À cinq mois des élections présidentielles, Louisa Hanoune, leader du Parti des travailleurs (PT), affûte ses armes. Intervenant, hier, en marge d’une session du bureau politique de son parti à El-Harrach (Alger), Hanoune a affirmé qu’elle refuse les appels pour «la Continuité» consistant à permettre un nouveau mandat au président Bouteflika, lancés par les partis connus sous le sobriquet de «l’allégeance». Pour Hanoune, l’attitude des responsables de l’État qui parlent de perspectives jusqu’à 2022 est «inadmissible», car «ils se voient être en poste à vie, comme si le statu quo va se maintenir». Soulignant que «la situation du pays nécessite la sauvegarde de toutes les conditions pour éviter le chaos, et ainsi d’ouvrir les portes devant les ingérences étrangères», Hanoune a fait savoir que le préalable «est de s’affranchir du régime en place qui constitue un danger sur la pérennité de l’État». «Nous constatons des actions chez les partisans du statu quo qui agissent sous le couvert de la Continuité, appuyés dans leur démarche par les prédateurs, qui ont bradé les entreprises étatiques, pillé la Trésorerie publique et causé une crise économique étouffante. Pour ces gens, seuls leurs propres intérêts comptent, au détriment de l’existence de l’Algérie», a-t-elle affirmé devant des journalistes et députés de son parti. Elle poursuit : «pour eux, la continuité ne signifie pas l’indépendance et la souveraineté de la République, menacées par la corruption du régime en place et le creusement des injustices sociales, mais de continuer à s’emparer des voix électorales à l’occasion des prochaines élections, empêchant ainsi le peuple d’une réelle représentativité, ce qui a comme conséquence un taux d’abstentionnisme à environ 80 %». Hanoune a accusé les formations politiques qui drivent cette démarche (FLN, RND, TAJ et MPA) de velléités manifestes pour bourrer les urnes durant le prochain vote. «Il est clair comme évident aujourd’hui, que ces gens-là ont encore une fois l’intention d’utiliser les mêmes procédés de fraude durant le prochain rendez-vous électoral, quitte à provoquer un chaos général. Car continuer à gonfler les élections, mènera inéluctablement au chaos», a fustigé Hanoune, avant d’enchaîner ensuite un lourd réquisitoire contre les partis de l’allégeance. «De quelle Continuité parlent-ils ; la continuité des transferts de centaines de milliers d’euros chaque semaine ? La continuité de cette bombe à retardement qui est le chômage, alors que le gouvernement n’a réussi qu’à supprimer un million de postes d’emploi du fait de non remplacement des départs à la retraite ?», s’est interrogée Hanoune, pointant également le maintien, dans le PLF 2019, des «politiques de désertification» qui consacrent le chômage élevé chez les universitaires ; la réévaluation à coûts de milliards de dinars des projets publics, les injustices fiscales, des conditions socioéconomiques difficiles pour les travailleurs, la fragilité de la Caisse des retraites. Argument retenu par le PT pour voter contre le PLF aujourd’hui, car «l’absence de nouvelles taxes ne pourrait camoufler ou travestir la nature austère de cette loi ».
Hamid Mecheri