Le phénomène de l’émigration clandestine a fait l’objet d’un débat, lundi, au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d’Oran. Dans une communication intitulée « L’expérience migratoire illégale en France, cas des migrants clandestins algériens », Rim Otmani de l’École des Hautes études en sciences Sociales « EHESS » de Paris, a souligné que « les enjeux de l’immigration clandestine, qui s’amplifie de plus en plus depuis 2005, sont politiques et sociaux ». « C’est le projet de vie d’une catégorie sociale représentant les forces vives de l’Algérie. Il est loin du phénomène de l’immigration ordonnée de l’Algérie vers l’Europe, principalement vers la France, observée dans les années 1970 », a ajouté la conférencière soutenant que ce phénomène très complexe est favorisé par une multitude de facteurs d’ordre économique, politique, social, voire juridique. En outre, elle a indiqué que le phénomène de l’émigration clandestine a un nouveau visage, « celui des diplômés et des travailleurs qualifiés, âgés entre 18 et 30 ans avec une prédominance des hommes de classe moyenne ayant affronté un marché du travail précaire et, dans une démarche d’autonomie, tentent l’aventure ». Le recours à la « harga » est favorisé par la politique restrictive d’octroi de visas des chancelleries d’Europe, a-t-elle soutenu. Le processus migratoire illégal met en évidence la précarité sociale des jeunes clandestins dans les pays de transit ou d’installation, a ajouté Rim Otmani, affirmant que l’intégration des migrants clandestins en France s’effectue « dans un cadre strictement communautaire et s’organise autour du travail au noir. » Lors des débats, les intervenants ont souligné que le phénomène de la harga n’a jamais cessé en Algérie, même après le durcissement, en 2009, de la loi criminalisant l’acte de quitter clandestinement le pays et les multiples arrestations qui y ont été réalisées par les services de sécurité.
« Le pessimisme, le sentiment d’exclusion et la tentative de chercher un avenir meilleur ailleurs sont quelques unes des motivations animant l’esprit des jeunes qui rêvent d’autres cieux pour réaliser leurs ambitions », a-t-on souligné. Près de 13 000 migrants algériens ont été arrêtés aux frontières européennes en 2014, soit 2,6% du nombre total des migrants étrangers recensés faisant de l’Algérie le 9ème pays de provenance des migrants, a-t-on évoqué citant un rapport de l’ONG « Algeria Watch » en avril 2015 se référant à l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures (Frontex).