Le dramaturge Lars Norén, grande figure du théâtre suédois, est mort mardi à 76 ans des suites du Covid-19, a annoncé son éditeur.
«L’importance de Lars Norén comme auteur et dramaturge est presque impossible à résumer en quelques phrases, mais il était l’un des plus grands de notre temps», a salué Eva Bonnier, son éditrice au sein des éditions Albert Bonnier, dans un communiqué. Célèbre dans son pays comme à l’étranger, souvent placé dans la lignée des géants August Strindberg (1849-1912) et Ingmar Bergman (1918-2007), il avait commencé par la poésie dans les années 60, avant de se concentrer sur le théâtre à la fin des années 70 comme auteur et metteur en scène.
Outre au Dramaten de Stockholm, cet auteur prolifique avait mis en scène, à de nombreuses reprises, à l’étranger, dont à la Comédie Française à Paris. Il y avait monté sa propre pièce «Poussière», sa dernière, en 2018, une plongée dans les tourments de la fin de vie et de la démence.
Ses œuvres qui l’ont révélé incluent «La nuit est la mère du jour» (1982), «Le chaos est le voisin de Dieu» (1983), «Calme» (1984), ou encore «Bobby Fischer vit à Pasadena» en 1990. Successeur de Bergman à la tête du Théâtre national, Lars Norén a écrit des pièces souvent difficiles et crues, telles «Les démons», «La veillée» ou «Sourire des mondes souterrains», dans lesquelles il traite de la violence physique et sociale.
Il avait fait scandale à la fin des années 90 avec la pièce «7:3», pour laquelle il avait recruté des prisonniers dangereux purgeant des longues peines, dont deux néonazis, jouant leurs propres rôles avec de nombreux propos haineux et antisémites.
Mais le drame s’était poursuivi hors de la scène: de nombreuxbraquages avaient été commis par un des acteurs amateurs, Tony Olsson, profitant de sa levée d’écrou. Dont un tragique au lendemain de la dernière de la pièce, qui s’était terminé par la mort de deux policiers dans la commune de Malexander, dans le sud-est du pays. «+7:3+ jettera toujours une ombre sur sa production théâtrale et ses créations ultérieures n’eurent pas la même signification culturelle majeure que dans les années 80 et 90», juge le critique de Dagens Nyheter Johan Hilton dans la nécrologie du quotidien mardi.