La situation sécuritaire en Cisjordanie occupée connaît une nouvelle escalade. Dans la nuit de jeudi à vendredi, des affrontements intenses ont éclaté entre les combattants de la résistance palestinienne et les forces d’occupation israéliennes dans la localité d’Al-Yamoun, à l’ouest de Jénine.
Selon un communiqué officiel de la résistance palestinienne, leurs unités sur le terrain ont mené deux attaques distinctes contre des véhicules militaires israéliens, tout en s’engageant dans plusieurs heures de combats face à des troupes lourdement armées. D’après la branche armée du Jihad islamique, les combattants de la « série d’Al-Yamoun» ont déclenché une charge explosive de type Sijjil 2 au passage d’un véhicule blindé israélien lors de l’incursion nocturne. Peu après, une seconde attaque a été revendiquée contre un blindé de type Namer, cette fois à l’aide d’un engin explosif enfoui au sol et déclenché à distance. La brigade a affirmé que ses combattants continuaient de « harceler les troupes ennemies sur plusieurs axes de combat » et d’arroser les forces d’occupation « de tirs nourris et directs », assurant avoir infligé des pertes confirmées dans leurs rangs. Ces attaques, difficiles à vérifier de manière indépendante en raison du black-out médiatique imposé par l’armée israélienne, traduisent néanmoins la montée en puissance des tactiques de guérilla dans le nord de la Cisjordanie occupée. Jénine et ses environs sont, depuis plusieurs mois, l’épicentre d’affrontements armés récurrents, où les forces d’occupation font face à des groupes de jeunes combattants de plus en plus organisés et aguerris.
Une répression accrue
Parallèlement aux combats d’Al-Yamoun, la Cisjordanie occupée a connu, dans la même nuit, une vague d’arrestations massives. À Naplouse et dans ses alentours, l’armée israélienne a arrêté pas moins de 22 Palestiniens, dont plusieurs journalistes. Des colonnes de véhicules blindés ont envahi les quartiers de la ville, ainsi que les camps de réfugiés de Balata et d’Askar, ancien et nouveau, multipliant les perquisitions musclées et les destructions de biens. Parmi les personnes arrêtées figurent les journalistes Mohammed Muna, originaire de Zawata, et Nawaf al-Amer, de Kafr Qalil, ainsi que Abdallah Mansour de la même localité. L’arrestation de journalistes, phénomène récurrent en Cisjordanie occupée, est dénoncée par les organisations de défense des droits humains comme une volonté de réduire au silence les témoins directs des violations commises par l’armée israélienne. Dans les quartiers de Naplouse, les forces israéliennes ont également arrêté Alaa Hmeïdane, Amer al-Tanbour, Alaa Hassouna, Hosni al-Amoudi, Yasser Mansour, Hassan al-Safadi, Bassem Rahmi Abu Ghazala, Ryad Faris Abu al-Hassan, Awni al-Sheïkhshir et Ammar Bureïk. Dans les camps d’Askar, la liste s’allonge avec Ahmed Abu Abdo, Raed Murshid, Abu Mahdi Murshid, Salim Abdul Majid Dyab, Ahmed Saqr et Moussa Dweikat. Enfin, dans la localité de Beïta, trois autres Palestiniens ont été arrêtés : Asid Malla, Nidal al-Jaghoub et Asid Bani Shamseh.
Une stratégie d’étouffement
Ces opérations s’inscrivent dans une stratégie israélienne visant à affaiblir durablement les réseaux de résistance en Cisjordanie occupée. Selon plusieurs analystes palestiniens, l’armée cherche à neutraliser, à la fois, les combattants actifs sur le terrain et les figures médiatiques ou communautaires susceptibles de documenter et de relayer la réalité de l’occupation. Les arrestations massives, souvent menées sans chef d’accusation clair, servent également de levier de pression psychologique sur les familles et les communautés palestiniennes. Depuis plusieurs mois, les raids quotidiens se multiplient dans les villes et villages de Cisjordanie occupée. Les habitants dénoncent une logique d’occupation qui combine punitions collectives, destructions de biens, assassinats ciblés et implantation continue de colonies illégales. Les colons, souvent protégés par l’armée, multiplient par ailleurs les attaques contre les villages palestiniens, alimentant un climat de terreur et d’impunité.
Jénine, symbole de résistance
La région de Jénine, et plus largement le nord de la Cisjordanie occupée, est devenue le symbole de cette résistance armée qui se structure face aux incursions israéliennes. Les combattants, souvent jeunes et issus de différents mouvements palestiniens, disposent de moyens limités mais misent sur la connaissance du terrain, les embuscades et les engins explosifs improvisés. L’utilisation de charges dirigées comme le Sijjil 2 illustre une évolution dans les capacités techniques de la résistance.
Ces dispositifs, capables de percer des blindages, rappellent les tactiques déjà expérimentées dans la bande de Ghaza et désormais transférées en Cisjordanie occupée. Pour Israël, cette tendance représente une menace croissante qui pousse l’armée à intensifier ses opérations de ratissage.
Une situation explosive
Les affrontements d’Al-Yamoun et la vague d’arrestations à Naplouse surviennent dans un contexte régional déjà extrêmement tendu, marqué par la guerre en cours à Ghaza et l’implication croissante des différentes factions de la résistance palestinienne sur plusieurs fronts. Les autorités palestiniennes de Cisjordanie occupée accusent Israël de chercher à « exporter » la violence de Ghaza vers la Cisjordanie, afin d’y étouffer toute contestation populaire et armée. Les ONG internationales alertent quant à elles sur la dégradation rapide de la situation humanitaire et sécuritaire en Cisjordanie occupée. Elles soulignent que l’impunité de l’armée et des colons alimente une spirale de violences qui menace de transformer l’ensemble du territoire en zone de guerre ouverte. En dépit de cette répression massive, les groupes armés palestiniens affirment leur détermination à poursuivre la lutte. « Nos combattants résistent avec courage et infligent des pertes à l’ennemi », a affirmé la Brigade de Jénine dans son communiqué, assurant que la résistance se poursuivra « tant que l’occupation restera présente sur nos terres ». Ainsi, les combats d’Al-Yamoun et les arrestations de Naplouse ne sont pas des événements isolés, mais les symptômes d’une confrontation appelée à s’intensifier. La Cisjordanie occupée vit aujourd’hui au rythme des incursions nocturnes, des rafles et des affrontements, dans une atmosphère où chaque nuit peut se transformer en champ de bataille.
M. Seghilani
