L’Assemblée populaire nationale replonge dans la crise interne. Décidément, les députés du groupe parlementaire du FLN veulent rééditer le scénario qui a conduit, en octobre dernier, à la destitution de Saïd Bouhadja de son poste de président de l’APN. En fait, les députés opposés au président actuel de l’APN, Mouad Bouchareb, avec qui le courant ne passe pas depuis le déclenchement du mouvement populaire et son éjection de la tête du parti, ont envahi hier, le siège de son bureau à l’hémicycle. L’action de ces militants, conduite par le président de groupe, Khaled Bouriah, réclamant la «démission immédiate» de Bouchareb, ont brièvement occupé les lieux et sont entrés en échanges vif avec ce dernier, selon une vidéo largement partagé sur les réseaux sociaux. Dans une conférence de presse, tenue quelques heures après à l’hémicycle, Khaled Bouriah a expliqué l’action des députés FLN par «la tentative de réhabiliter les vice-présidents de l’APN qui ont été interdits d’accéder à la salle des conférences au bureau de l’Assemblée ». «Il [Bouchareb] a voulu les empêcher de donner leur avis à propos de sa personne, car le FLN souhaite son départ au plus vite possible et ce, pour répondre aux revendications du peuple», a-t-il précisé. Le président du groupe parlementaire du FLN a fait part que le parti souhaite un départ de Bouchareb d’une «manière pacifique et civilisée», en expliquant que l’épisode de « cadenas» et la méthode musclée utilisée contre Bouhadja pour lui empêcher d’accéder à son bureau «a beaucoup fait honte à l’APN ». « Nous avions affirmé que nous nous accrochons aux solutions pacifiques et civilisées. Le peuple algérien a donné le meilleur exemple à travers les manifestations pacifiques et nous prenons exemple sur lui », se défend-il.
«Vous ne m’avez pas élu pour me destituer»
Lors de son échange avec les députés qui se sont introduits hier, avec force, dans son bureau pour lui demander de démissionner, Mouad Bouchareb a opposé un net refus, se justifiant qu’il n’a pas été installé par les députés du FLN. «Vous saviez tous celui qui m’a désigné. Ce n’est pas vous qui m’ont installé !», a-t-il rétorqué, selon la vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux hier. Interrogé sur ce point, Khaled Bouriah s’est adressé aux journalistes : «Vous étiez présents lors de la cérémonie d’installation de Mouad Bouchareb à l’APN. Il y avait un seul candidat qui est celui du FLN. Cette personne s’est présentée au nom du FLN et non pas sous d’autres groupes de partis politiques. C’est pour cela que la réponse est déjà chez vous avant qu’elle ne soit chez quelqu’un d’autre. C’est le FLN qui a proposé la candidature de Bouchareb. Si ce n’est les militants du FLN qui l’ont élu dans une liste FLN [lors des dernières législatives], il ne serait même pas ici aujourd’hui ».
Bouriah a affirmé que l’action contre Bouchareb est issue de la nouvelle direction du parti, incarnée par le SG, Mohamed Djemaï. «Bien sûr. Tout ce qui se passe à l’Assemblée est discuté préalablement avec la direction du parti et la prise de décision est donc collective et non pas individuelle. La responsabilité est aussi collective», a-t-il assuré, poursuivant que «le SG du FLN est au courant de tout et dans les moindres détails». «Le SG avait clairement lancé un appel à Bouchareb de l’obligation de répondre aux revendications du peuple», rappelle-t-il. Et contre un Bouchareb qui fait la sourde oreille aux appels de son parti depuis plus d’une semaine, Bouriah prévient : « celui qui veut s’accrocher à son poste, il doit gagner toujours la confiance des militants de FLN et de peuple algérien ». Le président du groupe FLN n’a pas souhaité dire si le parti va s’appuyer sur les mêmes articles « d’incapacité» pour destituer Bouchareb, et si la décision du parti de démettre Bouchareb de la tête de l’APN répond à la question de sa légitimité ou pour le fait qu’il fait partie des « 3 B » dont la rue réclame leur départ. « Nous portons les sollicitations du peuple. Mouad Bouchareb a été l’unique candidat du FLN et qui a été élu par la majorité des députés à la présidence de l’APN. Mais les choses aujourd’hui ont changé ; il y a du nouveau, un mouvement populaire (…) Il faut que nous soyons à la hauteur des attentes du peuple algérien et agir en toute responsabilité pour dépasser cette impasse politique », s’est-il contenté de dire.
Hamid Mecheri