L’armée égyptienne a annoncé samedi avoir lancé des frappes aériennes dans le nord de la péninsule du Sinaï, au lendemain d’une attaque du groupe jihadiste État islamique (EI) contre un poste de contrôle militaire qui a tué 12 soldats.
Le nord du Sinaï est le repaire en Égypte des jihadistes de l’EI, qui infligent régulièrement des pertes aux forces de sécurité depuis que l’armée a destitué le président islamiste Mohamed Morsi en 2013. Vendredi, 12 soldats ont été tués dans l’attaque de leur poste de contrôle dans la région de Bir al-Abd, une zone relativement épargnée par les violences à l’ouest d’Al-Arich, chef-lieu du nord-Sinaï. Elle a été revendiquée par la branche égyptienne de l’EI.
« Plusieurs formations de l’armée de l’air ont décollé à l’Ajouteraube samedi pour une mission de reconnaissance des cibles (..) et mener des frappes aériennes concentrées qui ont duré trois heures », a annoncé le haut commandement militaire dans un communiqué, précisant que « les opérations sont toujours en cours ». L’armée affirme avoir visé « les repaires de groupes d’éléments takfiris armés, impliqués dans la préparation et l’exécution de l’assaut terroriste » qui a visé ses soldats vendredi.
« Un certain nombre d’éléments takfiris (terme désignant les groupes jihadistes ou islamistes radicaux sunnites ndlr) et leurs complices ont été tués », souligne le communiqué sans dévoiler un bilan précis, ajoutant toutefois que « des entrepôts d’armes et de munitions ont été détruits ». Selon le gouvernement, des centaines de policiers et soldats ont péri dans les attentats perpétrés par les jihadistes, qui frappent aussi parfois la capitale égyptienne Le Caire et le Delta du Nil.
Depuis 2013, l’armée a renforcé ses opérations dans le nord de la péninsule du Sinaï pour lutter contre l’insurrection jihadiste, annonçant régulièrement la mort de dizaines de « terroristes », sans qu’il ne soit possible de vérifier de manière indépendante ces bilans. En octobre 2015, l’EI avait revendiqué un attentat à la bombe contre un avion de touristes russes après son décollage de la station balnéaire de Charm el-Cheikh, dans l’est du pays, un drame qui avait fait 224 morts.
Sissi défend à nouveau des réformes difficiles mais inévitables
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a de nouveau défendu des réformes difficiles mais inévitables au moment où son pays attend un prêt du FMI de 12 milliards de dollars pour revitaliser son économie. Dans un entretien diffusé samedi par la presse étatique, le chef de l’Etat a par ailleurs justifié son ambitieuse politique d’armement, ainsi que le rôle de l’armée, appelée à la rescousse pour mener à bien les grands projets de l’Etat, alors que le pays est confronté à une grave crise économique. Les réformes sont difficiles, mais elles sont inévitables pour sauver la situation économique, a affirmé le président Sissi, dans cet entretien accordé aux quotidiens Al-Ahram, Akhbar El-Yom et Al-Gomhoureya. Le programme de réformes que doit adopter Le Caire en contrepartie du prêt du Fonds monétaire international (FMI) prévoit notamment une réduction des coûteuses subventions publiques -7,9% des dépenses du gouvernement- allouées entre autres à l’électricité et à l’essence. C’est un programme pour des réformes réelles, qui vise à offrir les subventions à ceux qui les méritent, et à personne d’autres, a martelé l’ex-chef de l’armée, promettant des programmes de protection pour les personnes à faibles revenus. L’ex-chef de l’armée qui a destitué l’islamiste Mohamed Morsi en 2013, a défendu le rôle de l’institution militaire, engagée dans les ambitieux projets économiques lancés par M. Sissi. L’armée joue un rôle important pour le développement, mais ce rôle va reculer dans les prochaines années, quand elle aura terminé son plan pour la reconstruction des infrastructures de l’Etat, a assuré M. Sissi. L’armée, épine dorsale du régime politique, joue un rôle économique important depuis des décennies, ses usines produisant des pâtes, de l’eau minérale ou encore du ciment. Elle a construit des autoroutes et contrôle des stations-service. Le président a justifié ses importants achats d’armes, notamment les deux porte-hélicoptères de type Mistral acquis auprès de la France.
Nous avons des champs gaziers à plus de 200 kilomètres de nos côtes, comme le champ Zohr. Nous devons être capables de sécuriser et protéger ces champs, a avancé M. Sissi, en référence au plus grand gisement offshore de gaz découvert dans les eaux de l’Egypte par le géant italien de l’énergie ENI, en août 2015. Le prix d’un Mistral équivaut aux revenus générés par le champ Zohr en un mois, a-t-il souligné.