Dans un long rapport, rendu public hier, la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (Laddh) passe au peigne fin le dossier du couffin de Ramadhan. Chiffres en appui, évoquant un nombre effarant d’un million et demi de familles «nécessiteuses», elle décrie les conditions de distribution de ces dons alimentaires de l’État. «On recommence, chaque année, les couffins du Ramadhan alimentent la polémique et ne semble pas être maîtrisée du tout à cause de la mauvaise gestion de ce dossier par les pouvoirs publics. Il a fallu l’arrivée du Ramadhan pour que le ministère de la Solidarité reconnaisse l’existence de 1,5 million de familles dans le besoin», lance en guise de préambule la Laddh dans son rapport tout en émettant des doutes sur le chiffre émis par les pouvoirs publics. «Ce chiffre est encore plus effrayant, car il ne représente que les familles inscrites au couffin du Ramadhan», fait observer la Ligue. La Ligue souligne, un peu plus loin, qu’il y va des droits de l’Homme et que «l’éradication de l’extrême pauvreté́ en Algérie n’est pas seulement un devoir moral mais aussi une obligation légale, à travers les lois existantes sur les Droits de l’Homme». Sur ce, la LADDH balance ses chiffres, et sans plus de détails sur les sources sur lesquelles elle s’appuie et constate que durant le Ramadhan 2018, pas moins de 1 547 327 démunies sont recensées et réparties en quatre catégories, à savoir 944 000 bénéficiaires de l’allocation forfaitaire de solidarité (AFS), 289 896 bénéficiaires du dispositif d’activités d’insertion sociale (DAIS), 200 000 bénéficiaires de l’allocation pour personnes handicapées à 100%, et, enfin, 113 431 démunis non assurés. Reprenant le dossier du couffin de Ramadhan, la LADDH revient sur des lieux-dits et accuse les pouvoirs publics d’avoir failli à leurs obligations en matière d’assistance aux «personnes dans le besoin tout au long de l’année», et non «pas seulement pendant le mois de Ramadhan». La Laddh y va également sur les failles du dispositif du couffin de Ramadhan… et sur ce que colporte la vox-populi comme détournement et absence de transparence dans la distribution de ce couffin. En guise de remède, la Laddh propose «la suppression» du couffin du mois de Ramadhan et son «remplacement par un chèque de pas moins de 20 000 DA», une manière, explique-t-elle, qui est seule à même de «préserver la dignité des personnes nécessiteuses».
Farid Mellal