Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, élu à l’issue du scrutin présidentiel du 12 décembre dernier, dans les conditions que tout le monde connait, ira-t-il jusqu’à briser la chape de plomb qui s’est installée entre lui et la région Kabyle qui a carrément boudé l’élection qui l’a propulsé chef de l’État. Les jours à venir nous le diront sûrement. En attendant, l’élu aux destinées du pays a reçu, jeudi, l’invitation des organisations de jeunesse et de la société civile de Tizi-Ouzou, pour faire de cette wilaya sa première escale lors de ses prochaines sorties au niveau national, rapporte une information de l’agence officielle APS. Dans une rencontre tenue à l’hôtel Ittourar, à la sortie sud de la ville, un « appel solennel » a été, selon la même source, lancé au président de la République pour qu’il effectue sa première sortie sur le territoire national à partir de la wilaya de Tizi-Ouzou, et en faire de ce déplacement, un « point de départ de la concrétisation de ses promesses et engagements ». La wilaya a « beaucoup donné à l’Algérie à travers son Histoire » soutiennent les rédacteurs de cet appel. Et d’ajouter : La région a « grandement besoin pour secouer l’état léthargique de son développement et la doter de projets à même de permettre de relancer son essor économique et social au profit des populations ». Pour les rédacteurs dudit appel, la nouvelle réalité née de la dernière élection présidentielle constitue, « une étape nouvelle qui ouvre la voie à l’édification d’une nouvelle République réclamée par l’ensemble du peuple algérien dans le cadre de l’’unité et des constances nationales ». Les auteurs de cet appel pour qui le processus de réformes engagées par le président de la République « émane d’une conviction et une volonté sincères », appelle en outre « l’ensemble des forces vives de la société à se rassembler autour du programme » du président Tebboune et à « contribuer à l’enrichissement et au développement du projet national ». C’est dans cette optique que, les rédacteurs de ce document, ont sollicité l’ensemble de la société civile à « participer au dialogue et à la concertation entre les différentes sensibilités de la société pour renouer la confiance entre les institutions de l’État et le peuple » et aussi « permettre à la jeunesse d’accéder aux postes de commandes et contribuer à la construction de l’Algérie nouvelle.
Toutefois, il est à se demander qu’elles sont ces organisations de la société civile ? Sont-t-elles représentatives ? L’information relayée par l’APS n’a pas soufflé mot sur l’identité des signataires de cet appel, ni sur la nature ou les noms de ces « fameuses » organisations. La région ; bastion de la démocratie, et connue pour son hostilité aux pouvoirs successifs, a tout le temps pris ses distances avec les décideurs jusqu’à l’arrivée de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier même s’il n’a pas réussi à soumettre totalement toute la région ; s’est vu tout de même offrir plusieurs réseaux et comités de soutiens pour promouvoir son programme. Et non seulement : Plusieurs Assemblées populaires communales ont été gérées par des élus RND, FLN-ce qui était impensable il y a juste quelques années- et les associations de différents caractères, social, économique, culturel, avaient poussé comme des champignons bénéficiant de fortes subventions de l’État. Est-il possible que c’est ces mêmes réseaux dormants qui s’agitent aujourd’hui pour faire venir le Président dans une région qui a connu zéro vote ? Possible. Sauf que le président Tebboune n’a pas attendu l’invitation de ces organisations pour émettre son désir de visiter la région rebelle. Au lendemain de son élection, Abdelmadjid Tebboune s’est même excusé auprès de la population pour n’avoir pas pu se rendre en Kabylie, lors de la campagne électorale, en raison d’un agenda supposé être chargé. Il avait même promis de se rendre dans la région dès que possible. Brahim Oubellil