieurs artistes, réalisateurs et les amoureux du septième art. Hassan El-Hassani dit Boubagra est mort le vendredi 25 décembre 1987 à l’âge de 74 ans à la suite d’une longue maladie. Il repose au cimetière de Sidi M’hamed de Bouzaréah. Les personnages de Si Naïnaâ et de Boubagra restent à jamais gravés dans la mémoire des générations.

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