La Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC) a exposé ses attentes pour 2022, dans l’entretien accordé hier matin par son président, Sami Agli, à la chaîne 3 de la radio algérienne dont il était l’invité de la rédaction.
D’abord, le Code des investissements, «nous avons hâte de découvrir son contenu», a dit Sami Agli. C’est un fait, les investisseurs étrangers et nationaux continuent, dans le meilleur des cas, de traîner les pieds malgré les appels pressants du gouvernement, et les promesses, censées être alléchantes, de facilitations diverses. Vont-ils changer d’allure et se bousculer au portillon, à la lecture du nouveau Code des investissements ? Le souhait de Sami Agli est que ce texte de loi soit « attractif à l’investissement local et international et non pas répulsif ». Il définit le code de l’investissement comme une locomotive réelle de la relance économique Il estime que «l’investissement aujourd’hui doit être encadré avec un ancrage juridique clair, transparent et accessible à tous». Il admet que ce projet de loi est «un chantier énorme et, en même temps, très lourd en responsabilité». La CAPC attend également la révision du Code du travail, un important chantier qui doit être lancé pour s’amarrer aux standards et aux défis actuels, selon Sami Agli qui cite l’exemple du télétravail qu’il faut «encadrer par la loi». Il ajoute que la réforme du système financier aussi est « un chantier urgent et prioritaire », c’est « la mère des réformes », précise-t-il.
Autre préoccupation de Sami Agli : le digital. «Ce ne sont plus les entreprises financières ou industrielles qui dessinent, aujourd’hui, l’économie mondiale, mais bien les entreprises du digital», dit-il. C’est «un tsunami et il faut être prêt à faire face à ce gros changement». Il avertit que «cela va s’accentuer davantage avec l’arrivée de la 5G et l’arrivée massive de l’accès Internet, qui devient aujourd’hui comme n’importe quel autre droit humain». Pour Sami Agli, la relance économique est liée au cadre réglementaire et législatif.
En novembre dernier, déjà, sur les mêmes ondes, le président de la CAPC avait exprimé «l’attente des chefs d’entreprises en termes de révision des textes régissant l’activité économique qui est énorme après près de 3 années de crise». Il avait recommandé d’aller «vite dans la mise en œuvre d’un nouveau cadre légal régissant l’activité économique, tout azimut, aux standards internationaux». Dans son entretien d’hier matin, Sami Agli a souhaité que «l’année 2022 soit réellement l’année de la rupture avec l’ancien modèle économique».
Rompre avec les anciennes pratiques
Pour rappel, cet ancien modèle économique est parfaitement symbolisé par l’ex-FCE (Forum des chefs d’entreprise) qui était dirigé par Ali Haddad, aujourd’hui en prison pour une longue durée ainsi que d’autres membres de cette organisation patronale, tous condamnés ou poursuivis dans de multiples affaires de corruption. Ces affaires de corruption ont coûté à l’Etat des sommes énormes, «hors-échelle», qui ont été gracieusement distribuées à ces ex-patrons comme aides à des investissements qui n’ont jamais vu réellement le jour. Le président de la CAPC a appelé à la rupture avec les anciennes pratiques qui ont eu des «conséquences désastreuses» sur le Trésor public et le développement économique national. Ces derniers jours, la CAPC a joint sa voix à celles d’experts algériens qui ont dénoncé le contenu du rapport- qualifié de mensonger- établi par la Banque mondiale sur l’économie algérienne.
Pour la CAPC, ce rapport est «très loin des changements fondamentaux que connaît l’économie nationale, aussi bien en termes de textes réglementaires et législatifs qu’en termes de croissance enregistrée et des grands chantiers lancés malgré les répercussions de la pandémie de COVID-19». La CAPC va plus loin et considère que «ce rapport se veut un procès contre l’Algérie, en faisant la propagande de plusieurs incertitudes tout à fait lointaines des faits sur la terrain», alors que «l’Algérie connaît un bond relativement tangible, compte tenu de la situation générale que connaît la plupart des économies mondiales».
M’hamed Rebah