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Communes d’Aghbalou et de Selloum à Bouira : virée par monts et par vaux

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La journée sera longue, mais point maussade. C’est à la fois une promesse et une certitude. La visite que le wali s’apprête à effectuer ce mardi à Aghbalou et à Selloum, deux communes à l’extrême est de Bouira, comporte un riche programme. Cela va de la fibre optique (Bahalil et Béni Hamdoune) aux travaux de confortement sur la RN15 (Selloum), en passant par les raccordements et de l’électrification des villages Ighil Azem, Ighil Ouchekrid et Bahalil, ainsi que la réhabilitation des écoles. Censé prendre fin vers 14 heures, il ne s’achèvera que vers 20 heures.
C’est le seul paramètre dont le premier responsable ne semble pas mettre dans son agenda : le temps. On l’accuse de ne pas accorder d’audiences ou si peu. On oublie que dans ses incessantes visites qui touchent les 45 communes dans leurs coins les plus reculés, le wali accorde un intérêt particulier à l’écoute des doléances citoyennes. Celles-ci, non prévues dans le programme ont pris autant de temps que celui consacré à l’inspection des chantiers, aux instructions et aux observations qu’ils appelaient. Mais les deux communes en question ont encore quelque chose d’autre à proposer à notre curiosité inlassable : la beauté sauvage de leurs sites touristiques et la richesse de leur histoire et de leur tradition. C’est pourquoi, en nous mettant en route ce matin, à la suite de la visite du premier responsable de la wilaya, nous avons le sentiment, que nous allons vivre des moments exaltants tout le long de cette visite d’inspection et de travail, faut-il le rappeler.

Béni Hamdoune, un village oublié
D’abord, il y a les rues. Petites, tortueuses et étroites, elles ne sont pas revêtues. Heureusement, le village est sis sur un rocher, comme nous l’explique un habitant. Cette situation géographique privilégiée, donne une vue admirable sur la montagne au sommet couvert de neige et sur la vallée de la Soumam enveloppée de brume, ce matin, comme si elle sortait de son sommeil. L’autre avantage qu’elle a, est de préserver les passants de la boue. Mais on devine ce que doivent être les affres des riverains, surtout ceux qui habitent de petites demeures, basses et précaires, en cas de gros orages. Les torrents qui dévaleraient le long de ses rues en pente devraient avoir une force terrible devant laquelle rien ne résisterait. Il est tout à fait normal que l’amélioration urbaine constitue le premier des cinq points de la pétition cosignée par les associations Taghmat, de la mosquée Ali Ben Abi Taleb et des jeunes de la liberté(Thilleli). Les autres concernent le transport scolaire, la réhabilitation de l’école Béni Hamdoune, de la salle de soin, et l’amélioration des services. La pétition ne mentionne pas l’eau qui reste une préoccupation majeure vécue au quotidien, car nous apprenons que les pompes hydrauliques qui alimentent le château d’eau au flanc de la montagne, en face, tombent assez régulièrement en panne, de sorte que les habitants ont de l’eau 6 jours sur dix, selon l’un d’eux. Mais, c’est en été que la situation tourne au cauchemar. Les sources taries, les robinets à sec obligent les citoyens à s’alimenter avec des citernes.
Enfin, une revendication, portée par quelques citoyens, et remettant en cause l’actuel découpage administratif, vise à faire de Béni Hamdoune une commune à part avec Bahalil, les deux plus grands villages de Aghbalou. Il faut signaler que ce chef-lieu compte 23 000 âmes pour une superficie de plus de 600 km2. « L’équivalent d’une daïra ordinaire, commente un citoyen. » Le même citoyen dénonce le vandalisme dont a fait l’objet l’école construite en 2005 au pied de la colline. Emportées ses portes et ses fenêtres… ainsi que la clôture détruite , elle semble abandonné définitivement. Elle aurait couté plus de deux milliards au contribuable. Pour la couleur locale, comme on dit, nous notons la place Amdoun, là où était tombé le moudjahid Ali Bouabdellah une nuit d’octobre 1958. Une stèle élevée à cet endroit qui commémore ce fait héroïque, qui s’est traduit ce jour-là par un corps à corps avec le capitaine qui, appuyé par une escouade de soldats français, l’attendait près de chez lui. On tirait sur lui à bout portant. Il y a également, près de l’école primaire, ce carré des martyrs où reposent 68 martyrs morts entre 55 et 62. Nous visitons enfin le cimetière où repose un saint Sidi El Hadi Ben Ahmed, élève de Sidi Ali Benyoucef, dont la zaouïa se dresse au pays du village de Bahalil. Les deux saints auraient vécu au début du XVème siècle et auraient joué un rôle décisif dans l’histoire de ce village. La bibliothèque laissée par Sidi El Hadi, d’une grande richesse a été incendiée par l’armée française pendant la guerre de libération.
Autant, au bas de la colline, Béni Hamdoune, nous a paru inatteignable par la route de Choukrane, tant il semblait haut, autant ce village nous a paru rapetisser vu de Bahalil ! Nous remarquons qu’en plus des belles villas qui le composent essentiellement, Bahalil possède beaucoup de commerces, dont une boulangerie. Nous nous laissions conter l’histoire de ces quatre filles vivant avec leur mère âgée et leur frère, et qui étaient restés enfermer chez elles pendant un mois, se nourrissant de ce que rapportait la nuit le frère en fouillant dans les poubelles, et qui seraient sans doute mortes d’inanition, ce sont les voisins qui avaient alerté les autorités, lesquelles les ayant secourues, avaient placé à la maison deux jeunes employées pour leur entretien et leur surveillance. Ce sont, parait-il des déficients mentaux. Là, le wali se fait expliquer dans le détail le réseau de raccordement au gaz de ville au profit des localités de Takerbut, Bahalil, Selloum, Béni Hamdoune, Ighil Ouchkrit et Tixiridène. Le réseau en question, d’une longueur de 134,24 km, a concerné 4 336 foyers. Aujourd’hui, il est question d’un raccordement de gaz pour 500 foyers dans les localités de Ighil Azem, de Ighil Ouchkrit et de Bahalil. Le programme portant électrification rurale appuyé par un programme d’urgence a également été passé en revue et par le menu, portant le taux d’électrification de la commune à 96%. En deux tranches, le programme a bénéficié à huit localités, dont Bouaklane, Béni Hamdoune 1 et 2, Vilghoughène, Selloum, Aghani etc.. Assorti d’un programme complémentaire, il vise grâce à cet appoint 13 autres localités.
En raison des nombreuses doléances exprimées par la population, le wali a mis autant de temps à les écouter et à y répondre qu’il n’en a fait Béni Hamdane. Au lieu dit Akherbache, cependant, là où un important glissement de terrain s’est produit emportant quelques oliviers et menaçant de couper le CW10, après constat des dégâts et les instructions formulées en l’occurrence, il s’est, ensuite, porté à Takerbust, où il a marqué une pause plus longue à l’école Térad Hocine. Une opération de réhabilitation est en cours, visant les 11 écoles que compte la commune. À ce propos, il convient de faire remarquer que la commune a, entre 2014 et 2015, bénéficié d’un budget conséquent estimé par nos sources à 17 milliards, dont 5 n’ont pas encore été consommés. Une quarantaine d’opérations ont été réalisées grâce à ce budget faramineux.
Sur les hauteurs de Bouaklane, le wali a visité le site des100 logements, dont 50, achevés, sont concernés par l’étude du POS, ainsi que le réservoir d’eau d’une capacité de 500 m3. Comme la décharge publique gêne considérablement par sa proximité insalubre, des instructions ont été données pour son transfert ailleurs. Et alors que notre curiosité était aiguisée par la calotte de neige sur le mont de Lala Khédidja, nous poussions notre promenade solitaire le long de la piste aménagée et menacée par un glissement de terrain, deux jeunes lycéens apparaissent au détour du chemin. Ils sont habillés légèrement et l’air vif donne des couleurs à leur mine juvénile. Que font-ils là ? Ils sont en grève ! C’est Samir et Mazir. Tout deux en terminale, l’un étudie les langues étrangères, l’autre les sciences. S’ils emboitent le pas du mouvement, c’est malgré eux. Leur ambition, au contraire est d’aller loin dans leurs études. Aussi leur espoir est que la grève s’achève aussitôt. Ils craignent qu’en se poursuivant, elle ne compromette l’année. Nous quittons la commune d’Aghbalou, comme le soleil commence à décliner lentement à l’horizon. La brise fraichit. La vallée plonge de l’ombre de la montagne et le silence se fait soudain pesant.

