L’instabilité des marchés pétroliers, précipitée par l’avènement du coronavirus qui a gagné une centaine de pays maintenant, suscite craintes et interrogations quant au devenir de l’économie nationale qui repose, à 98%, sur la rente pétrolière.
Même les espoirs fondés sur la rencontre de l’Opep et ses partenaires (La Russie surtout), tenue vendredi, pour booster les prix par des baisses de productions des pays exportateurs, se sont évaporés, du fait qu’aucun accord n’a été arraché sur la question.
Alors qu’il était à la rencontre de Vienne, le ministre de l’Énergie, Mohamed Arkab, rentre au pays moins rassuré, surtout que les cours ont perdu plus de 21%, pour ne citer que le Brent qui valait, à la matinée d’hier, 35,52 dollars le baril. Toutefois, Arkab, s’exprimant hier à un journal arabophone national, fait part de son optimisme quant aux « capacités » du gouvernement à dépasser ce qui s’apparente aux prémices d’une crise. « Je rassure le peuple algérien que la crise sera maitrisé », dira-t-il, quoiqu’il reconnaisse le fait que les cours pétroliers ont été « gravement » impactés par l’effet du Covid-19. Il entretient tout de même l’espoir sur le rôle de l’OPEP, dont la seule existence fait bondir les prix de quelque 20 dollars, à en croire le ministre qui, mieux encore, entrevoit en cette situation, « un mal nécessaire » pour ainsi dire, car le pays commencera à réfléchir à l’alternative au pétrole par la diversification de l’économie nationale.
Ce que ne partage pas forcément l’expert en énergie et néanmoins ancien PDG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, qui, dans un entretien donné à l’APS hier, reste moins pessimiste quoiqu’il le dise en toute « droiture». Ainsi, après l’échec cuisant de la rencontre de Vienne, « l’incertitude sur l’impact et la durée de l’épidémie (coronavirus, ndlr) est presque impossible à évaluer, et tellement grave que le chacun pour soi a tout simplement primé, pour des raisons d’abord économiques, la Russie n’étant plus sûre de compenser ses pertes à travers une remontée hypothétique du prix par rapport à une nouvelle baisse de production même si ses besoins sont basés sur un baril à 40 dollars», donne comme analyse Attar, pour expliquer les enjeux qui entourent le marché pétrolier.
Quant aux prévisions et à la question de savoir si cette chute des prix serait partie pour durer, l’ancien ministre des Ressources en eau évoque la décision unilatérale prise par l’Arabie saoudite. IL estime ainsi que « La guerre des prix déclenchée par l’Arabie saoudite va faire chuter le baril à un niveau proche de 30 dollars sur plusieurs semaines ou plus». Comme quoi ce qui était optimiste pour le gouvernement, ou du moins pour son ministre, l’est moins pour l’expert en énergie.
Farid Guellil