L’écrivain algéro-français Boualem Sansal a été condamné en appel, hier, à 5 ans de prison ferme et à une amende de 500.000 dinars. La Cour d’Alger a ainsi confirmé le verdict du tribunal de Dar El Beidha rendu le 27 mars dernier à l’encontre du mis en cause pour « atteinte à l’unité nationale », « outrage à corps constitué » et « détention de vidéos menaçant la stabilité nationale ». Lors de l’ouverture de l’audience relative au procès en appel il y a une semaine, le parquet a requis à l’encontre de l’accusé le durcissement de la peine, notamment 10 ans de prison ferme. Lors du procès, Sansal a nié en bloc les accusations retenues contre lui. Devant le juge, il s’est défendu d’avoir tenu des propos qui n’exprimaient que ses opinions personnelles. Il a en outre précisé que ses opinions avaient été exprimées en tant que citoyen français et non algérien. Aussi, Sansal a souligné qu’il n’avait aucune intention de nuire à l’Algérie. En revanche, l’accusé a reconnu avoir été en possession de fichiers et de vidéos pouvant mener l’ordre public et la sécurité du pays. Face au juge qui l’a confronté aux messages qu’il avait échangés avec l’ancien ambassadeur de France, son ami Xavier Driencourt, qui contenaient des insultes à l’égard de l’armée et des institutions algériennes, Sansal a tenté de s’expliquer. « Ce n’étaient que des messages banals entre deux amis, rien de plus… » Ce mardi, face à l’accusé Sanal, le juge annonce la sentence. « Le verdict du tribunal de première instance a été confirmé. Vous avez huit jours pour introduire un pourvoi en cassation », a déclaré la juge. La défense de l’accusé fera-t-elle appel à Cour suprême ? Interrogé par l’Agence France-Presse (AFP) à ce propos, le nouvel avocat français de Sansal, Maitre Pierre Cornut-Gentille, qui se trouve à Alger depuis samedi dernier, n’a pas voulu répondre à cette question. « Je n’ai pas de déclarations à faire, je dois rendre visite à mon client pour discuter avec lui d’un éventuel pourvoi », a-t-il dit. Lundi, soit à la veille du verdict, l’avocat a rencontré son client et a donné de ses nouvelles par le biais de son éditeur Antoine Gallimard. Selon ce dernier, « Ils sont restés une bonne heure ensemble, pour évoquer les différents aspects du dossier ». Me Pierre Cornut-Gentille a témoigné que Boualem Sansal « est en bonne santé, il est bien traité et a plutôt le moral », précisant qu’il a aussi « rencontré des personnalités juridiques d’Alger ». Par ailleurs, la France a réagi au verdict annoncé à Alger. Le Premier ministre, François Bayrou, a déclaré aux médias « espérer des mesures de grâce » présidentielle. « La situation que Boualem Sansal subit est une situation que tous les Français et le gouvernement français trouvent insupportable, à juste titre. Maintenant qu’il y a eu condamnation, on peut imaginer que des mesures de grâce, notamment en fonction de la santé de notre compatriote, soient prises », a déclaré Bayrou.
Farid G.