L’escalade répressive ne faiblit pas en Cisjordanie occupée. Samedi à l’aube, les forces d’occupation israéliennes ont mené une nouvelle campagne de raids étendus visant plusieurs villes et villages, accompagnée d’arrestations, de violences contre les habitants et de dégradations de biens privés. Selon le Club des prisonniers palestiniens, au moins 15 Palestiniens ont été arrêtés, dont plusieurs ex-détenus libérés.
Cette opération s’inscrit dans un climat de tension permanente imposé à la population depuis le début de la guerre contre Ghaza, avec une politique d’arrestations massives, de harcèlement quotidien et d’agressions menées parallèlement par les colons israéliens. À Naplouse, les incursions ont ciblé le camp d’Askar et plusieurs villages environnants.
Dans le camp d’Askar ancien, les forces d’occupation ont arrêté Fajr Behnejawi, Mohammed Jalal Abou Salem et Mohammed Salama, après avoir fouillé de nombreuses maisons. Dans le village de Madama, au sud de la ville, elles ont interpellé Bassem Wajih Qat, Qassam Mohammed Ziyada et Ahmed Amer Nassar, avant d’arrêter également Mahmoud Hussein Nasrallah Hannani dans la localité de Beit Fourik. Les habitants rapportent des perquisitions brutales, des biens endommagés et des intimidations visant à instaurer un climat de peur constant. Dans la ville de Qalqilia, le quartier de Kafr Saba a été la cible d’un raid particulièrement violent. Les soldats ont soumis plusieurs jeunes hommes à des violences physiques sous une pluie battante et un froid intense. Les arrestations ont touché Mohammed Abou Halima, l’ex-prisonnier Mahmoud Abou Labda, Nouman Abou Labda, Hassan Chbeïta et Saïd Chbeïta. Des témoins décrivent des scènes de maltraitance délibérée, utilisées comme méthode d’intimidation collective. Dans la région de Ramallah, deux jeunes ont été arrêtés lors de l’irruption des forces israéliennes à Beit Rima, au nord-ouest de la ville. L’opération s’est accompagnée de tirs de grenades assourdissantes et de gaz lacrymogène, provoquant des cas d’asphyxie parmi les habitants. Ces raids quotidiens, selon les organisations palestiniennes, répondent à une stratégie d’usure visant à maintenir la population dans un état de vulnérabilité permanente.
Nouvelles attaques
Parallèlement aux opérations militaires, les colons israéliens poursuivent leurs agressions contre les villages de Cisjordanie, souvent sous protection directe de l’armée. Samedi, un groupe de colons a envahi le village de Al-Malih, dans la vallée du Jourdain nordique, accompagné de soldats israéliens. Plusieurs habitants ont été retenus un moment avant d’être relâchés.
Selon l’organisation palestinienne Al-Baidar, l’intrusion a créé un climat de forte tension et perturbé toute forme de vie normale dans ce village rural déjà constamment ciblé. Dans un autre incident, des colons ont coupé des arbres fruitiers dans la localité de Farsin, près de Tulkarem. Ces terres, cultivées depuis des années, constituent la principale source de revenu des familles du village. L’organisation dénonce une « politique systématique visant à étrangler économiquement les agriculteurs palestiniens et à forcer leur déplacement ». Les chiffres officiels palestiniens dressent un tableau alarmant. Depuis le début de la guerre contre Ghaza, les colons ont commis 7 154 attaques en Cisjordanie, entraînant l’assassinat de 33 Palestiniens et le déplacement forcé de 33 communautés rurales. En combinant les attaques des colons et celles de l’armée israélienne, au moins 1 072 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie depuis octobre 2023, tandis que près de 10 700 ont été blessés et plus de 20 500 arrêtés. Ce déchaînement de violence s’ajoute aux conséquences catastrophiques de la guerre contre Ghaza. Avant l’accord de cessez-le-feu, les bombardements israéliens ont fait plus de 69 000 martyrs palestiniens et plus de 170 000 blessés, majoritairement des enfants et des femmes.
Les Nations unies estiment le coût de la reconstruction à près de 70 milliards de dollars, tant l’ampleur de la destruction est inédite. Malgré le cessez-le-feu, les opérations de l’armée israélienne et les agressions des colons en Cisjordanie témoignent d’une dynamique de guerre qui ne s’arrête jamais réellement. La pression contre les villages, les arrestations massives et la destruction de moyens de subsistance s’inscrivent dans une politique de domination visant à remodeler la carte démographique palestinienne.
Les communautés locales appellent à une protection internationale urgente, estimant que la Cisjordanie est désormais à son tour exposée à une logique de destruction et de déplacement forcé, similaire à celle vécue à Ghaza.
M. S.
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