Le scénario qui envisageait le baril de Brent à 120 dollars a été rapidement dépassé et c’est maintenant la barre historique des 150 dollars qui est en voie d’être franchie maintenant que le prix du baril de Brent de la mer du Nord a frôlé les 140 dollars, pas très loin de son record absolu de 2008 (147,50 dollars).
Jusqu’où s’arrêtera la flambée des prix du pétrole dans le contexte géopolitique dominé par le conflit militaire en cours entre la Russie et l’Ukraine mais aussi un contexte économique marqué par la reprise post-pandémique? L’augmentation de la demande s’inscrit dans une conjoncture pleine de risques pour l’approvisionnement des pays consommateurs en pétrole, à cause des sanctions économiques décidées par l’OTAN et ses alliés contre la Russie qui est le deuxième plus grand exportateur de pétrole brut au monde. Alors que le secteur de l’énergie a été épargné par les sanctions et que les banques russes liées aux hydrocarbures, comme Gazprombank, n’ont pas été bannies du système SWIFT, l’interdiction des importations de pétrole russe est en l’air si l’on en croit les discours de certains dirigeants occidentaux. Ainsi, au Canada, Justin Trudeau a annoncé interdire les importations de pétrole brut russe. Les agences occidentales de presse ont annoncé également, se référant au chef de la diplomatie américaine, Anthony Blinken, que les Etats-Unis et l’Union européenne discutent d’une interdiction des importations de pétrole, mais dans la dispersion, l’Allemagne ayant fait part de son désaccord avec une telle décision. D’après les mêmes sources, les ministres allemands des Finances et des Affaires étrangères se sont prononcés dimanche contre une interdiction des importations de gaz, pétrole et charbon depuis la Russie. Les importations d’énergie fossile en provenance de Russie sont « essentielles » pour la « vie quotidienne des citoyens » en Europe et l’approvisionnement du continent ne peut pas être assuré autrement à ce stade, a affirmé lundi le chancelier allemand Olaf Scholz, cité par les agences de presse occidentales. Les experts occidentaux font remarquer que cette question est plus complexe pour l’Europe, dont la Russie fournit 40% du gaz, que pour les Etats-Unis, gros producteurs de pétrole. La Russie ne fournit qu’environ 8% des importations américaines de produits pétroliers russes, bruts ou raffinés.
Dans le même temps, les producteurs de pétrole de l’Opep+ maintiennent une hausse modeste de 400.000 barils par jour en avril, comme elle le fait désormais depuis plusieurs mois. La porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, avait confirmé vendredi aux journalistes que l’administration présidentielle étudiait les options permettant de réduire la consommation américaine d’énergie russe. Mais elle a noté que la Maison Blanche était « très concentrée sur la minimisation de l’impact sur les familles ». Selon l’American Automobile Association (AAA, une association de défense des automobilistes), cité par l’agence chinoise d’information, Xinhua french, « une interdiction potentielle des importations de brut de la Russie vers les Etats-Unis ou d’autres pays entraînera probablement la poursuite de la hausse des prix, reflétant un risque accru de perturbation de l’approvisionnement mondial en pétrole ». Conséquence des sanctions économiques décidées par les pays occidentaux contre la Russie, la moyenne nationale américaine pour environ un gallon (3,79 litres) d’essence ordinaire a atteint 4,009 dollars dimanche, soit le niveau le plus élevé depuis juillet 2008, selon l’AAA cité par Xinhua french. La même source précise que les prix à la pompe ne sont plus qu’à 10 cents du record de 4,114 dollars pour un gallon établi en juillet 2008. « Une augmentation de la demande d’essence, parallèlement à une réduction de l’offre totale, contribue à la hausse des prix, mais l’augmentation des prix du pétrole continue de jouer un rôle prépondérant », a expliqué l’AAA. la flambée des prix de l’essence, qui pourrait accroître encore le niveau d’inflation le plus élevé que les Etats-Unis aient connu depuis 40 ans.
M. R.