Cadre juridique, cadre administratif, changement de mentalités… sont autant d’ingrédients nécessaires pour la création d’un écosystème optimal pour le développement des start-up. M. Fardjellah Benaïssa, expert en B2B Business développement et co-fondateur d’Opticharge, revient, dans ce bref entretien, sur une volonté politique qui tarde à se traduire en actes.
Entretien réalisé par Hamid F.
Le Courrier d’Algérie : Les start-up semblent être l’un des chevaux de bataille du nouveau Gouvernement qui fait de l’économie de la connaissance et de la digitalisation l’un des grands axes de son plan d’action. Est-ce que le climat actuellement s’y prête ?
M. Fardjellah Benaissa : nous avons noté une grande volonté de développer les start-up. Mais ce n’est pas en se réveillant du jour au lendemain qu’on a l’écosystème adéquat. Le tout reste à faire, à commencer par un cadre légal et un cadre administratif qui permettent l’émergence d’acteurs en nombre et en qualité suffisants. Et ce n’est pas en claquant des doigts qu’on a cet écosystème tant rêvé. Et ça risque – je crains – que ça prenne du temps.
– On parle aussi du préalable de changer les mentalités…
– J’ai envie de dire que, parfois, on rencontre des P-DG de grandes entreprises publiques qui nous regardent comme des « jouets » et, eux, à la tête du temple de l’économie nationale. Or, la compétence n’est pas une position dans une entreprise. Nous aussi, nous sommes conscients de la nécessité de sortir l’économie algérienne de la dépendance aux hydrocarbures. Nous avons – aussi – conscience que le produit algérien n’est pas compétitif et nous voulons participer à la réduction de son coût… Le changement doit commencer par là : qu’on sache que les start-up peuvent elles aussi apporter de la valeur. Qu’on cesse de regarder les promoteurs d’idées nouvelles d’en haut. C’est là le gros du changement vers lequel on devrait aller.
-Il y a donc toujours cette bureaucratie qui empêche les choses d’évoluer ?
-C’est surtout une forme de résistance qui vient du fait qu’on ne sache pas de quoi il s’agit réellement. Il faut qu’on comprenne que le changement n’est pas forcément quelque chose de mauvais. Aujourd’hui, il y a des jeunes qui ont une bonne maîtrise de la digitalisation. Et je pense qu’on a tout à gagner à les écouter : ils peuvent apporter beaucoup aux grandes entreprises.
-Aujourd’hui, on a tout un ministère délégué chargé des start-up. Est-ce qu’il est à votre écoute ?
-Oui, sur ce plan-là, on a constaté une ouverture. Je crois qu’il y a une réelle prise de conscience de la part des autorités de donner leur chance aux nouvelles générations. L’on fait des réunions, l’on ordonne des études… Mais il faudra attendre que des mesures palpables soient prises et que la volonté politique se traduise en actes.
H. F.