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Générale de «Tilissa» : Une nouvelle pièce du TR Béjaïa

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«Tilissa» (les frontières), la nouvelle pièce du T.R. Béjaïa dont la générale a été donnée dans l’espace éponyme, a résonné tel un pamphlet contre les préjugés et les stigmatisations de l’autre qu’elles soient d’ordre religieux, culturel ou autre et qui toutes participent du même procédé: l’exclusion et le confinement et, partant le dressage des frontières entre les communautés et les hommes. Adaptée de «La maison frontière» du dramaturge polonais Slawomir Mrozek et mise en scène par Aziz Hammachi, la pièce libère la parole et bat en brèche la pensée préconçue, les a priori et surtout la fermeture sur soi qui, loin d’améliorer les rapports humains, contribuent souvent à séparer les âmes et les territoires. Le spectacle, conçu en atelier, ne prend pas de gants pour croquer ces travers, du reste d’une actualité furieuse, mais le fait en nappant toute sa trame, de bizarrerie et d’absurde. La pièce met en lumière une famille de 4 personnes, visiblement nantie vivant dans un relatif confort qui soudainement par le fait d’un anodin hasard se retrouve secouer par une crise morale et existentielle des plus aigüe. Sa manifestation, va semer le trouble, l’incompréhension, voire les déchirures entre tous ses membres. Et pour cause, le père est conservateur, la mère féministe, l’enfant en rupture totale avec les traditions, qui va jusqu’à vouloir refuser d’engendrer des enfants et a souhaiter seulement en adopter, et sa fiancée, une étrangère, qui a fui son pays en quête de bonheur et qui finit vite par déchanter à cause des pesanteurs sociales de son nouvel environnement. Si bien qu’à terme, faute de compréhension, le foyer habituellement tranquille, perd de son éclat et vire à l’éclatement. Et ce n’est pas tout. La situation s’exacerbe et tourne au cauchemar, lorsque des diplomates délégués de l’ONU s’en mêlent pour rétablir l’harmonie et les équilibres intimes, en traçant des frontières et des espaces de vie à l’intérieure même de leur habitation. Ils ont ainsi tout bonnement dressé une ligne de démarcation au cœur du salon, renforçant l’isolement de chacun, empêché ainsi de communiquer ou d’y déambuler. À moins de présenter à la tutelle onusienne, un document de voyage. Tout l’équilibre familial en prend un coup et chacun broie du noir en se laissant envahir par des questions philosophiques et sur les mœurs ambiantes. Aziz Hammachi n’offre pas de sortie pour eux mais laisse le spectateur dessiner son propre épilogue, selon se inclinaisons. La pièce, bien qu’un tantinet glauque, n’en est pas un drame pour autant, allégée par l’absurde autant des personnages que de leur posture, enclins souvent à rire de leur propre sort. Un spectacle aigre doux en somme, décelable sous toute les latitudes avec une émotion identique, celle du bien être de la dérision. La pièce réadaptée et écrite par Smaïl Souffit, entièrement en tamazight a fait l’objet de plusieurs résidences d’écriture en France et en Algérie et été présentée comme un produit collectif. Son déroulement, ce lundi, a été accueilli avec enthousiasme. Outre la qualité du texte, décliné dans un kabyle chatoyant, l’œuvre a été relevée par le jeu admirable des acteurs.

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