Le maréchal Khalifa Haftar a annoncé, samedi, un cessez-le-feu en Libye. Le lendemain, le Gouvernement d’union nationale (GNA) lui î le pas, annonçant, à son tour, être en faveur du cessez-le-feu, lequel est entré en vigueur, hier, à minuit.
Il faut dire que les efforts de la diplomatie algérienne ont payé, pour peu maintenant que cet accord soit respecté et que les parties internes en conflit entrent dans une ère de dialogue.
Ainsi, après avoir reçu lundi dernier le président du Conseil présidentiel du GNA, Fayez El-Sarraj, une délégation de haut niveau représentant le maréchal Khalifa Haftar a été accueillie, tout récemment, à Alger. Reçue par de hauts responsables Algériens, les discussions avec cette délégation ont porté sur les efforts fournis par Alger pour un cessez-le-feu chez notre voisin de l’Est, pays plongé dans le chaos, les conflits et les violences, depuis la crise de 2011, avec l’intervention militaire de l’Otan, le tout en l’absence de vie politico-constitutionnelle.
A l’appel au cessez-le-feu lancé mercredi dernier par les présidents russe et turc, qui a été accueilli par le refus de Khalifa Haftar, le maréchal libyen se résigne et décide de répondre favorablement à l’arrêt des hostilités, samedi. Hier, donc, c’était au tour du Gouvernement d’union nationale d’annoncer son accord sur le cessez-le-feu, ouvrant ainsi les perspectives de voir les Libyens s’acheminer sur la voie du dialogue politique inter-libyen, et abandonner ainsi le dialogue des armes et des conflits dans ce pays.
Par l’acceptation du GNA et du maréchal Khalifa Haftar de faire taire les armes, le risque de voir la Libye devenir le théâtre de guerre directe entre des acteurs puissants sur la scène internationale, après l’avoir menée par procuration durant les années passées, s’amenuise. L’appel au cessez-le-feu a été le message très fort lancé la semaine dernière à partir d’Alger, au cours d’une semaine marquée par un interminable ballet diplomatique, avec la visite des ministres des Affaires étrangères de la Turquie, Italie et Egypte, respectivement, Mevlut Cavusoglu, Luigi Di Maio, Sameh Choukri. Les présidents russe et turc, eux aussi, ont lancé un appel en direction des acteurs libyens rivaux pour un cessez-le-feu.
À ces visites diplomatiques de haut niveau accueillies par Alger, dans la perspective d’une solution pacifique et politique à la crise libyenne, s’ajoute la visite du ministre congolais des Affaires étrangères, Jean-Claude Gakosso, faite samedi dernier. Reçu par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le ministre J-C Gakosso a remis au chef de l’État, a indiqué le communiqué de la présidence, « un message du président congolais » en sa qualité de président du Comité de haut niveau de l’Union Africaine (UA) sur la Libye, dans lequel, il invite le président Tebboune, indique la même source « à assister à la réunion que le Comité compte tenir le 25 janvier courant » sur la Libye. Mettre fin aux hostilités et aux ingérences étrangères en Libye, dynamiser le processus des négociations entre les parties loin des ingérences étrangères ont été au centre des échanges entre le président Tebboune et le ministre congolais, « ainsi que le rôle de l’UA dans la relance du processus de paix dans ce pays frère, loin de toute ingérence étrangère », précise la même source.
Prochain défi : Le dialogue politique inter-libyen
Malgré cet accord, il est à craindre de voir l’engagement des parties en conflit ne pas respecter le cessez-le-feu pour se lancer sur la voie d’un dialogue politique, Il est à craindre aussi que cet accord échoue, en l’absence d’une réelle volonté politique d’acteurs étrangers, soutenant telle ou telle partie libyenne, sur fond d’intérêts géopolitiques, au détriment de ceux du peuple libyen et de la stabilité de la région. C’est la raison pour laquelle Alger et l’Union africaine, ainsi que le Secrétaire général des Nations unies, ont insisté fortement sur l’impératif arrêt des interférences et des ingérences de pays étrangers sur la scène libyenne, à travers, notamment, des acteurs locaux.
