Les élèves du secondaire et leurs parents sont dans l’expectative en raison de la persistance de la grève. Jour après jour, ils n’attendent qu’une chose: l’annonce de la reprise des cours pour tenter de rattraper, avant qu’il ne soit trop tard, le reste de l’année scolaire. En attendant, chacun s’arrange du mieux qu’il peut pour être »à jour ». Une seule alternative se présente : celle d’intensifier les révisions pour assimiler le programme, abandonné depuis près d’un mois, à l’appel d’une grève qui s’éternise. Le recours aux cours particuliers reste la solution la plus prisée par les élèves. Bien que de nombreux élèves recourent, depuis des années, aux cours particuliers, plus communément appelés cours de soutien, pour garantir leurs chances de succès aux examens de fin d’année notamment, il n’en demeure pas moins que la poursuite de la grève reste le facteur stimulant de ce »rush ». Ce commerce lucratif pour de nombreux enseignants, qui, face à un pouvoir d’achat des plus laminés, ont opté pour cette activité dans le but d’améliorer leurs revenus, enregistre, à la faveur de l’interminable grève dans le secondaire, un engouement spectaculaire. Nombreux sont les parents qui, appréhendant les examens de fin d’année, et le spectre de l’année blanche, ont tenu à inscrire leurs enfants pour leur assurer suivi et révision réguliers en attendant la fin d’une grève qui ne semble pas trouver son dénouement. En attendant, ce genre d’activité, qui n’était, de l’avis de nombreux parents qu’une véritable »mode » pour les élèves, tous cycles confondus, devient tout simplement »incontournable », selon leurs déclarations, depuis le déclenchement et la persistance de ce débrayage. Chaque jour que Dieu fait, chacun s’attend à une reprise des cours. En vain. Sous la pluie et le froid qui caractérisent ces dernières semaines, les élèves, partagés par des sentiments de dépit et de soulagements, font le chemin de l’école pour revenir, quelques heures plus tard, bredouilles à la maison. Cette grève qui poursuit son bonhomme de chemin a incité de nombreux parents à combler »ce vide » et surtout faire en sorte que leur progéniture ne perdent pas le… fil, d’autant que l’année scolaire est bien trop entamée. Nombreux sont les parents qui encouragent, d’ailleurs, leurs enfants à »prendre » des cours particuliers, allant jusqu’à débourser d’importantes sommes d’argent pour, expliquent-ils, optimiser les chances de réussite de leurs bambins. Il va sans dire que ce phénomène a pris de l’ampleur. Idem pour les tarifs de ces cours de soutien qui varient en fonction du niveau et de l’importance de la matière dispensée, sachant que généralement les parents d’élèves sont prêts à faire le sacrifice qu’il faut pour voir leurs enfants réussir dans leur cursus scolaire, qui est sanctionné par le passage d’un niveau à l’autre ou plus encore garantir les examens de fin d’année en l’occurrence le baccalauréat qui est pour eux, synonyme d’avenir et de continuité et de succès professionnel. Les nombreux enseignants ayant opté pour cette formule pour arrondir les fins de mois difficiles et améliorer, ainsi, leurs conditions de vie, exercent cette activité dans des conditions, le moins que l’on puisse dire d’elles est qu’elles ne répondent nullement aux critères pédagogiques requis, dans la mesure où la plupart des enseignants s’adonnant à cette activité, »font de leur mieux » pour »inscrire » le maximum d’élèves à leurs cours qu’ils dispensent un peu partout ( garages, chambre de leurs domiciles, etc.) et généralement dans des endroits exigus par rapport au nombre impressionnant d’élèves inscrits. Le prix a, lui aussi, sensiblement augmenté. Variant entre 1200 et 1500 DA par matière pour des classes atteignant les 100 élèves. Sans confort et encore moins de commodités pour une assimilation satisfaisante, les malheureux enfants assistent parfois juste pour contenter leurs parents qui se sentent, plus ou moins rassurés. Le jour où les cours reprendront, nos enfants seront prêts, nous assurent ces mêmes parents qui se voient contraints à cela. Pour ces enseignants, seul, l’aspect pécuniaire compte à leurs yeux. Comment expliquer si non, que ce genre de cours soit dispensé à tous les paliers de l’enseignement, s’est insurgée, Samia, une enseignante dans un lycée de la ville. La »prolifération » des cours de soutien ciblant même les élèves de première année primaire, a-t-elle dénoncé. Certes, les élèves des classes d’examen sont dans le besoin d’un soutien qui leur permet de renforcer, voire mieux assimiler leurs leçons, particulièrement en ce qui concerne les matières dites essentielles telles les mathématiques, la physique et les sciences, qui sont les plus ciblées aussi bien par les élèves en quête d’amélioration de leurs résultats scolaires, mais les tarifs pratiqués sont ahurissants. Les enseignants qui voient en ces cours une rente appréciable leur permettant de »souffler » et faire face à leurs contraintes financières, ne voient en réalité pas l’aspect négatif découlant de ce commerce, car l’importance accordée aux cours de soutien s’accroît, a-t-on indiqué, par ailleurs, dans le cercle des enseignants, plus particulièrement avec cette interminable grève et l’approche de la fin de l’année scolaire, période qui met à vif les nerfs des parents et de leurs enfants, qui deviennent plus préoccupés par leur avenir scolaire, et tentent, par tous les moyens possibles, de combler les lacunes enregistrées par leurs enfants. Même si leurs prix sont exorbitants, ces cours de soutien sont, pour l’heure, »obligatoires » pour tous ceux qui auront à présenter le baccalauréat qui ouvre les portes de l’université. Ainsi les parents d’élèves acceptant ce genre de sacrifice, estiment, selon les déclarations de certains, que le jeu en vaut la chandelle. Et si la grève persiste, le sacrifice ne sera que plus… éprouvant.
Khadidja B.