La deuxième édition du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique s’est tenue, lundi à Dakar (Sénégal), en présence de 350 participants officiels de 47 pays, dont 30 représentant les pays africains. Cette édition a été l’occasion pour les présents de débattre et approfondir le dialogue stratégique entre les Africains et leurs partenaires internationaux, visant le renforcement de la paix et la stabilité en soutien au développement économique de l’Afrique. Sollicité à cette occasion à présenter l’expérience algérienne, en matière de lutte contre le terrorisme, le ministre d’État, ministres des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, a remis aux participants une contribution écrite de l’Algérie sur le thème central précité, de cette édition. Parmi les 350 participants venus de 47 pays, cette deuxième édition a vu la présence de quatre chefs d’État, 32 ministres, des experts et personnalités de haut niveau, civils et militaires, et des représentants d’organisations internationales et régionales. Dans son allocution, Lamamra a indiqué que l’Algérie avait, «sur le plan stratégique, vaincu le terrorisme grâce aux sacrifices de l’Armée nationale populaire, structurée et engagée, soutenue par la mobilisation et à la détermination du peuple algérien», a-t-il précisé. Ét d’ajouter aussi à «la faveur de la Concorde civile, suivie de la Charte pour la réconciliation nationale», dira Lamamra. Mettant l’accent sur l’effort “soutenu» de l’Algérie en matière de déradicalisation et de lutte contre l’extrémisme, sur les plans national, régional et international, le chef de la diplomatie algérienne a exprimé l’engament «constant» et « total» de l’Algérie quant à sa disponibilité pour faire bénéficier l’Afrique de cette «riche» expérience. Intervenant au cours de la plénière consacrée à la thématique des «Médiations africaines, quelles leçons pour la prévention et la gestion des crises?», Ramtane Lamamra a présenté, à cet effet, l’expérience et la vision de l’Algérie. Laquelle expérience a été présentée, outre par le rôle récent d’Alger dans la résolution des crises et des tensions au Mali, et bien avant entre l’Érythrée et l’Éthiopie, mais aussi par sa médiation au-delà des frontières africaines, à l’exemple de la libération des otages américains en Iran… Pour le chef de la diplomatie algérienne, «les bons offices et la médiation, que nos États comme notre Organisation continentale(Union africaine, ndlr) et nos communautés régionales, ont la vocation à promouvoir avantageusement, en amont et en soutien aux composantes de l’Architecture africaine de Paix et de Sécurité ainsi qu’aux Nations unies”, dira-t-il. Celles-ci «portent la promesse d’une rentabilité optimale de l’action collective de l’Afrique en matière de prévention et de solution des conflits». Ce qui confortera considérablement, selon Lamamra, «la consolidation de la paix, une fois restaurée, par la reconstruction et le développement», a-t-il indiqué. Pour celui qui a, durant plus d’une année, conduit la Médiation internationale pour le règlement de la crise malienne, il en tire de cette expérience sept principales contraintes que rencontre le médiateur. Il citera la multiplication des acteurs, confusion des approches, chevauchement des démarches, duplication des efforts, tendance à la manipulation des intervenants par les parties, et la rigidité des procédures conventionnelles, ainsi que la lenteur et lourdeur des mécanismes traditionnels de règlement des différends et conflits. Ce qui l’amène à souligner que «l’édification de la paix est une tâche de longue haleine» laquelle, selon lui, «s’articule autour d’activités, se complétant et se soutenant mutuellement, et auxquelles les concours que des pays de bonne volonté peuvent apporter ne sont ni mineurs ni accessoires», précise-t-il. Citant la situation du Mali, comme d’autres, le responsable affirme que «le terrorisme et le crime transfrontaliers sont des ennemis actifs des médiations, dont le succès a pour effet de priver ces fléaux de leur terreau», a-t-il rappelé. Ne manquant pas, à cette occasion, de pointer du doigt la responsabilité des acteurs des interventions étrangères, quant aux conséquences qui en découlent. Il a affirmé à ce propos que «les soulèvements populaires qui ont donné lieu à des interventions militaires étrangères», précise-t-il, «ont été accompagnées de la prolifération de groupes terroristes qui vouent des pays, comme la Libye, à une instabilité chronique, nourrie de déchirements fratricides», a indiqué Lamamra. Pour celui-ci, «le moment semble particulièrement opportun pour diriger un regard à la fois introspectif et prospectif sur le parcours de l’Afrique», sur les avancées et les faiblesses enregistrées, notamment dans les «processus nationaux», et ce, en ce qui concerne «la pertinence et l’efficacité de l’action collective développée par l’Union africaine et ses Communautés régionales en matière d’appui à la démocratie et à la bonne gouvernance», a-t-il indiqué. Ce qui devrait être de même, s’agissant de «la mission de prévention et de règlement des crises et conflits» selon Lamamra. La réflexion collective approfondie que la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement, ainsi que le Conseil de paix et de sécurité de l’UA, sur les problématiques inter-reliées de la bonne gouvernance et de la paix et de la sécurité, doit, souligne Lamamra, «apporter des réponses à une large gamme de questions d’ordre doctrinal, politique et opérationnel». Et de rebondir en déclarant que «nos présents échanges semblent particulièrement prometteurs», estime-t-il, pour l’enrichissement de la réflexion collective «d’une contribution frappée du triple sceau de l’indépendance, de l’expérience et de l’espérance», a conclu Lamamra.
Karima Bennour