Accueil RÉGIONS Filière lait à Boumerdès : La production en perpétuelle régression

Filière lait à Boumerdès : La production en perpétuelle régression

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Les difficultés qui entourent la filière lait ont mis un grand nombre d’éleveurs dans une situation extrêmement délicate, contraignant certains d’entre eux à mettre fin à leur activité. Plus de 300 éleveurs de la région de l’est de Boumerdés ont cessé leur activité à cause de la cherté de l’aliment du bétail ainsi que d’autres difficultés. Le retard dans le versement par l’état de la subvention de 12 DA par litre de lait produit est un autre problème qui vient s’ajouter au calvaire des éleveurs de la région. Rencontrés dans la localité de Baghlia des éleveurs nous ont fait part de leurs difficultés quant à l’amélioration ou au mieux maintenir cette activité pourtant fortement implantée dans cette contrée et dans toute la région est de Boumerdés.
Certains ne pouvant plus faire face à ces contraintes n’ont pas hésité à jeter l’éponge et changer d’activité. Comme c’est le cas de Kamel, un éleveur de la localité qui a fini par arrêter en vendant toutes ses vaches. « Je reviendrais à l’élevage une fois que le prix de l’aliment ‘’ le son’’ redescend à 500,00 DA comme en 2008 » lancera-t-il avec colère en dénonçant la spéculation faite autour de cet aliment. Il ajoutera que l’état ne fait rien pour aider les éleveurs et laisse les spéculateurs détruire la filière. D’autres paysans présents abondent dans la même logique de contraintes qui frappent leur activité alors qu’elle prospérait par le passé.
Pour l’éleveur le problème principal réside dans le prix de l’aliment de bétail dont le principal est celui lié au prix du son entouré d’une forte spéculation sans que l’état intervienne pour le contrôle et le réguler. Les aviculteurs eux, sont vivent non seulement le problème de l’aliment, mais ceux relatifs, à la commercialisation, les produits médicaux et autres.
Les fellahs en général évoquent le problème du foncier agricole, l’irrigation, l’insuffisance des aides et le stockage des produits. Il est à souligner que la wilaya de Boumerdés qui compte en 2014, plus de 4 000 génisses, se retrouve actuellement à seulement 2 000 ce qui impliquent négativement sur la production laitière qui a baissé de 50 %. Ces chiffres expliquent les difficultés qui entourent cette activité qui est en train de ‘’mourir’’, s’inquiètent les éleveurs. Tout en dénonçant le trafic du son qui fait le bonheur des spéculateurs, Kamel expliquera qu’une importante quantité importée du blé subventionné est cédée aux minorités publiques et privées lesquelles après avoir extrait le son à hauteur de 30%, le revendent aux éleveurs à plus de 2 500,00 DA. Il est à préciser que le blé subventionné coûte 1280,00 DA.
Les minorités demandent de plus en plus de quantité de blé pour la transformation en semoule, et farine, mais surtout pour le son objet de spéculation. Les grossistes l’acquièrent à 1500,00 DA pour le revendre sur place aux éleveurs à plus de 2500,00 DA et dés fois certains privés le revendent à des prix dépassant les 3 500,00DA précisera-t-il. Voulant savoir plus sur le processus de l’aliment son qui n’arrive pas aux éleveurs, nous nous sommes dirigés avec un confrère, vers la minoterie de Baghlia, mais le directeur a refusé de nous recevoir en évoquant l’autorisation de la direction générale pour parler à la presse.
Toutefois, les éleveurs qui sont confrontés en permanence aux difficultés d’approvisionnement en ce produit de première nécessité en tant qu’aliment pour leurs vaches laitières dénoncent la spéculation, voire même entretenue à cause du silence assourdissant des autorités compétentes. Une vache laitière bien nourrie revient à plus de 1000,00DA/jour. Conscient du véritable probléme de la filière lait, l’ex-ministre de l’agriculture Sid Ahmed Ferroukhi a initié certaines mesures viser à aider les éleveurs, notamment en dotant la vache laitière de 04 kg et allant vers une véritable subvention en matière du son, mais cela reste insuffisant, déplorent les éleveurs qui attendent beaucoup plus du nouveau ministre.
Ami Saïd qui possédait 35 vaches en 2014 vit le même calvaire lui qui a toujours exercé dans l’élevage ainsi que ses enfants. Il ne lui reste que 20 vaches laitières à cause des difficultés liées à leur alimentation qui est devenue très chère dira-t-il en déclarant qu’à chaque fois, il vend l’une pour pouvoir subvenir aux autres. « Et c’est ce que je vais continuer de faire jusqu’à la fin » s’inquiète-t-il en ajoutant que ses enfants sont découragés et ils veulent faire autre chose que l’élevage.
La production de lait a sensiblement baissé dans notre région va-t-il relevé. «Le prix de revient du lait est de 70,00 DA et il est cédé par l’éleveur entre 30,00et 35,00 DA en plus des 12,00 DAde subvention de l’état ce qui engendre une perte de plus de 20,00 DA à l’éleveur » s’inquiète-t-il. Plus 300 éleveurs ont cessé l’activité car n’étant plus rentable. Ils n’avaient d’autre choix que de vendre les vaches laitières à des prix bas pour finir dans des abattoirs. Notre interlocuteur a dénoncé l’absence de protection de la génisse et la mauvaise répartition de la subvention qui lui a été allouée.
Des milliers de génisses ont été vendues et égorgés car elles reviennent moins chères que la viande de bœuf. «Allez au marché hebdomaire de la ville pour constater du visu à combien est cédée la génisse pour finir dans un abattoir alors qu’elles sont importées en devises » s’inquiète sadek. Un autre éleveur, Ami Rabah, un ancien éleveur qui a hérité d’une ferme à la sortie de Baghlia est logé à la même enseigne que les autres éleveurs de la région. En plus des problèmes liés en aliments de bétail pour parfaire son élevage de plus de 80 vaches laitières, il se plaint de l’exiguïté du lieu, de non payement des 12 DA de subvention ainsi que l’attribution de son quota du son. N’étant pas découragé, il a émis le vœu d’élargir son élevage dont la production laitière actuelle dépasse les 100.000 litres. Il souhaite acquérir des superficies en nous montrant des terrains de proximité en jachère et d’autres cultivés en vigne sans intérêt, se désole-t-il.
La politique de l’insémination artificielle est aussi montrée du doigt car n’ayant pas donné des résultats escomptés à cause du trafic dans le domaine. Cet état de fait pousse, les éleveurs encore en activité à recourir à l’ancienne méthode c’est-à-dire par ‘’le taureau’’. Ce qui ne donne pas souvent de bons résultats, se plaint Lounés un autre éleveur de la localité d’Ouled Khedache. Le président de l’ONDA « l’Office National du Développement Agricole », Rabah Ounich qui nous accompagné durant le reportage a dressé un constat sombre sur le secteur de l’agriculture en général et la filière laitière en particuliers.
Pour lui le développement agricole passe par une prise en charge réelle des problèmes des agriculteurs. Il préconise le retour à l’authentique fellah, la libération des associations pour toutes les filières activant dans le domaine agricole, l’amélioration et une meilleure gestion des subventions et des aides qui doivent profiter directement aux agriculteurs. La réhabilitation et la réalisation d’autres barrages, la création de laboratoires d’analyses et la lutte contre les spéculateurs sont aussi indispensables que déterminants pour amorcer un véritable développement agricole.
B. Khider

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