Alors que l’Autorité de régulation de l’audiovisuel n’arrive pas à exercer réellement son mandat et l’Autorité de régulation de la presse écrite n’est pas encore mise en place avec le concours de l’Exécutif, mais aussi des deux chambres du Parlement, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a reconnu que la «corporation des médias se déploie d’une manière quelque peu anarchique». C’est du moins l’aveu formulé par le Chef de l’exécutif à travers la déclaration de politique générale qui sera présentée lundi prochain devant le Parlement.
«Il est vrai que toute cette corporation des médias se déploie d’une manière quelque peu anarchique, l’Autorité de régulation de l’audiovisuel n’arrivant pas à exercer réellement son mandat alors que l’Autorité de régulation de la presse écrite n’est pas encore mise en place avec le concours de l’Exécutif mais aussi des deux chambres du Parlement», peut-on lire sur le document rendu public par le Premier ministère. Néanmoins, tout en précisant que les «deux dernières années ont enregistré la poursuite du développement des moyens de communication dans notre pays», la déclaration a noté qu’«aujourd’hui, l’Algérie compte plus de 200 titres de presse écrite de diverses catégories, une quarantaine de chaînes de télévision, une cinquantaine de radios publiques nationales et locales, et plus d’une vingtaine de journaux électroniques». S’étalant sur les efforts déployés par les pouvoirs publics pour le développement de la presse locale, le document a tenu à assurer que «la publicité n’est guère contrôlée par l’état ». En effet, sur un marché publicitaire annuel de 11,5 milliards DA, seuls 7,2 milliards DA empruntent le circuit de l’ANEP. De plus, cette manne publicitaire va, à plus de 80%, à la presse privée tous médias confondus. Pour rappel, Ahmed Ouyahia s’est engagé en août 2017, à la mise en place, à la fin de la même année, de l’Autorité de régulation de la presse écrite.
Il avait d’ailleurs précisé qu’une «loi sera promulguée l’année prochaine (2018, Ndlr) permettant un accès plus conséquent des médias aux informations et aux documents, conformément à la révision de la Constitution, en plus des efforts de l’état pour le soutien des médias dans la formation, à travers les différents instituts également, Ouyahia avait fait part de «l’engagement de l’état à réactiver le fonds d’aide aux médias, financé par le Trésor public». Deux ans après, le secteur dirigé par Djamel Kaouane n’a pas vécu de grands bouleversements ni de changements.La politique générale du gouvernement n’a pas donné des précisions quant au délai de mise en place de ces autorités de régulation. Ne donnant, d’ailleurs, pas les raisons de cette «anarchie» et se contentant de l’admettre, Ahmed Ouyahia s’est contenté d’énumérer les réalisations techniques. Ainsi, la politique générale a cité l’installation de 115 émetteurs FM au bénéfice de la Radio, dont la grande majorité dans les wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux, outre le déploiement, au bénéfice de la télévision, de 12 nouveaux émetteurs de la TNT. En outre, un bouquet comportant cinq chaînes de Télévision publiques, 55 chaînes de radios publiques et le fil de l’Agence de presse est désormais diffusé par le biais du Satellite ALCOMSAT 1 à l’intérieur du pays et vers l’étranger. À noter que depuis l’ouverture du secteur de l’audiovisuel, le paysage médiatique a connu de multiples «dérapages». Toutefois, l’ARAV, qui est dirigée par Zouaoui Benhamadi, a montré ses limites dans la lourde mission qui lui est assignée, à savoir : réguler toute activité audiovisuelle en Algérie. Surtout que le secteur a été inondé par une multitude de chaînes de télévision considérées, toutes, de droit étranger et exerçant donc dans l’illégalité la plus totale. Même chose pour la presse écrite dont l’autorité de régulation n’a pas encore vu le jour. Malgré ce constat, le Premier ministre n’a pas donné de réponses quant à la réorganisation future du secteur.
Lamia Boufassa