À l’invitation du président congolais à l’adresse du président de la République, pour assister, le 25 janvier prochain, au conclave du comité de l’UA en charge du dossier libyen, le locataire d’El-Mouradia avait reçu un appel téléphonique, de la Chancelière allemande, Angela Merkel, pour assister à la Conférence de Berlin , prévue le mois courant. Alors que le conflit militaire entre acteurs libyens allait faire entrer le pays dans une phase, davantage critique et complexe, la primauté de la voie du dialogue politique à celle du langage des armes, ayant pris le dessus, par l’acceptation des deux parties du cessez-le-feu, davantage d’ efforts sont à consentir pour accompagner les Libyens dans leur dialogue politique.
Certes, la tâche est difficile, mais non impossible. D’autant plus que les séquelles de plus de neuf ans de conflits et de violences armées dans ce pays et la persistance des divergences entre acteurs libyens ayant plongé le pays et son peuple dans un conflit armé, entre deux camps rivaux, sont appelés à être traités et à être dépassés. Il s’agira d’éviter à tout acteur étranger de s’aventurer à faire avorter le dialogue comme par le passé. Si sur le plan international les acteurs rivaux se sont empressés, sur fond des risques d’éclatement d’une guerre entre eux sur le sol libyen, à appeler et à s’inscrire sur la voie de l’appel à un cessez-le-feu et promouvoir la solution politique, leurs intérêts géopolitiques et stratégiques demeurent divergents, lesquels risquent de voler en éclats, et leurs ententes du moment sur le cessez-le-feu. Ceci d’autant plus que le cours des évènements sur la scène internationale s’accélère, non sans drainer un impact sur les autres régions, dont le Nord-africain et le Sahel.
Karima Bennour
ELLE REGROUPE LES MAE FRANÇAIS, ITALIEN, ALLEMAND ET celui DE la GRANDE BRETAGNE : L’Otan en réunion demain à Bruxelles
Le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, a tenu un sommet avec la chancelière allemande, Angela Merkel, lors duquel la crise libyenne a occupé une large part des discussions. La visite de Angela Merkel intervient au moment où d’intenses pourparlers et mouvements diplomatiques sont connus à Moscou, Ankara et Alger, pour ne citer que ces capitales, pour un cessez-le-feu en Libye. D’ailleurs un accord est entré en vigueur, hier à minuit, et qui a été accepté par le Gouvernement d’union nationale de Fayez El-Serraj et le Maréchal Khalifa Haftar. À ce titre, Merkel a invité le locataire du Kremlin à participer à la Conférence de Berlin sur la Libye. La visite de la chancelière allemande à Moscou intervient aussi, à la veille de la rencontre sur la Libye, prévue demain (mardi), à Bruxelles, et qui devra regrouper les ministres des Affaires étrangères de quatre pays, membres de l’Otan, à savoir : l’Italie, l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne. Un mini-sommet qu’il conviendra d’organiser, le lendemain de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu en Libye, auquel ont appelé le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc, Reccep Tayyip Erdogan. Toutefois, ce dernier n’a pas été convié à la rencontre de l’Otan à Bruxelles.
K. B.
ALGER SALUE LE CESSEZ-LE-FEU : «Pour la reprise rapide du processus de dialogue»
L’Algérie a salué, hier, le cessez-le-feu en Libye, appelant toutes les composantes libyennes à son respect et à la reprise rapide du processus de dialogue national inclusif, indique hier le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. « L’Algérie salue le cessez-le-feu en Libye et appelle toutes les composantes libyennes et les différentes parties à son respect et à la reprise rapide du processus de dialogue national inclusif pour parvenir à une solution politique pacifique tenant compte de l’intérêt supérieur de la Libye et de son peuple frère », souligne le communiqué. L’Algérie rappelle, dans ce cadre, « sa position constante en faveur d’un règlement politique pacifique via un dialogue libo-libyen » et réitère son appel à toutes les parties à « faire prévaloir la sagesse et le dialogue pour sortir ce pays frère et voisin de la crise qu’il traverse et qui ne cesse de menacer la stabilité des pays voisins et de la région toute entière », ajoute la même source. Par ailleurs, l’Algérie réaffirme qu’elle «poursuivra ses efforts en faveur d’une solution politique pacifique garantissant l’unité et la souveraineté du peuple libyen dans le cadre de la paix et de la stabilité loin de toute ingérence étrangère, qui n’a fait qu’aggraver la situation et torpiller les efforts de règlement à travers le dialogue».
K. B.