Des centaines de personnes issues des communautés arabes, musulmanes et de la société civile canadienne se sont rassemblées dimanche au centre-ville de Calgary, dans la province d’Alberta, pour dénoncer les crimes commis par l’occupation israélienne contre la population de Ghaza depuis près de deux ans.
La manifestation a été organisée à l’appel de l’association « Voices of Muslims for Palestine » et de la fondation « Palestinian House », avec la participation de nombreuses familles issues des diasporas arabes et musulmanes, mais aussi de militants des droits humains et de sympathisants étrangers venus exprimer leur solidarité avec la cause palestinienne. Les rues du centre-ville ont été recouvertes de drapeaux palestiniens et de pancartes appelant à la fin de la guerre et du blocus : « Stoppez le génocide à Ghaza », « Liberté pour la Palestine », « Cessez de tuer et d’affamer les enfants », ou encore « Ouvrez les points de passage pour l’aide humanitaire ». Les participants ont scandé des slogans contre les destructions massives perpétrées par l’armée israélienne et contre le déplacement forcé de milliers d’habitants du nord de Ghaza.
Manifestation chargée de symboles
La manifestation a été marquée par de fortes images symboliques. Dans la cour de l’hôtel de ville, « Voices of Muslims for Palestine » a exposé les portraits de plusieurs martyrs de Ghaza, dont les journalistes de la chaîne Al Jazeera Anas Al-Sharif et Mohamed Qreiqa. Des linceuls blancs maculés de rouge ont également été disposés pour représenter les victimes anonymes de la guerre et illustrer l’ampleur de la tragédie humaine. Des prises de parole de représentants des communautés arabes, musulmanes et de militants étrangers ont insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et appelé la communauté internationale à prendre des mesures concrètes pour mettre un terme au carnage. La marche s’est ensuite déplacée pacifiquement à travers les rues principales de Calgary jusqu’à la proximité du consulat américain. Les participants y ont dénoncé la complicité occidentale dans la guerre et exigé du gouvernement canadien une position ferme contre l’occupation, notamment par la suspension de toute coopération militaire et politique avec Israël. Un important dispositif policier a encadré le rassemblement sans incident notable.
Pression sur Ottawa et appel à l’action
Les organisateurs ont précisé que la mobilisation visait à envoyer un message direct aux dirigeants réunis à l’Assemblée générale des Nations unies à New York. « Le maintien de la guerre et le refus de laisser entrer l’aide humanitaire constituent une violation flagrante du droit international », a déclaré Mazen Al-Jishi, coordinateur de l’association « Voices of Muslims for Palestine ». Il a exhorté le gouvernement canadien à passer des déclarations aux actes, en exerçant une véritable pression sur Israël pour mettre fin à la famine et aux massacres à Ghaza. « Le Canada a une responsabilité morale et juridique de protéger les civils », a-t-il ajouté, appelant également les Canadiens à se mobiliser en faveur des droits humains. Parmi les manifestants, le Palestinien Anas Janina, originaire de Ghaza, a témoigné de son désarroi face à la destruction de sa ville et aux souffrances quotidiennes de ses proches. « Chaque jour, je reçois des messages de ma famille : ils manquent de nourriture, les prix flambent, la mobilité est presque impossible… Ils sont épuisés et abandonnés », a-t-il raconté. Sa présence visait à interpeller Ottawa pour qu’elle agisse, en particulier en facilitant l’ouverture des passages humanitaires et en accélérant le regroupement familial des Palestiniens ayant demandé des visas temporaires. Cette manifestation intervient alors que le gouvernement canadien a officiellement reconnu ce mois-ci l’État de Palestine, affirmant vouloir contribuer à la construction d’un avenir pacifique pour les deux peuples. Une décision saluée par les organisateurs mais qui a suscité de vives critiques de la part de l’opposition conservatrice et des alliés pro-sioniste. La mobilisation de Calgary, en écho à d’autres manifestations organisées dans plusieurs villes du pays, illustre ainsi une pression citoyenne croissante sur Ottawa pour aligner ses engagements diplomatiques sur des mesures concrètes, à la hauteur de la gravité de la situation à Ghaza.
M. S.