Une vision apocalyptique
Contrairement à Aghbalou aux sites riants et fantastiques, la commune de Selloum offre le spectacle désolant d’un cataclysme géologique important. Ici, l’instabilité du sol est visible partout. Comment est né ce phénomène géologique ? Quelles seront, à long terme, ses conséquences sur l’environnement ? Quelles sont surtout les mesures appropriées pour permettre au sol de se stabiliser dès lors que les arbres s’avèrent impuissants pour en stopper la manifestation et son amplification?
Questions sans réponse. Pour l’heure, il faut parer au plus pressé. Et le plus pressé se trouve être les routes comme le CW10 et la RN15 qui file par mont et par vaux vers la wilaya de Tizi Ouzou. Mais alors que ce qui se passe sur le chemin de wilaya semble assez anodin, ce que nous constatons au niveau du PK 78-500 est proprement effrayant. La chaussée a été emportée sur une centaine de mètre environ. Un mur de soutènement a été construit, mais en pure perte, apprenons-nous auprès de deux jeunes ouvriers qui contemplent le triste spectacle, impuissants. Selon eux, les dernières intempéries ont accéléré le phénomène. L’eau qui sourd des profondeurs du sol montre qu’il y a une infiltration importante, réduisant à néant les efforts de stabilisation du sol. Au dessus de nous, la versant Est de la montagne, semble travaillé en permanence par un mouvement incessant. Ce qui augmente notre inquiétude.
En contrebas, le ravin qui s’ouvre est profond et la terre bouge aussi de l’autre côté de la montagne. Une large faille témoigne d’un important glissement qui risque d’emporter une grande partie de son flanc. Ici, la terre semble une motte de beurre grise qu’un invisible couteau tranche profondément. Pour l’heure, l’urgence est là, au niveau de ce PK 78-500. La circulation est rétablie, mais elle reste fragile et à la merci d’un simple orage comme il en éclate fréquemment sur les reliefs. Mais il y a d’autres problèmes comme les maisons menacées par le phénomène de glissement de terrain. Le wali a promis de l’aide dans le cadre de l’habitat rural à 4 familles, dont les logements ont réellement subi des dégâts. Pour les autres, il a soumis l’octroi de cette assistance à la nécessité d’une expertise pour pouvoir juger des dommages subis par les habitations. La nuit était tout à fait venue, lorsque le cortège se décide à quitter ces lieux sinistrés en direction de Bouira. Le wali s’arrête pour une ultime halte.
Le maire d’El Asnam venait de perdre sa mère. C’est le troisième décès de la journée, et c’est la troisième fois que le wali présente ses condoléances aux familles des défunts, chargeant un peu plus son agenda, mais gagnant à coup sûr l’amitié de ces populations, que l’éloignement tient à une certaine distance des autorités.
Ali D.

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