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Enchères : Un tableau rare de Gauguin adjugé 9,5 millions d’euros

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«Te Bourao II» a été adjugé «près de deux fois son estimation», alors que le peintre est sous le feu des critiques, en raison des relations qu’il aurait eues avec des Tahitiennes mineures.

Un rare tableau de la période tahitienne de Paul Gauguin, « Te Bourao II », a été adjugé 9,5 millions d’euros (10,5 millions de dollars), mardi, chez Artcurial à Paris, soit « près de deux fois son estimation ».
L’enchère, précise la maison de ventes, a été remportée par un « collectionneur international », qui a fait savoir que le tableau resterait en France. Aucune œuvre de la période tahitienne de l’artiste n’avait été présentée sur le marché français depuis plus de vingt ans.
Cette vente chez Artcurial était un événement tant il est rare de trouver un Gauguin de cette période dans un très bon état. Le dernier tableau de cette période vendu aux enchères, « Cavalier devant la case », l’a été en 2017, chez Sotheby’s, à New York, pour un montant de 7,5 millions de dollars. Le record absolu pour un Gauguin remonte à 2006 : « L’homme à la hache » avait été adjugé 40,3 millions de dollars chez Christie’s à New York.
La période tahitienne de Gauguin, dont sont issues plusieurs de ses plus belles toiles exposées dans les plus grands musées, est la plus prisée des collectionneurs et la plus connue du grand public. Elle est aussi fortement controversée, en raison des relations qu’il aurait eues avec des Tahitiennes mineures, dans le contexte actuel de dénonciation des abus sexuels commis par des artistes contre des femmes.
Cette huile sur toile de 1897 fait partie d’un cycle de neuf tableaux réalisés à Tahiti. Le peintre français (1848-1903) les avait envoyés à Paris pour une exposition à la Galerie Ambroise Vollard, au succès limité. Le galeriste avait conservé « Te Bourao (II) » et, à sa mort, il était revenu à ses héritiers qui l’avaient revendu en 1995 à l’acheteur qui s’en est délesté aujourd’hui.
En 1891, le peintre s’installait à Tahiti, espérant fuir une civilisation occidentale trop artificielle à son goût. Il peindra de très nombreuses toiles. Puis il sombrera dans la dépression, la solitude et la détresse matérielle. Cela ne l’empêchera de peindre en 1897 « D’où venons-nous ? » et, parmi d’autres moins fameuses, « Te Bourao II ».
Évocation probable d’« un paradis perdu avec une nature vierge et une présence très limitée de l’Homme » (un cavalier qui s’en va), c’est le dernier tableau de ce cycle à être encore entre des mains privées. Il a notamment été exposé au MET à New York de 2007 à 2017.
Pour Bruno Jaubert, directeur associé chargé du département d’art moderne à Artcurial, « le fugace séjour terrestre de l’homme se dévoile sous le pinceau du créateur : du paradis perdu de l’enfance au ténébreux mystère de l’au-delà ». Les autres tableaux de ce cycle sont exposés dans des musées du monde entier : l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, le Barber Institute à Birmingham ou encore le Musée d’Orsay à Paris. Le plus connu, véritable œuvre testament, qui s’intitule « D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? », est exposé au musée des Beaux-arts de Boston.

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